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Billet de blog 20 octobre 2022

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" La Russie nouvelle s'embourgeoise de plus en plus. "

A propos du livre : " Le beau voyage " de Paul Roussenq - éditions de La Pigne

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Petit livre sympa des éditions de « La Pigne », dégotté à la librairie « Le Bal des ardents », à Lyon. Après une préface de Jean-Marc Delpech, auteur qui m’a conduit à lire plusieurs livres sur les bagnes de notre beau pays de France, le lecteur navigue entre faucilles – marteaux et drapeaux noirs.

Présentation de Paul Roussenq (extrait) dans le « Maitron des anarchistes » : « […] Après une altercation avec un officier, il fut condamné à vingt ans de travaux forcés. Il arriva au bagne de Guyane le 13 janvier 1909. Pendant ses années de bagne, il totalisa quelque dix ans de cachot pour son entêtement à refuser de se plier à la discipline et aux mauvais traitements. Malgré les interventions de personnalités et une campagne du Secours rouge international (SRI), il ne fut amnistié qu’en 1932. […] ».

Paul Roussenq, après ces longues années de bagne en Guyane, fait un voyage de quatre mois en URSS (d’août à novembre 1933), avec une délégation du Secours rouge international, qui a largement contribué à sa libération. Ce petit livre met en parallèle deux récits. L’un orthodoxe, adoubé par Marcel Cachin qui a écrit la préface, vante l’Union soviétique et montre un aspect très enjolivé de la vie dans ce pays. Version marteaux – faucilles, donc. Les communistes bons teints ont veillé à ce que ce récit, mainte fois biffé et rectifié par leurs soins, soit conforme à l’idée qu’ils se font de leur communisme. Ce « beau voyage » n’a qu’un but, mettre en valeur ce « paradis prolétarien ».

Le livre se poursuit ensuite par des récits parus dans « Terre libre », organe mensuel de l’Alliance libre des anarchistes de la région du Midi, au cours des années 1934 – 1935. Version drapeaux noirs donc. La dénonciation du pays des Soviets est alors sans complaisance. Un extrait de la conclusion résume l’opinion de Paul Roussenq, et d’autres intellectuels pas forcément étiquetés anarchistes, qui commencent à remettre en cause la doxa communiste officielle : « […] Les accointances diplomatiques, les ripailles officielles, les salamalecs obséquieux, remplacent la lutte contre le capitalisme international. La Russie nouvelle s’embourgeoise de plus en plus. […] Nous ne sommes pas, nous autres libertaires, contre le prolétariat soviétique, mais contre les mauvais bergers qui le dirigent «  (p. 118).

Ce petit livre salutaire nous permet de constater que dès les années 1935, le totalitarisme émergeait inéluctablement dans l’idéologie communiste officielle. L’année 2022 nous confirme, presque cent ans plus tard, que les peuples ne sont pas au bout de leurs peines. Je n’ose me lancer dans un inventaire à la Prévert. Mais combien de « beaux voyages » restent à écrire pour enfin voir clair. En Chine, en Corée du Nord, en Russie version Poutine (il ne se dit plus communiste, mais il reste avant tout un ancien du KGB)…

Plus d’autres « beaux voyages »  que j’oublie ! Les « mauvais bergers » prolifèrent sur le globe…

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