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Départ du bouquin assez tonitruant. Un retraité, une serveuse, une brasserie lyonnaise, un faux-filet mariné. Du pur Schwartzmann, à déguster bleu, saignant ou bien cuit. Au choix. Mais quand Z pointe son nez, le ton change. Pas Zorro, Zemmour… Quand Jacky Schwartzmann parle politique, il devient sérieux. C’est à la fois plutôt bien, car il parle, me semble-t-il, de notre côté, c’est-dire du côté d’une gauche de gauche, antifasciste, anticapitaliste. Mais c’est dommage car il perd sa verve, sa plume. On rit moins, ai-je trouvé. Mais il est vrai que la montée du fascisme, ça fait pas vraiment rigoler.
Nous sommes au sein de l’ultra-droite, entre Lyon et Besançon. Bonne pioche pour Lyon, qui est effectivement gangrénée par la fachosphère. Pour Besançon, il s’agit de racines persos, je pense. Comme je bascule moi aussi entre ces deux villes, je me laisse volontiers emporter.
Le déroulé est quand même, au bout du bout, m’a-t-il semblé, assez peu crédible, même si l’intention est bonne. On sent que certains à droite en France, en Europe (aux USA, avec l’assaut du Capitole par exemple) sont prêts à commettre de grosses conneries. Mais la crédibilité de l’infiltration (puis de l’infiltration de l’infiltration) est un peu légère. Les analyses politiques sont elles aussi un peu légères, caricaturales. Ce roman est dédié, au début, à tous les électeurs du parti socialiste Avec le coup de pied de l’âne : « Qu’ils reposent en paix. ». J’ajouterais volontiers : il est grand temps pour la gauche d’arrêter de fréquenter trop régulièrement les cafés du commerce, ou les bars des sports. Il est urgent de remonter le niveau. Certes, on part de Zemmour et Reconquête. Mais ce n'est pas une raison pour se contenter de si peu. Verre à moitié vide, verre à moitié plein. Reste à savoir où nous souhaitons arriver pour bien remplir le verre !
Quelques bons passages, des longueurs. La langue de Jacky Schwartzmann s’est perdue dans le sérieux de la situation politique que nous vivons depuis quelques mois. Dommage. Mais si ce roman permet à plein de lecteurs de comprendre qu’il y a urgence à se réveiller contre une droite et une extrême droite (bien aidée, soyons justes, par un centre mou qui croit qu’il fait de la politique), merci à Jacky.
Et j’attends ton prochain bouquin pour me marrer un peu plus qu’à la lecture de ce « Bastion », un peu trop sérieux à mon goût. Mais la situation, il est vrai, est de plus en plus sérieuse… Alors, sans rancune. La situation est grave, mais pas désespérée.
Cependant, les douches froides s'accumulent, et il serait grand temps de cesser de tendre l'autre joue..
Je ne suis pas de celles et ceux qui souhaitent "reposer en paix"...