
Souhaitons que ce qui a démarré le 24 février en Ukraine n’entraîne pas la même épidémie que celle de 1914 – 1918. C’est de cela que nous parle Serge Joncour dans son livre « Chien-Loup ». Et de mille autres faits de nos vies par ce bond de plus d’un siècle.
Il nous offre un va et vient entre les années 2014 / 2015, et l’année 2017. Dans un coin perdu du Lot, au sommet d’une colline, dans une zone sans téléphone portable, sans ondes. C’est ce que souhaite Lise, qui a loué avec son mari Franck pour trois semaines au mois d’août 2017. Cela donne à Serge Joncour l’occasion d’une belle réflexion très écologique sur l’environnement, les métiers de la communication (Franck est producteur de cinéma), sur l’urgence de sortir de l’urgence, me semble-t-il.
Et la guerre, dans tout ça ? C’est l’occasion pour le lecteur de se promener dans une campagne sans hommes, en 1914. Et sans chasseurs, le gibier foisonne. Les femmes ne chassent pas, elles ! Et de toute façon, elles ont tellement à faire. (« Les femmes portaient le monde. » – p. 330). Le génie de l’auteur est aussi de nous installer des lions et des tigres dans ces hautes collines reculées. Avec un magnifique dompteur qui sait rappeler aux femmes (à l’une d’entre elles, au moins) que le désir est toujours là, même en temps de guerre, même avec un mari mort au front.
Un roman qui vous happe, vous enveloppe. Il est trop foisonnant pour arriver à tout évoquer en quelques lignes. Un parallèle salutaire entre le monde de la guerre, de l’homme qui détruit tout (p. 436 – 1915), et le monde des géants du numérique, et ses méthodes de chacals (p. 443 – 2017).
Un sacré Chien-Loup, qui de plus tient le lecteur en haleine jusqu’au bout. Et finalement, ce fameux Chien-Loup, « on décidera de l’appeler Bambi ».
La délicatesse de Serge Joncour pour terminer ses 476 pages.
Le clin d’œil du docteur Philoenstock : Quand les hommes sont à la guerre, les femmes font tourner la baraque, les animaux de la forêt goûtent un monde sans chasse. Pour autant, faut-il continuer à faire la guerre ?