Je ne connaissais pas cet écrivain, qui vient de mourir. Prix Nobel de littérature, pourtant ! Du coup, j’ai trouvé à la Maison du livre de Villeurbanne, deux livres de lui. Celui sur Hiroshima m’a bien entendu tendu les bras. Kenzaburô Ôé a été un militant anti-nucléaire actif et engagé. Cela est venu de ses divers séjours à Hiroshima, à l’occasion des commémorations et manifestations contre ce malheur. Il était présent dans les années 63 / 65, pour les vingt ans de cet évènements. Ses descriptions sont parfois difficiles à lire, il nous parle de la vie des Hibakushas, les victimes du bombardement nucléaire, il nous décrit la lutte des médecins contre un mal qu’ils découvrent, les suicides, le projet illusoire de construire un monde sans guerre…
Il s’engage contre les essais nucléaires qui essaiment un peu partout dans le monde à cette époque. Il s’engagera de nouveau au moment de la catastrophe de Fukushima. Merci à lui de nous rappeler ces heures sombres des bombardements, à l’heure où, paraît-il, la relance du nucléaire est de plus en plus soutenue en France par l’opinion publique. Merci Macron et Jancovici, et bien d’autres, malheureusement. Si vous avez quelques heures pour vous aider à réfléchir sur ce sujet, n’hésitez pas à lire Kenzaburô Ôé. Vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas.
J’insiste en citant ces quelques lignes, p. 122 : « […] Hiroshima est comme une plaie béante, la plus à vif dont ait jamais souffert l’humanité entière. Là effleurent deux possibilités : l’espoir d’une guérison de l’humain, le risque de sa décomposition. Et si nous, les Japonais d’aujourd’hui, nous ne nous souvenons pas, les indices de guérison entrevus en ce seul endroit vont se dégrader définitivement. […] »
En France, les indices de guérison deviennent dangereusement minoritaires…