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Billet de blog 10 novembre 2023

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Les prémices d’une crise plurielle en Argentine

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les prix augmentent chaque jour, c’est de la pure folie… notre pouvoir d’achat baisse petit à petit, tout devient cher, c’est une réelle catastrophe…≫ habitante de la Province de Tucuman.

L'effondrement du peso ou le gouffre économique

Après presque 21 ans et la grande crise économique qui l’a frappée, l’Argentine peine toujours à relever la tête à la surface avec un taux d’inflation annuel atteignant aujourd’hui les 140%, et une dette publique dépassant les 400.000 millions de dollars. Le pays se retrouve face à une impasse et la dévaluation du peso participe chaque jour à l’effondrement de son économie. Le pouvoir d’achat avait nettement baissé après la période post-covid et la hausse mondiale du coût des matières premières. En cette fin d’année 2023, le constat est bien pire.

Il y a quelques semaines, la valeur du peso a dangereusement atteint les 1000 pesos au taux blue pour l’équivalent d’un dollar, contre près de 350ARS au taux officiel. La dévaluation de la monnaie encouragée par les autorités monétaires argentines, visant à protéger le peso accentue au contraire la tendance inflationniste. 

Les conséquences de l'inflation sur le quotidien des argentins

Le secteur de la consommation est gravement impacté par l'inflation, avec des produits comme la viande, presque devenu un luxe, les prix ayant augmenté de plus de 40% en trois mois. Dans la province de Tucuman, de longues files se ruent devant les supermarchés, les banques et les bureaux de change, ceux-ci parfois à cours de monnaie, tandis que les dollars rachetés au marché noir s’échangent contre des pesos dont on se débarrasse avec empressement…

À cette situation pour le moins inquiétante, s’est récemment ajouté un autre problème : le manque d’approvisionnement en carburants. Du à une augmentation des prix liée à la crise du peso, au retard d’importations et des coûts d’exploitation, plusieurs provinces du pays sont touchées, où les stations services sont à sec sans “nafta”.  De longues files de voitures et de motos longent les rues, et attendent pendant des heures. 

La crise économique au cœur des campagnes électorales

À l’aube des élections présidentielles, l’espoir des argentins se range ainsi du côté des deux candidats à la tête du premier tour. Le prochain mandat présidentiel représente la seule issue apparente pour stopper l’inflation, réduire la dette conséquente du pays et changer de politique monétaire ou plonger de plus belle vers le chaos social.

Mais entre Sergio Massa, actuel ministre de l’économie, portant le chapeau de cette économie malade et Javier Milei, prototype argentin de Trump, menaçant de façon provoquante la démocratie, le vote est vite radical. Le candidat populiste d’extrême droite tire en effet partie de l’échec des politiques économiques menées par le gouvernement jusqu’alors, en défendant la suppression de la banque centrale et la dollarisation du peso. 

Néanmoins, cette mesure économique au centre de la campagne du candidat populiste d’extrême droite, solution qui semble autant diviser que plaire, présente plusieurs aspects inquiétants sous le voile de l’idéalisation. La suppression de la banque centrale conduirait à un scénario d’insécurité financière et contribuerait à un endettement de taille, la dette de l’Argentine envers le FMI étant déjà conséquente, avec le remboursement que le changement de devise implique. Ainsi l’avenir reste incertain pour les argentins, qui luttent dans ce quotidien de crise économique, politique et sociale.

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