SNCM et CMN. Bastia 3 janvier 2014. Troisième jour de grêve soit 11 navires bloqués SNCM et CMN , à Marseille, Bastia, Ajaccio,Toulon. La Corsica Ferries a pris en charge le transport du fret, vital pour les entreprises insulaires. Le gouvernement peut-il sauver ces fleurons de la marine marchande ? Les grévistes en doutent, ils dénoncent le « dumping social, la libéralisation totale du transport maritime ainsi qu’un prochain décret du Ministère des Transports concernant les règles sociales appliquées aux travailleurs étrangers dans le secteur maritime ». Quant au syndicat STC non- gréviste : il préconise depuis des années, la création d’une compagnie régionale corse. La semaine dernière 8 élus communistes (Corse et Bouches-du-Rhône) appellaient à la création d’une compagnie publique associant les collectivités locales à la place de l’actionnaire Veolia Transdev. Parmi les signataires Dominique Bucchini, Pd de l'assemblée de Corse et Michel Stefani, conseiller territorial. Les 30 M d’€ dégagés par Jean-Marc Ayrault au nom de l’Etat actionnaire, ne constituent pas un plan de « sauvetage industriel » estiment les marins en grève à l’appel de la CGT, du SAMMM (Syndicat autonome des marins de la marine marchande), de la CFDT et de la CFE-CGC. Un mouvement très suivi, reconduit le 2 janvier. Soit 8 bateaux de la SNCM plus 3 navires de la CMM bloqués à quai à Marseille, Toulon, Bastia, Ajaccio. Rien de nouveau après les charbonnages, le textile, l’acier : le dumping social et la braderie du transport maritime public inspirent les politiques gouvernementales selon les syndicats. « C’est un combat majeur pour l'avenir de la compagnie. Il faut que le gouvernement apporte des réponses sinon il n'y aura pas de reprise du travail » déclare Frédéric Alpozzo de la CGT-MARINS. Et pour la CFE-CGC les déclarations du premier ministre « cachent l'abandon du plan tel qu'il a été voté par l'ensemble des actionnaires". Au coeur du conflit le modèle économique de la SNCM. La compagnie semi privatisée dont Veolia Transdev possède 66%, souffre de la rude concurrence de la Corsica Ferries. Laquelle est « accusée » de pratiquer des tarifs low cost et des salaires non alignés sur le droit du travail et la couverture sociale française. Conflit aggravé par la Commission Européenne qui réclame 440 M d’€ de subventions perçues par la SNCM. Une " infraction" à la réglementation européenne sur la délégation de service public des liaisons Corse-continent au titre de la continuité territoriale. Sur ce point Jean-Marc s’est exprimé. Dans un courrier au député des Bouches-du-Rhône Patrick Menucci , le premier ministre rappelle l'engagement indéniable et effectif de l'Etat, actionnaire de la compagnie : « Soulignant que certains annonçaient la mise en liquidation de la SNCM avant la fin de l'année, nous avons pu éviter le pire. Le gouvernement est déterminé à mettre en oeuvre une solution de continuité de l'entreprise, crédible et pragmatique, et à lui donner les chances de se redresser dans les mois qui viennent et de faire face aux contentieux communautaires. Cette solution passe, outre le déblocage de 30 millions d'euros, par la mise en place dans des délais désormais rapides des mesures de redressement prévues par le plan et le pacte social. Ces mesures, qui devront être adaptées en tenant compte des évènements intervenus ces derniers mois sont l'un des éléments clés du succès de cette stratégie ». Les objectifs ? « Le renouvellement progressif de l'appareil productif dont la livraison du navire prévu en 2016. Et le renforcement des démarches vis-à-vis des institutions communautaires pour remporter les contentieux en cours et assurer ainsi un venir stable à la société. » Selon Les Echos : « En coulisses se joue un bras de fer entre les actionnaires de Transdev - Veolia et Caisse des Dépôts et l'Etat (25 % du capital). Et entre les actionnaires de la SNCM et son management. ». La revendication ? La CGT dénonce « le décret en préparation au ministère des Transports concernant les règles sociales appliquées aux travailleurs étrangers dans le secteur maritime. Lequel préserve les intérêts des armateurs, contrairement aux engagement du ministre Frédéric Cuvillier qui organise la libéralisation du secteur et le dumping social au détriment des emplois. Un revirement important, une remise en cause du projet industriel bâti par le management, partagé avec les salariés et soumis dernièrement au vote des marins ». Pour certains observateurs, pour la direction de la Corsica Ferries : le low cost est un facteur économique de croissance qui élargit la taille d’un marché et crée de nouveaux clients. Reste à savoir ce que donne la libéralisation d’un marché sur le long terme ? Pour les salariés, les citoyens, la protection de l’éco système, la qualité du service....et le service public de la continuité territoriale ?
Sur 2600 salariés de la SNCM il y a 800 emplois directs ( marins et ports ) dans l'île , et autant d'emplois indirects. L'économie insulaire est menacée , tout comme la France continentale, par l'ultra-libéralisme qui détruit tous les secteurs économiques . Et puis que va faire la gouvernance , quand la haute finance va aussi privatiser la RATP la SNCF, Air France ? En regard de la géopolitique en Méditerranée la SNCM reste un important fleuron de la marine marchande française. Toutefois, selon certains observateurs un peu Cassandre " la seule manière pour les actionnaires majoritaires de se retirer de ce bourbier sans avoir à acquitter le remboursement des aides d’État illégales (440 millions d'€) est de passer à la case dépôt de bilan "... Le coup de gong de fin de match n'a pas encore retentit puisque la CGT - Marins a porté plainte contre la Corsica Ferries le 20 décembre dernier. En cause " les subventions versées par la collectivité territoriale de Corse à la compagnie concurrente Corsica Ferries et les malversations de Corsica Ferries avec l'argent de nos impôts et les conséquences sur nos emplois et notamment la SNCM dans une totale passivité et complicité de nos compagnies CMN et SNCM avec l'Etat et nos actionnaires successifs, Veolia et Transdev ». La plainte concerne précisement les « subventions perçues au titre de l'aide dite sociale au passager transportée pour un montant total avoisinant les 180 millions d'euros intérêts non compris »
LV