
François Hollande en Corse : les élus insulaires espèrent «un discours pour l’Histoire » et l’amnistie pour les prisonniers politiques. Ajaccio puis Monticellu en Balagne, et Patrimoniu dans le Cap Corse jeudi 2 mars. Visite de Francois Hollande Président de la République et ultime hommage à Michel Rocard à Monticellu. L'ancien premier ministre (1988 à 1991) décédé en 2016 avait été un fervent maitre d’oeuvre de la décentralisation et un sincère pourfendeur du colonialisme. Admirant le site dominant la Médieterranée, il avait dit à son épouse Sylvie Emmanuelli « c’est là, je viens avec toi ».

Mais avant l’hommage solennel de demain, les élus de Corse recevront le Président de la République à Ajaccio dans l’hémicycle. Gilles Simeoni Président de la Collectivité Territoriale de Corse espère « un discours pour l’histoire », et aussi en urgence, la solution de la question des prisonniers politiques corses. Il faut être insulaire et avoir subit le jacobinisme parisien pour comprendre que ces deux attentes sont étroitement et intrinsèquement liées. Comme les deux faces d’une même réalité vécue au quotidien dans l’île. Et comme toutes les initiatives qui pourraient enfin conduire la Corse vers un statut d’autonomie interne. Question décentralisation la Corse a toujours progressé en avant-garde.
A deux mois de la fin du quinquennat socialiste de François Hollande, quel est le bilan pour la Corse ?

Au terme d’une laborieuse et féconde maturation politique, la mandature de gauche présidée par Paul Giacobbi, puis la mandature nationaliste ( Corsica Libera et Femu a Corsica ) présidée par Gilles Siméoni ont positionné l’île sur les rails d’une Collectivité Unique née de la fusion avec les deux anciens départements Haute-Corse (2B) et Corse-du-Sud (2A). Définitivement entériné par le Parlement, ce nouvel outil de modernisation sera effectif en janvier 2018. C’est la plus grande réussite des gouvernements de J-.M. Ayrault et de M.Valls mais cette avancée ne parvient pas à masquer les refus opposés par l’Etat français à toutes les autres revendications de la Corse. Non à une révision constitutionnelle ( « l’inscription de la Corse dans la Constitution »), non à l’amnistie pour les prisonniers politiques corses, non à la coofficialité de la langue. A J-1, Gilles Simeoni a résumé les enjeux de la visite présidentielle de François Hollande sur le plateau du JT régional Corsica Sera : « Nous sommes nombreux à attendre, de la part du Président de la République un discours pour l’histoire. Nous avons des contacts suivis avec les ministres, leurs équipes, les cabinets ministériels, nous avons beaucoup travaillé pour la Corse. Il y a la nécessité de passer à un niveau supérieur, la mandature s’achève, le Président François Hollande est dégagé des contingences électorales, il ne sollicite pas un nouveau mandat. Il est celui qui, par son positionnement, y compris dans un contexte vous l’avez dit surréaliste de la vie politique française, est investit du poids politique et symbolique. De par sa fonction, la plus haute dans l’édifice institutionnel français, il est le mieux placé pour tracer des perspectives. » La paix publique se reconstruit en Corse. Quel sera le symbole de cette visite présidentielle ? « J’espère que le Président voudra se situer à la hauteur des enjeux. La Corse depuis 15 mois connaît une période importante, nouvelle, avec la paix publique qui se reconstruit, avec une logique d’apaisement et d’émancipation politique, économique, sociale et culturelle. Le moment est venu de la part de l’Etat et de ses plus hautes autorités de dire symboliquement et politiquement qu’il faut tourner une page, celle du conflit, et ouvrir une nouvelle page. Celle d’un rapport renouvelé qui fasse place à la reconnaissance de ce nous sommes collectivement c’est à dire un peuple. » La question cruciale des prisonniers politiques sera-t-elle abordée par le Président de la République ? Gilles Siméoni Président de la Collectivité territoriale de Corse : « la question des prisonniers est indissociable du rêglement politique et global de la question corse, mais les dossiers et problèmatiques ne sont pas séparables. La question des prisonniers est essentielle au plan humain et politique, le développement économique et social aussi, les perspectives institutionnelles et constitutionnelles également, la dimension symbolique aussi, à la hauteur ru des enjeux historiques. Il faut prendre du recul par rapport à l’écume des choses nous allons ouvrir une page nouvelle de l’histoire des relations entre la Corse et l’Etat. ».
Liliane Vittori
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