Avec Gilles Simeoni, nouveau maire autonomiste, quel est le message envoyé par les Bastiais à la « République indivisible » ? Est-elle le "copiage" d’un même système depuis Dunkerque, Quimper, Bayonne jusqu’à Bonifacio? Lequel respecterait « l’égalité des citoyens » ? Docteur en Sciences Politiques, Gilles Siméoni a étudié la croissance et ses moteurs dans la zone économique euro- méditerranéenne. Des vues partagées par Henri Malosse, Président à Bruxelles, du Conseil Economique et Social CESE. Et Paul Molac député du Morbihan Union Démocratique Bretonne. Quel est le message de cette déferlante des électeurs bastiais mobilisés avec 81% de participation, un record absolu pour ces Municipales ? Depuis le non au référendum régionaliste du Général de Gaulle en 68 : notre décentralisation est en panne. Pourtant l’Europe fédéraliste avance… C’est tout le sens de l’élection de Gilles Simeoni maire de Bastia. Car il est évident que les forces économiques des Régions, si vitales pour la prospérité globale et le vivre-ensemble, sont relancées dès lors qu’elles se libèrent des schémas, des carcans étatiques, des captations financières. Des flux et des influences si proches, comme une consanguînité, entre états-majors des banques, pouvoir politique, technocratie. Les Bonnets Rouges contre l’éco-taxe l’ont bien compris. L’EUROPE DES REGIONS. « Ouverture vers l’Europe, gouvernance moderne, préservation exemplaire de l’environnement » . A Bruxelles, pour Henri Malosse, Président du CESE Conseil Economique et Social Européen, l’élection de Gilles Simeoni signifie une « vision décomplexée de la société insulaire. La Corse dit-il, s’oriente enfin vers une solution pour sortir de 30 années de conflit, violence, marasme, dérive mafieuse. Cette alliance à Bastia signifie une vision décomplexée de la société sur un modèle européen. A savoir le respect de l’identité corse, une gouvernance moderne, une autonomie territoriale sur la culture, l’éducation, l’environnement. Une vision du développement aussi via une maitrise du foncier, de l’investissements en innovation, la préservation exemplaire de l environnement en Méditerannée. Et sortir enfin des visions jacobines et autoritaires du passé. » LA REPUBLIQUE DE QUIMPER à BONIFACIO ! Même conviction pour Paul Molac député du Morbihan (UDB) : « Gilles Simeoni à la mairie de Bastia ? Voici un vrai démocrate corse, capable de composer dans l'intérêt des populations et des citoyens. La République n'est pas le copiage d'un même système pour toutes les régions depuis Dunkerque , Quimper, Bayonne… jusqu'à Bonifacio ! C’est plutôt s'adapter aux situations locales, laisser les énergies et les talents se développer. Cela n’est vivable qu'avec une vrai régionalisation. Ce que tout le monde en Europe appelle le fédéralisme ! Les Bastiais ont signifié que, au - delà des qualités personnelles du nouveau maire, il y a pluralité de son équipe. Cette union prouve que les nationalistes, qui ont fait le choix de la non violence et de la démocratie, rassemblent sur un projet fédérateur. » Docteur en Sciences Politiques : GILLES SIMEONI s’est orienté très tôt vers une vision pionnière et européenne de l’île. Sa thèse soutenue à l’Université de Corse Pascal Paoli en 1996 étudie « Les incidences de l’élargissement de la CEE à l’Espagne au Portugal, sur les politiques publiques et les engagements communautaires en Méditerranée. » Facteurs déclenchants et structurants de la croissance ? Dispositifs d'aides au développement en Méditerranée ? « Dans son ensemble explique Gilles Siméoni cet élargissement joue comme un facteur déclenchant et structurant. Impulsant, accélérant deux orientations de l’approche communautaire : la révision de la coopération euro-méditerraneenne. Et l’espace méditerraneen occidental en laboratoire expérimental d'une véritable politique ici de l’Union Européenne ». LA COLLECTIVITE TERRORIALE DE CORSE en 2014. Rattachée à la France par le traité de Versailles de 1768, la Corse est ensuite administrée comme les autres régions. Après le statut particulier de 1982, modifié en 91 et 02, la Corse devient Collectivité Territoriale spécifique avec la « libre administration des collectivités avec les prérogatives de l'État. Suite à la forte mobilisation des élus insulaires ( depuis les années 70), et au Rapport de Pierre Chaubon de 2013 ( Compétences législatives réglementaires ) : la Ministre Marylise Lebranchu ( Réforme de l’Etat, Fonction publique, Décentralisation ) a installé en février 2014 le Comité stratégique de l’organisation territoriale. Pourquoi faire évoluer les institutions ? C’est l’objectif prioritaire des élus insulaires pour recréer de la croissance et de la sérénité. L’île ayant été malmenée, depuis deux siècles, par les décisions inadaptées vécues dans les faits et dans la réalité de leurs impacts, comme des diktats de la technocratie parisienne. Les avancées actuelles dont le « statut de résident », ou la « compétence fiscale » se heurtant néanmoins « au principe d’égalité des citoyens et à l’indivisibilité de la République ». Pourtant en Europe : la Sardaigne, la Sicile, les Baléares, les Canaries disposent déjà d’une autonomie de gestion. Le nationalisme insulaire est maintenant au pouvoir à Bastia. Modéré ou pas, clandestin ou institutionnalisé, ce mouvement a grandit suite à des constats parfois désastreux affectant la démographie, la sécurité, la spéculation foncière, l’environnement, l’agriculture en Corse. Sur le « statut de résident » véritable ovni planant sur « l’indivisibilité de la République »: le débat avance. Pour Paul Giacobbi député et Président du Conseil Exécutif « l’utilité d’un tel dispositif n’est plus à prouver et le statut de résident se matérialise déjà dans des actes de la vie courante, en Corse comme ailleurs » ( au micro de la radio insulaire Alta Frequenza.) . Il ajoutait sur France 3 Corse Via Stella : « On ne peut plus admettre, sinon à souhaiter la spéculation et toutes les dérives qui l'accompagnent, que la terre de Corse continue à être totalement libre d'acquisition ». Alors, malgré les doutes et blocages du Conseil Constitutionnel : « l’élargissement des compétences territoriales » est en cours avec un calendrier. C’est toujours la gauche qui a fait évoluer le statut de la Corse. Etape actuelle : le "rapport Chaubon" (Conseiller d’État) prévoit « d’accorder une place spécifique à la Corse dans la Constitution de la République » passage obligé pour surmonter les obstacles institutionnels. L’article 72 de la Constitution sur "les collectivités territoriales de la République" devra , éventuellement, être modifié.
Liliane Vittori