
Agrandissement : Illustration 1

« DE LA RESISTANCE A LA LIBERATION : L’EXEMPLE CORSE du 9 septembre au 4 octobre 1943. ». La Corse premier département français libéré le 4 octobre 1943.
( Photo : Liliane Vittori Commémoration de la LIBERATION DE LA CORSE à PORRI-DI-CASINCA en présence du Président de l'ANACR 2B Me Sixte Ugolini, du député Jean-Felix Acquaviva du Sénateur Paulu-Santu Pariggi et du maire François Rodolphi)
La « résistance » ? Un mot aujourd’hui galvaudé par ce qui subsiste des terroristes de Gaza et de leurs relais dans la politique européenne en période électorale. Alors que signifie le mot « Résistance » pour les historiens de la seconde guerre mondiale notamment pour ceux qui analysent la Libération de la Corse qui fût conçue, planifiée puis intégralement effective le 4 octobre 1943 à Bastia?
Il faut savoir que le 6 juin 1944, la Corse est déjà libérée suite à une insurrection populaire, décidée et organisée par le Front National réunissant Gaullistes et Communistes. Ils n’avaient pas la même vision politique de l’avenir mais ils ont réalisé in situ, le voeu de Jean Moulin d’une résistance unie contre le fascisme et le nazisme. Une Résistance inspirée par les valeurs républicaines de la démocratie et du respect des libertés individuelles et publiques.

Agrandissement : Illustration 2

En 2023 nous avons célébré le 80 ème anniversaire de la Libération de la Corse et l’ANACR 2B (Association Départementale des Anciens Résistants et Amis de la Résistance) a présenté ce samedi à Bastia les actes de son IX ème colloque mémoriel « DE LA RESISTANCE A LA LIBERATION : L’EXEMPLE CORSE ».
Que signifie « l’exemplarité » du processus de la Libération de la Corse (9 sept.- 4 oct. 1943), événement qui anticipe sur les prévisions des Alliés comme sur le projet politique du Général de Gaulle ? S’agit-il d’une « préface », d’un moment significatif et porteur d’espoir pour les réseaux, les maquis, les organisations de la Résistance continentale? La Corse alors est une exception dans le paysage politique français , les Résistants corses, Communistes et Gaullistes, ont réussi à organiser ensemble les combats libérateurs. Et l’île devenue brièvement stratégique pour Hitler en déroute, s’est libérée avec un an d’avance sur les plans des Alliés et grâce à une insurrection populaire.
Me Sixte Ugolini Président de l’ANACR 2B :« La stratégie du Front National pour que la Libération de l’île, reste l’affaire du peuple corse, est originale. La Corse ne fut pas seulement occupée mais aussi revendiquée comme terre irrédente par l’Italie fasciste. C’est alors que le député communiste Gabriel Peri écrivait en Une de l’Humanité: « Pas de Munich pour la Corse!. Les choses sont claires. les Corses ne veulent pas être des Italiens. La résistance corse, va utiliser tout au long de l'occupation italienne, la fibre identitaire, pour mobiliser la population inquiète, a juste titre par les prétentions pressantes de Mussolini."».

Agrandissement : Illustration 3

La Corse premier département français libéré, crée une surprise totale sur le continent et dans les Etats-majors alliés. Les combats d’un mois, du nord au sud de l’île contre deux divisions allemandes, ont réunis dans un même mouvement les troupes d’Afrique Bataillons des Goumiers Chocs et Tirailleurs plus les maquis corses plus les Italiens ralliés ici et là. L'impact sur la France occupée est immense en particulier dans les maquis dirigés par le Front National qui publie dans son numéro 1 le 4 octobre 1943 : " Sur le sol même de la patrie, un acte d'une haute portée politique vient d'être accompli. Les Corses ont prouvé que l'insurrection populaire, pouvait obtenir la Libération nationale"
Sylvain Gregori historien - chercheur Conservateur du Musée de Bastia évoque la période 9 septembre-4 octobre 43, comme « la naissance d’un symbole dans l’imaginaire Résistant »: « l’annonce d’une insurrection victorieuse de la Résistance en Corse, est rapidement diffusée par la propagande alliée. Son impact politique sur les organisations résistantes en France occupée est considérable. Partout des tracts clandestins citent l’action des résistants insulaire en modèle. ». Le numéro de "Front!" édité en Basse-Bretagne le 1er décembre 43 : « Inspirons-nous de l’exemple corse, la population entière de l’île, ( non organisée au préalable en apparence) s’est levée unanime à l’appel du Front National qui avait su tisser au-dessous de l’organisation officielle, un réseau invulnérable parce qu’immatériel, liant moralement toutes les couches de la population , à la texture parfaitement flexible, car elle se moulait sur leur texture sociale. »
L’ouvrage « Actes du IX ème Colloque » est alimenté par les communications d’universitaires et chercheurs en Histoire contemporaine.
- Jean-Dominique Beretti : « L’engagement pour libérer la France : l’exemple corse. »
- Dr Olivier Jacques : « De l’esprit de Résistance à la Résistance incarnée : l’exemple corse. »
- Dr Sylvain Gregori : « Insurrection du 9 septembre 43: histoire, mémoire et politique »
- HubertLenziani : «Une Corse nouvelle projet du Comité Départemental de la Libérationet des Etats généraux de la Renaissance française ».
« Forti seremu se saremu uniti ! » la devise de Pasquale Paoli Général de la Nation corse de 1755 à 1769, devint celle du Front National, et la fibre identitaire le moteur de la Résistance de tout un peuple. Il faut être conscient que les épisodes de l’histoire de la Corse sont injustement occultés par l’histoire de France et que le fait historique indéniable "la Corse Premier département libéré" , n'a été officialisé et inclut dans les manuels scolaires que très tardivement. De plus, lors de la période des Lumières, les philosophes français, européens et américains avaient salué les Révolutions de Corse et le généralat visionnaire Pasquale Paoli basé sur les valeurs démocratique dont le suffrage universel en Corse. Napoléon Bonaparte, paoliste dans sa jeunes comme toute sa famille, a ensuite traversé l'Europe en diffusant les valeurs primordiales et fondatrices de la démocratie moderne.
La spécificité historique de l’île ne se retrouve nulle part ailleurs, elle déploie la fibre identitaire en Corse dès 1938 accompagnée d'une fidélité à la France comme le spécifie le Serment de Bastia rédigé et prononcé par Jean-Baptiste Ferracci le 4 décembre 1938 : " Face au monde, de toute notre âme, sur nos gloires, sur nos tombes, sur nos berceaux, nous jurons de vivre et de mourir français!".

Agrandissement : Illustration 4

Alors sur cette île stratégique en Méditerranée se déploient les réseaux, les missions secrètes de la France Libre dans l’île occupée par 80 000 soldats italiens. Plus les parachutages (60 sites insulaires), les livraisons d’armes par le sous- marin Casabianca, les fusillades, les embuscades, les liaisons radio, les imprimeries clandestines, les grottes dans le maquis. Et aussi les trahisons, arrestations, exécutions par l’OVRA...Lors des combats libérateurs du 9 sept. au 4 oct. 43 : la Résistance (11000 patriotes portant brassards à tête de Maure) avec les Bataillons des Chocs et des Goumiers chassent les troupes allemandes. Après la bataille ultime de Bastia, la Libération de la Corse est une épopée, une surprise dans le paysage politique qui alimente en temps réel la réflexion politique de de Gaulle qui déclare le 8 octobre dans Ajaccio libéré : « il est prouvé que la Corse n'attendait l'occasion pour se lever combattre et vaincre. Voyant la chance tourner et l'envahisseur faiblir, les patriotes corses auraient pu attendre que la victoire des armées alliées reglât heureusement leur destin. Mais ils voulaient eux-mêmes être des vainqueurs. Ils jugeaient que que la libération ne serait pas digne de son propre nom si le sang de l'ennemi ne coulait pas de leur propres mains. Et s'il n'avaient point leur part dans la fuite de l'envahisseur. »

Me Sixte Ugolini : « La résistance corse a donc bien influencé la résistance nationale. Dans chaque ville de France, une insurrection populaire précède la libération et c’est grâce à l’adhésion populaire que le général de Gaulle a pu s’asseoir à la table des vainqueurs. Et l'expérience en fut faire en Corse pour la première fois.».