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MUSEE MARIANA à Lucciana Juillet 2022. Du partage scientifique consensuel dans la convivialité, l’amitié et le respect, in situ en Corse. Aux côtés des éminents historiens, conservateurs de musée, directeurs du patrimoine que sont Philippe Peretti, Philippe Perfettini, Sylvain Gregori, Stephane Orsini, Julia Tristani (Aléria), Pierre-Jean Campocasso: on a entendu Patrice Gueniffey (EHESS), Charles-Eloi Vial (BNF), David Chanteranne (Patrimoine Rueil Malmaison ), tous experts de Bonaparte et de l’Empire.
Bilan ? La longue histoire de la Corse ne serait-elle plus victime d’une regrettable et incontestable éclipse? Qui entre ombre et lumière, au fil de perpétuelles disparitions et réapparitions, a occulté la très longue histoire de l’île dans les médias français et européens? Dont l’Age du Bronze, l’Antiquité romaine et le paléochrétien. Ainsi que le positionnement essentiel de la Corse dans la guerre de course en Méditerranée? Les blessures des razzias barbaresques, toujours dans la mémoire collective, éclairent sur la démographie et l’habitat rural de l’île-montagne. Autre trésor culturel historique méconnu et revenu en force dans les priorités? L’immense patrimoine religieux baroque insulaire soit des centaines d’édifices, fresques et décors peints, tableaux Renaissance et statues…si longtemps sous estimés aujourd’hui restaurés, valorisés et dont Philippe Peretti a dressé un éblouissant panorama. Sans parler du rôle majeur de Pascal Paoli, dans le processus de l’extraordinaire éveil à la démocratie du jeune Bonaparte, capable ensuite, de faire surgir comme de nulle part (?) une doctrine politique finalisée et le socle de l’Etat français. Et sans occulter le combat « Contre l’oubli » des Résistants corses, afin que les manuels scolaires français mentionnent : « Corse premier département français libéré en 1943! ».

A qui doit-on ces échanges si positifs en faveur d’une histoire de la Corse vivante et réactualisée? Aux infatigables historiens insulaires et à leurs éditeurs, tout aussi tenaces et engagés! Publiant des centaines d’ouvrages, ils documentant à flux continu et sans relâche, l’histoire de l’île, sa destinée héroïque, au fil des archives corses, françaises, italiennes et européennes… jusqu’aux innombrables conférences, données ici à guichets fermés (il faut le voir pour le croire), dans les églises, musées, bibliothèque, auditoriums, vestiges historiques et visios. Ces publications de A.-M. Graziani, M. Vergé-Franceschi, M.-T. Avon-Soletti, J. Poggioli, J.-G. Talamoni, A. Franzoni, E. Guerardi, pulvérisent préjugés et stéréotypes.

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Françoise Ducret ( Directrice Livre et Lecture à la Collectivité ) et Patrice Gueniffey ont supervisé ces débats au Musée archéologique de Mariana, en présence des journalistes Renaud Dely (France Info et Arte) et Veronique Emmanuelli (Corse-Matin). On a parlé « mise en scène de l’histoire », « manipulations », « instrumentalisations » et « batailles d’historiens »…
Moment fort? La controverse autour du mystérieux tableau de Varese, peint en 1840. La conversation entre Paoli et Bonaparte, datée de 1790, est-elle située à la Consulta à St-François d'Orezza ou au Couvent de Morosaglia? Françoise Ducret : « comment se fabrique l’histoire ? La main du chef d’Etat Pascal Paoli sur l’épaule du jeune Napoléon serait-elle un passage de témoin? Et diverses peintures spectaculaires sont-elles des vérités ou des mensonges? Bonaparte au col du St Bernard sur un âne mais représenté sur un cheval ? Idem pour la bataille d’Arcole, Bonaparte était en réalité souffrant. Pour David Chanteranne, ni mensonge, ni propagande, c’est de l’art pictural au service du pouvoir politique. »
Intertitre---Un génial expert des manuscrits anciens devient en direct historien-voyageur. ——

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Pourquoi, malgré les dates et archives officielles figées à jamais, l’histoire est-elle ce tableau mouvant en perpétuelle transformation? Première visite en Corse pour Charles-Eloi Vial Conservateur des manuscrits de la BNF, spécialiste de l’Empire: « l’histoire s’écrit avec des archives, mais on découvre sans cesse de nouveaux éléments et on les interprête en continu. Même sur la jeunesse de Napoléon, interviennent de nouveaux détails ou données fondamentales. Ici, je découvre les paysages que l’Empereur a vu! L’art, le mobilier, l’architecture, c’est bien beau de lire mais l’historien doit aussi être un voyageur! Des recherches des universitaires corses passent sous le radar des historiens parisiens, qui pour certains, ne sortent jamais de leurs bureaux. Alors pour moi il y a une opportunité extraordinaire, l’accueil reçu, la beauté des paysages. Un pays sublime, un privilège de le visiter pas comme un simple touriste mais avec des passionnés de patrimoine. L’histoire de la Corse ce sont les Corses qui la connaissent le mieux. »
Philippe Peretti Adjoint au Patrimoine de Bastia confirme : « ces universitaires prestigieux connaissent la Corse intégrée à la grande histoire de l’Europe. Ici ils passent d’une approche livresque à une culture de l’expérience. Nous combattons les idées reçues, ces rencontre y contribuent, en faveur d’une Corse plus complexe, pas réduite à certains grands moments et personnages célèbres. Notre île, c’est le temps long des cités construites au fil des siècles, les transferts de population ou les lieux de pouvoir régalien de la République de Gènes.»

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Historien de l’Antiquité, du paléochrétien, du médiéval : Stephane Orsini a montré aux historiens parisiens, les vestiges de Mariana ville romaine:

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« la Corse a mis du temps! Des précurseurs ont été conscients de notre riche patrimoine archéologique, cet interêt est désormais partagé et ça va plus loin! Il y a une demande en explications, en animations, en visites guidées. Une prise de conscience tardive mais réelle, au-delà des initiés passionnés par le sujet. Un réel engouement, un besoin des populations de se réapproprier leurs patrimoines y compris dans une démarche économique de tourisme durable. »
Liliane Vittori