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Une démocratie insulaire exemplaire, une nouvelle gouvernance de Corse dotée d'une majorité absolue : ce 2 janvier 2018, les 63 conseillers installent l’Assemblée et le Conseil Exécutif de Corse. Figure aussi dans le nouveau dispositif de la Collectivité Territoriale Unique : la Chambre des Territoires qui sera inaugurée à Bastia en avril prochain. Un pays à construire, traduction « u paese da fa », et de nouveau dans l'hémicycle d'Ajaccio , un serment solennel du Conseil Exécutif sur un texte historique, ce soir sur la Constitution de Pascal Paoli du 18 novembre 1755. La nouvelle gouvernance de Corse, autonomiste et nationaliste, a été en décembre 17, reconduite par la grâce d'une déferlante électorale. Elle fait déjà, et fera office dans les prochaines années de laboratoire politique pour les Régions françaises. Elle est, ici en Corse, fortement anti jacobine et largement axée sur une vraie décentralisation. Un objectif qui reste pour les élus de Corse, le socle prioritaire d’une relance économique, environnementale, culturelle locale. Fondée sur l’histoire de la Corse, la nouvelle mandature de la Collectivité Territoriale Unique pilotera un immense chantier. Incluant la gestion au quotidien mais aussi des projets majeurs qui interpellent les autres Régions, dont « un nouveau modele de société », la coofficialité linguistique, la revendication pour une compétence fiscale locale étendue, un « statut non spéculatif de résident » et une ouverture forte vers la Méditerranée via des coopérations avec les Etats et les îles voisines. La revendication majeure et essentielle selon le contrat actuel de mandature Pe a Corsica ?
Un statut d’autonomie interne. Déjà dotée du très récent nouveau statut d’île-montagne et d’un Comité de Massif, la Collectivité Unique disposera comme la précédante de la clause de compétence générale et d’un budget de 1300 millions d’euros assorti d’une dette de 600 millions d’euros.
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Ce 2 janvier la nouvelle Collectivité Territoriale Unique de Corse qui compte 63 élus et élues, est installée à Ajaccio avec l’élection sans surprise de ses deux figures majeures Gilles Simeoni Président du Conseil Exécutif et Jean-Guy Talamoni Président de l’Assemblée de Corse.
Dès vendredi 5 janvier, les deux présidents rencontrent la ministre Jacqueline Gourault en charge des négociations entre, comme l'a déclaré ce matin Gilles Siméoni « la Corse et la République ». Atout maître pour la nouvelle gouvernance nationaliste et autonomiste : une majorité absolue de 41 conseillers sur 63 et des arguments politiques, forgés lors une longue marche, d’abord dans l’opposition puis ensuite aux commandes de la Corse depuis 2015.
Projet national, justice sociale : pour un modèle corse
« Aussi étroit soit le chemin,
Nombreux les châtiments infâmes,
Je suis le maître de mon destin,
Je suis le capitaine de mon âme. » (Invictus)
Citant le poète britannique Henley, saluant P. Mendès-France et M. Rocard, J.-G.Talamoni
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président de l’Assemblée a prononcé un discours d’investiture envoutant, précisant aussi « notre lutte n’est pas une démarche anti française ». Il a dédié son élection à « tous les militants nationaux de tous les partis et formations. Je veux la dédier à tous ceux du Front de Libération Nationale de la Corse, armée invaincue, née il y a quarante ans pour défendre le peuple corse à une époque où la démocratie n’existait pas sur cette terre. Quarante années : une si longue route, mais comme elle a été difficile cette route ! Mais un chemin que jamais nous ne renierons. De ce chemin, nous en avons fait une route large et resplendissante. »
Il a ajouté : « Chacun d’entre nous représente une part du peuple corse et nous devons toujours être à la hauteur de nos fonctions. La fermeté du discours dans le débat est une chose normale en démocratie, mais le respect est une valeur cardinale et est dû à chacun. Elus de la majorité ou de l’opposition, nous sommes tous Corses et nous appartenons à un petit peuple. En dehors de la politique, nous sommes souvent amis et parfois même parents. Et puis, surtout, nous sommes liés par une mission au service du bien public et de l’intérêt supérieur de la Corse. »
Projet national et projet social, l’autre conviction chère a J.-G. Talamoni reste la réalisation d’un modèle social corse : « Aux jeunes, incertains quant à leur avenir, je veux dire que nous travaillons depuis deux ans pour leur assurer, pour reprendre les mots du Pape François : le travail, le toit, la maîtrise de la terre. Aux anciens, je veux dire que nous avons besoin qu’ils restent partie prenante de la construction du pays afin de garantir la transmission de nos valeurs. »
Chers collègues, Mesdames et Messieurs, Cari cumpatriotti…
Suite de la journée protocolaire à l’Assemblée de Corse,
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Gilles Simeoni a été re élu Président du Conseil Exécutif. Emotion sincère, éloquence, compassion authentique plus ferme volonté de rassemblement au delà de sa famille politique et vers toute la population de Corse : Gilles Simeoni, consensuel et clairvoyant, laisse à chacun, où qu’il soit, la latitude pour agir et s’engager. Notant « cette extraordinaire accélération de l’histoire sur laquelle nous interrogeons nous-mêmes », G. Simeoni a rappelé la courbe ascendante des victoires électorales successives de Pe a Corsica depuis 2014, avec comme étape majeure, la démilitarisation du FLNC en 2014, puis ensuite l’élection surprise de trois députés nationalistes au Palais Bourbon, le quatrième candidat autonomiste à la députation, ayant frôlé la victoire de 13 voix seulement ! Regardant résolument vers le futur et vers les citoyens « de toutes générations et de toutes opinions », et ceux qui ne sont pas forcement d’accord avec le programme nationaliste, Gilles Siméoni a rappelé : « la mission qui nous attend est la plus exaltante qui soit : faire vivre une institution nouvelle, conforter le service public, construire une administration moderne et efficace qui va faire entrer la Corse dans le XXIème siècle. »
Il poursuit : « Oui, dit-il cela fut un long, un très long chemin, pour en arriver à ces instants magiques, à la fois points d’arrivée d’un demi-siècle de lutte, et points de départ d’une nouvelle période de l’histoire de la Corse. (…). On ne peut prendre l’exacte mesure de ce que nous vivons aujourd’hui, en ce mardi 2 janvier 2018, sans se retourner un instant sur une double temporalité:
- Celle du temps long, qui explique à quelle matrice historique puise l’enracinement et la victoire de notre démarche ;
- Et celle d’un temps plus court, caractérisé par une séquence politique et électorale qui a conduit à un basculement rapide et d’une ampleur imprévisible en faveur de la dynamique et des idées portées par le mouvement nationaliste. »
Dégagisme? Non plutôt force motrice du changement…
Le Président Gilles Simeoni propose un décryptage politique pour, in fine, s’adresser en direct au président de la République Emmanuel Macron. « Le temps long, car notre combat vient de loin, et ne saurait se résumer à une déclinaison insulaire du « dégagisme » à l’oeuvre en France ou d’autres pays européens. Notre combat vient de loin, il puise ses racines dans cette première Révolution de Corse initiée au détour du XVIIIème siècle. Une Révolution citée en exemple par l’Europe des Lumières, menée par un petit peuple façonné par une histoire tourmentée, amoureux de la liberté . Pasquale Paoli disait déjà : « la réaction contre l’arbitraire est une seconde nature chez les Corses », et capable de rédiger une Constitution dont s’inspireront les Révolutionnaires Américains et Français. ». G. Simeoni note : « notre combat vient de loin parce qu’il s’inscrit dans le fil historique de cinquante années de luttes contemporaines du peuple corse pour la reconnaissance de ses droits : droit à la langue et à la culture, droit à la mémoire, droit à la terre, droit à la justice, droit à la dignité, droit, tout simplement, à la vie. Il faut avoir à l’esprit le poids et la force de cette histoire, pour mesurer la foi et la détermination qui nous habitent, et pour comprendre que rien, jamais, ne nous fera renoncer à notre idéal et à ce que nous sommes. »
La question corse fondamentalement politique et la Révision de la Constitution….
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Les experts en Droit Constitutionnel français ne manquent pas en Corse... Pierre Chaubon Conseiller d’Etat et Président de la Communauté de Communes du Cap Corse a travaille pendant des décenies sur le projet d’Inscription de la Corse…dans la Constitution de la Véme République Française. Et c’est une évidence, plus que tout autre équipe gouvernementale, les élu.es de Corse pratiquent le « en même temps », car ils disposent de compétences et de responsabilités tres étendues, tout en appliquant tous les jours la pensée constructive. Soit un travail de titan depuis 2016, et sur 18 mois seulement… Ainsi s’accumulent les réalisations et les projets qui révèlent un bilan globalement tres positif : la refondation du modèle maritime des transports, la perspective d’avenir des territoires de montagne, l’auto-suffisance énergétique, le plan de lutte contre la précarité, les Arrêtés Miot prorogés, le projet de statut fiscal et social et la revendication (très documentée et argumentée) pour « statut d’autonomie de plein droit et de plein exercice au plan institutionnel. »
« Jamais ajoute le Pd Simeoni, il ne s’est trouvé une situation aussi favorable au règlement durable et négocié d’un conflit politique qui dure depuis un demi-siècle. Nous sommes des interlocuteurs raisonnables, pondérés, dont la légitimité démocratique et politique est forte et incontestable. Nous avons eu l’occasion de le dire souvent, y compris aux plus hautes autorités de l’Etat : la question corse n’est pas seulement économique et sociale, même si le développement économique et la justice sociale sont des priorités. Elle n’est pas non plus uniquement institutionnelle, même si les institutions sont les fers de lance de l’action publique. Elle est une question fondamentalement politique, qui touche à l’existence d’un peuple, et à la reconnaissance juridique, politique, et symbolique de cette donnée centrale. Nous nous souhaitons, au plan institutionnel, co-construire avec l’ensemble des forces vives insulaires et l’Etat un statut d’autonomie de plein droit et de plein exercice, incluant l’exercice d’un pouvoir législatif. Cela impliquera sans doute de modifier la Constitution, mais ne l’a-t-elle pas été à dix reprises depuis 2000 ? Et une nouvelle révision n’est-elle pas envisagée dans les mois à venir ? »
« Emmanuel Macron s’est fixé comme objectifs de mettre en oeuvre un pacte girondin, de modifier profondément les paradigmes de l’action publique, de modifier le visage et les structures de la France et de l’Europe. Il peut être aujourd’hui, s’il en a la volonté, l’homme d’Etat, qui ouvrira la voie à une solution politique négociée permettant de tourner définitivement la page du conflit, et de construire entre la Corse et la République française une relation nouvelle et apaisée. Nous y sommes pour notre part disposés. Avemu un paese à fà ! E l’emu da fà, ind’è a gioia è l’allegria, per e generazione d’eri, per quelle d’oghje, è per quelle chi so à vene ! Evviva u Populu corsu ! Evviva a demucrazia ! »
LV
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