« J’ai été exclu ! Nous avons été, avec Emmanuelle de Gentili, extrêmement maltraités » : le cri du coeur de François Tatti a soulevé un tonnerre d’applaudissements dans le théâtre de Bastia lors du débat RCFM/ Corse-Matin (25-02) . François Tatti, qui exprime enfin publiquement son amertume et son espérance, conduit avec Emmanuelle de Gentili une liste DVG qualifiée de « dissidente ». A moins qu’elle ne soit parfaitement légitime face à Jean Zuccarelli ( fils du maire sortant) « héritier parachuté » ? François Tatti fut pendant 2 décennies le « dauphin », le « fils spirituel » de Emile Zuccarelli avant d’être exclu du PRG … pour avoir osé proposer en septembre, une primaire à gauche. Ce débat crucial de fin de campagne fut tendu mais courtois. Gilles Simeoni (Inseme per Bastia) observant la controverse d’un regard amusé. Il est donné gagnant pour la mairie de Bastia , dans deux récents sondages (IPSOS et SOFRES) , et ce, dans tous les cas de figures : duel, triangulaire, quadrangulaire. Election très disputée à Bastia et suspense abyssal. Pourquoi François Tatti estime avoir été maltraité ? Qui sera le prochain maire ?
Sont en lice : Gilles Simeoni ( Inseme per Bastia) , Jean Zuccarelli (PRG-PCF), François Tatti (PS-DVG-EELV) , Jean-Louis Milani (UMP) , Eric Simoni ( Corsica Libera), Jean Louis Bacarelli (Alliance Ecologiste) et Sylvain Fanti (DivDroite) . Pour décrypter : revenons quelques mois en arrière. Malgré son palmarès éblouissant de grands travaux publics à Bastia, François Tatti est exclu en novembre du Parti Radical de Gauche de Haute-Corse. A la surprise générale. Partout dans Bastia la question est posée : la classe politique s’applique-t-elle à elle-même les lois humaines de la solidarité, du respect, de la reconnaissance, de la civilité ? Rien n’est moins certain : cette exclusion de François Tatti en serait la désolante démonstration. A Bastia, elle a plongé les électeurs de gauche dans le désarroi, le doute, l’affliction. Sans parler des conséquences politiques à gauche. François Tatti exerça comme Adjoint au maire de Bastia Chargé des Travaux … avant que sa délégation ne lui soit supprimée. Il est actuellement Conseiller territorial et Président du Syvadec. Lui , comme sa co-listière Emmanuelle de Gentili, sont des personnalités majeures dans le paysage politique insulaire. Mais il eut l’audace à l’automne … de proposer une primaire à gauche ! Un acte de lèse - dynastie. François Tatti, qui a la mémoire longue, déclare alors être la victime « d’une guerre de succession familiale ». En effet, une telle exclusion est rarissime au PRG et c’est du jamais vu en Haute-Corse. Il s’expliquait ainsi au micro de Nicole Mari du site pureplayer Corse Net Infos : « cette décision discrédite un parti qui n’a jamais exclu personne en Corse ! Dont les précédents candidats dissidents, par exemple aux territoriales Paul Giacobbi député et Président du Conseil Exécutif de Corse qui a été élu. Ainsi que François Vendasi sénateur maire de Furiani, qui s’était présenté contre Emile Zuccarelli. Le simulacre d’union de la gauche annoncée est bâti sur une répartition des postes. On ne parle pas de projet, ni de valeur, et ce dans le dos de la population. Nous sommes loin de la démocratie. » Emile Zuccarelli ( ancien ministre ancien député) soutient la liste de son fils Jean Zuccarelli (Nouvelle Force pour Bastia ) avec l’aval du PCF et du PRG. « On se sert ici ajoute François Tatti d’un appareil politique pour imposer une décision de succession familiale. Cela n’est pas pour cela que je fais de la politique. Je dis à mes concitoyens, ne laissez personne décider à votre place ! Surtout pas les appareils politiques qui se partagent le pouvoir dans votre ville, intervenez dans le débat, l’avenir vous appartient. » Quant au PS de Corse ? Il est dirigé par Emmanuelle de Gentili , co listière de François Tatti, membre du Conseil national du PS, Conseillère municipale, Adjointe déléguée à l’urbanisme et au logement, Conseillère Exécutive et Présidente de l’Office Hydraulique. Réunissant autour de sa co candidature la majorité des militants socialistes de Haute-Corse, elle remet les pendules à l’heure ( toujours au micro de Corse Net Infos) : « A la fédération PS de Haute-Corse, ceux, qui ont rallié Jean Zuccarelli, représentent une dizaine de militants en carte. Je suis ultra-majoritaire dans la démarche que j’ai initiée, que ce soit au niveau de la fédération, des sections de Bastia Nord et de Bastia Sud et des élus socialistes qui me soutiennent. ». Oublie-t-on un peu vite que François Tatti (qui débuta sa carrière comme Directeur général des services de la mairie de Penta-di-Casinca ) est celui qui initia et pilota, de main de maître, l’ensemble des grands projets urbains de Bastia ? Diplômé (DESS Administration des Collectivités Locales-Université de Corse et Licence de Droit Public) : il préside avec succès depuis 2007 le Syvadec et il siège à l’Assemblée de Corse (Gauche républicaine). Au service de Bastia, il fut directeur de la SEM-Bastia Aménagement jusqu'en 1998, puis Directeur Général Adjoint de la Mairie de Bastia. Doté de fortes qualités politiques d’écoute, de patience, de conviction: il s’est d’abord attaqué dans les années 80 , à Bastia, avec intelligence et persévérance, aux dérives des copropriétés dégradées du centre ville. Peu à peu, il réussit à convaincre et faire accepter des procédures de réhabilitations pour des immeubles et des quartiers entiers. Un exploit. La Sem-Bastia s’est illustrée sous sa direction, par de nombreuses réalisations : les opérations ZAC du Fango, ZAC d'activités économiques d'Erbajolo, ZAC du Parc technologique, locaux modulaires, superstructures (Maison du Parc technologique), voieries, espaces verts, réhabilitation de la Cité Aurore. François Tatti a organisé des dizaines de réunions de quartiers tous azimuts dans Bastia. La Ville d’Art et d’Histoire lui doit des réalisations d’envergures et de prestige : la requalification de la rue César Campinchi, les parcs de stationnement Gare, Citadelle, rue Paratojo, la Zac de Recipello, les dalles de la Citadelle et la Place du Donjon devant le Palais des Gouverneurs, la place Vincetti. Des réalisations qui ont transfiguré Bastia. Avant que sa Délégation aux travaux lui soit retirée, François Tatti avait longuement développé divers projets dont la requalification du vieux port et surtout une innovation « la voie douce et verte cyclable et piétonne en front de mer ». Ce projet porte « sur la transformation des modes de vie, pour un meilleur vivre ensemble dans la cité . Cette voie verte est l'épine dorsale d'un nouveau réseau de déplacement en mode doux, irriguée par plusieurs voies cyclables qui alimenteront l'ensemble des quartiers depuis le Centre Ville et le Fango, jusqu'à Montesoro en passant par Lupino et le Vieux-Port ou la Citadelle. » . Jeudi dernier, via Twitter, François Tatti a demandé à Jean Zuccarelli de se retirer de la course à la mairie de Bastia. Estimant que le rejet de la candidature de Jean Zuccarelli est «profond et irréversible.Faire gagner Bastia, c’est ne pas la laisser tomber entre les mains des nationalistes d’Inseme per Bastia ou d’une éventuelle coalition qu'ils mèneraient. ». Le scénario semble se dérouler comme François Tatti l’avait prédit, mais sans être entendu, à temps, par sa famille politique. Il a rappelé son analyse prémonitoire sur la scène du Théâtre de Bastia : « quand en septembre, j’ai reçu la délégation du PRG qui étudiait mon exclusion, je leur ai indiqué qu’ils étaient en train de faire une erreur majeure parce qu’en essayant d’installer un héritier parachuté, ils allaient faire monter les Nationalistes. Ils allaient, ensuite, nous reprocher d’être dans une situation complexe. » .
Liliane Vittori.