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Billet de blog 2 mai 2015

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Un préfet de Corse déterminé à combattre la bactérie Xylella.

Contre le risque de propagation de la bactérie Xylella en Corse : des mesures exceptionnelles, constructives et courageuses, sont lancées par Christophe Mirmand Préfet de Région. Au-delà des préconisations européennes, le Préfet n’a pas hésité. Il a tenu compte des alertes des élus de Corse et des agriculteurs des filières oléicole, viticole, arboricole, castanéïcole.

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Une barrière phytosanitaire pour protéger l'écosystème et l'agriculture corse ?  Allant au-delà des préconisations européennes, le Préfet de Corse a entendu les alertes successives des élus de Corse et des agriculteurs des filières oléicole, viticole, arboricole, castanéicole. Après concertation avec le CROSPAV (autorité sanitaire et végétale) : des interdictions strictes entrent en vigueur dès le 11 mai. Toutefois, la question lancinante des moyens et des personnels affectés à ces contrôles phytosanitaires massifs restent posée pour les militants du Collectif anti-Xylella. Dans une île qui est un sanctuaire fragile de biodiversité à préserver absolument. 

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En effet seulement 6 fonctionnaires seraient affectés aux contrôles phytosanitaires et vétérinaires pour toute la Corse ! Si on déduit, les congés , les arrêts de travail , le repos hebdomadaire : comment 6 fonctionnaires peuvent-ils contrôler réellement les entrées de végétaux à Ajaccio et Bastia. Deux ports dédiés et désormais seuls habilités à laisser passer (ou pas ) des végétaux, quand on sait que l'infection à la Xylella est invisible, sauf analyses biologiques longues et fastidieuses (sans jeu de mot). Sans oublier Bonifacio, porte d’entrée avérée de la fièvre catarrhale et de la peste porcine africaine... Sans oublier les ports à fort trafic estival de Calvi, Ile-Rousse, Propriano, Porto-Vecchio ? Et ce, dans une ile qui reçoit 3 millions de touristes (et autant de véhicules privés et professionnels) chaque été. Cela dit et c’est indéniable, un début de barrière phytosanitaire se met en place, accompagné d’obligations d’informations précises en direction des voyageurs aériens et maritimes. Comme si enfin, balayant les tergiversations et les demi-mesures, on assitait à une tentative d’application nette et grandeur nature du principe de précaution. Une première due aux intenses mobilisations et interpellations (depuis septembre ) des élus du Culletivu et de l’eurodéputé José Bové. Le texte préfectoral du 30 avril : « A l’issue du comité régional d’orientation de la politique sanitaire animale et végétale du 7 avril dernier, les responsables professionnels des filières végétales et les responsables institutionnels ont été formellement consultés sur une série de mesures à mettre en place pour prévenir l’introduction de la bactérie Xylella fastidiosa en Corse. Leurs propositions ont fait l’objet d’un débat et confirment la nécessité de réévaluer les mesures nécessaires pour prévenir ce risque sanitaire en Corse. Le Préfet de région a décidé de prendre les mesures suivantes :

- interdiction de l’introduction de végétaux en Corse, 

- possibilité de dérogation pour les professionnels, sur demande instruite par les services de l’Etat (DDCSPP) 

- introduction limitée aux seuls ports d’Ajaccio et de Bastia.

Ces mesures s’appliquent de manière uniforme sur tout le territoire de la Corse. Elles entreront en vigueur le 11 mai 2015 afin que les opérateurs puissent en prendre connaissance et prennent les dispositions nécessaires. Ces mesures conservatoires s’inscrivent dans un contexte communautaire révisé à la demande de la France. En effet, les États membres ont accepté le 28 avril de rehausser le niveau des mesures européennes de prévention contre l’introduction et la dissémination de cette bactérie. Par ailleurs, une demande de reconnaissance de la Corse en tant que zone protégée sera introduite par le Ministre de l’Agriculture Stéphane LE FOLL, sur proposition du Préfet de Région, afin que la Corse puisse bénéficier d’exigences spécifiques supplémentaires que devront remplir les végétaux introduits en Corse. » 

Illustration 4

Saveriu Luciani élu territorial et éminent animateur du Culletivu anti-xylella s’inquiète des moyens « dérisoires » des services de l’Etat : « après des mois d’une mobilisation insulaire qui s’est amplifiée ces derniers jours, notre Culletivu reçoit une réponse presque significative de la part de l’Etat.  La venue de José Bové, son intervention au Parlement Européen ont contribue à faire bouger l’Etat. Mais on s’interroge sur les moyens humains qui restent dérisoires jusqu’à présent. Comment peut-on matériellement  faire des contrôles fiables sur deux ports sans moyens humains ?  Il semblerait que la Corse n’ait que 5 ou 6 fonctionnaires affectés à ces futurs contrôles dit de premier cercle avant même les contrôles douaniers. Demeure aussi le cas de Bonifacio, de la cellule de crise que nous réclamons avec insistance et de la gestion d’une zone de quarantaine. » Le Port de Bonifacio bloqué le 1er mai par les agriculteurs corses (Jeunes agriculteurs Corse-du-Sud et FDSEA 2A) . Traumatisés mais pas vaincus par la fièvre catarrhale ( venue de Sardaigne), qui s’ajoute à la menace Xylella et à la peste porcine africaine: les agriculteurs insulaires ont manifesté à Bonifacio le 1er mai.

Illustration 5

Ils dénoncent « l’inertie des pouvoirs publics en matière de contrôle des marchandises végétales et animales en provenance de Sardaigne. » Au micro de Corse-Matin Paul-Toussaint Gaffory, président de la FDSEA : « Nous dénonçons par cette action de sensibilisation l'inertie la plus totale des services publics en matière de contrôle des intrants sur le territoire corse, à l'heure où nul ne l'ignore, le risque sanitaire, pour les animaux comme pour les humains, est particulièrement élevé dans notre région » Objectifs de ces professionnels en colère : le renforcement de la traçabilité et des contrôles aux portes d'entrée du territoire insulaire. La Corse , véritable sanctuaire de la biodiversité, reste une passoire et le constat de Paul-Paul-Toussaint Gaffory est effrayant. Il précise dans Corse-Matin: « il nous a été signalé des faits extrêmement graves, pouvant mettre en péril, la santé de tout un chacun. Du fromage impropre à la consommation en Sardaigne, est vendu à prix cassé sur les étals corses, faisant concurrence à nos éleveurs, qui eux, inscrits dans des signes de qualité, consentent à faire des sacrifices importants, en termes de traçabilité et de certification du produit. Ces produits arrivent de manière mélangée (fromage et charcuterie), dans des véhicules non adaptés, sans déclaration ou contrôle sanitaire préalable ». Les agriculteurs insulaires, respectant les rêglementations françaises et européennes, sont concurrencées par des producteurs sardes en infraction.

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LV

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