
Le fil rouge de Bastia-Corsica 2028 pourrait, c’est un risque, s’éparpiller en mille potentialités additionnées. Pourtant de reelles lignes de force se dégagent, on l'a constaté lors de la réunion de Pieve (8 juin 22 - Nebbiu) titrée « Être(s) vivant(s)” : patrimoine naturel, environnement et création artistique ». Comment la Corse va-t-elle bâtir son projet, face à des concurrentes sérieuses, elles-aussi régionalisées dont Clermont-Ferrand Massif Central, Rouen-Normandie, Bourges-Val de Loire, Montpellier-Sète, Nice, Amiens, Reims.
Dans le Nebbiu, un brain storming décapant réunissant des artistes en immersion dans un territoire qui sera l’expression, l’inspiration des propositions corses imaginés pour 2028. Selon l’appel à projet « les villes candidates sont censées promouvoir leur dynamisme culturel, leur patrimoine par l’organisation d’expositions, de festivals, d’évènements, assortis d’une dimension européenne se traduisant par la participation d’opérateurs culturels de différents pays. »
A Pieve pas de carcan, ni inertie, ni pêché d’orgueil : place à la revitalisation ultra locale à dimension européenne! Moment fort de la concertation? Yolaine Lacolonge, référente Collectivité de Corse dit la nécessité de ne pas censurer les failles et faiblesses d’un territoire en progrès: « la candidature a évolué depuis l’impulsion de Melina Mercouri, aujourd’hui cela signifie accompagner un développement, se regarder honnêtement avec un oeil critique. Et s’en servir comme d’un terreau de création. Pour que l’art accompagne l’environnement, il y a une prise de conscience à opérer, des mentalités à faire évoluer .»

A Pieve sont intervenus des galéristes, peintres, sculpteurs, militants associatifs des arts du cirque, du cinéma, de l’art contemporain, animateurs de résidences d’artistes… tous immergés dans leurs micro-régions. Rare et magnétique: on a entendu les idées jaillir librement, en direct, en public, sans filet, lors d’un débat sincère, constructif et sans langue de bois. Méthode ultra productive à reproduire lors des réunions programmées à Olmi-Capelle, Santa Reparata-di-Balagna, Porto-Vecchio, Bonifacio et Bastia.Environnement, plurilinguisme, patrimoine historique : la candidature Bastia-Corsica 2028 se vit comme un formidable accélérateur d’espoirs pour les créatifs, l’Université, les maires, les intercommunalités, les élus de la Collectivité et tous les participants.
Thèmatiques Bastia-Corsica 2028 explorées à Pieve? L’insularité, l’environnement, la nature, les enjeux climatiques, l’écologie, secteurs où l’île a toujours avancé en avant-garde. Le territoire insulaire restant le corps et l’âme de ce work in progress. Fabien Danesi directeur du FRAC Corsica: « des projets culturels innovants ont essaimé, intimement liés au territoire. Ici on fonctionne par micro-région, certaines créations sont apparues naturellement. Des opérateurs culturels ont témoigné de leur ressenti personnel au fil des jours, dans l’espace induit par la topographie. Cela implique des règles, des comportements. On ne peut pas aller contre le territoire mais toujours en priorité, réaliser et construire en osmose avec les sites. Cela suppose une intelligence de cet environnement unique qui est le nôtre, cela s’inscrit à l’intérieur de Bastia-Corsica 2028. »
Un ancrage ultra local mais européen dans l’air du temps? Comment ces réunions délocalisées ou relocalisées se conjuguent-elles avec le contenu finalisé de la candidature? Murielle Peretti Chef de projet Bastia-Corsica 2028: « des orientations se dessinent, la priorité de la Commission Européenne c’est son pacte vert sur la relance du rural. Il faut supprimer les frontières entre l’urbain et les villages, que ça devienne évident, nous avons ici en Corse un patrimoine incroyable! Ainsi à Chisa il y a une salle polyvalente, une scène de théâtre en plein air, des gîtes ruraux, une réelle volonté de relance. »
Cette réunion de Pieve, signe d’une délocalisation ou d’une délocalisation ? M. Peretti : « ni l’un ni l’autre, on y pensé de manière absolument naturelle. On a invités les volontaires et associations ayant signé le manifeste B-C Capitale 2028. Sur le thème patrimoine naturel et création artistique, Fabien Danesi proposera une feuille de route au Commissaire général, avec des projets réalisable en 2028. »
Le dossier corse sera transmis le 1er décembre. Le jury dévoilera les pré sélectionnées (France et Tchéquie) début 2023. Les lauréates déposeront alors un 2 ème dossier décisif, avant désignation fin 2023 des entités Capitale Européenne de la Culture-2028. Sont actuellement labélisées 2022 : Kaunas (Lituanie), Esch-sur-Alzette (Luxembourg), Novi Sad (Serbie). Les précédantes françaises: Paris (1989), Avignon (2000), Lille (2004), Marseille (2013).
Clermont-Ferrand Massif Central dispose dit-on « d’un dossier structuré titré Altitudes 2028 ». Reims, ville Patrimoine mondial de l’Unesco « associe Charleville et Troyes ». Rouen-Normandie réunit sa Région. Bourges Centre-Val de Loire « met en avant son patrimoine historique, sa cathédrale classée, son Printemps de Bourges ». Le dossier de Saint-Denis (93) s’appuie sur son « patrimoine industriel, immatériel, multiculturel ».
Le retour sur investissement pour Bastia-Corsica 2028 ? Un immense bond en avant en terme d’image et de communication. Et outre l’environnement, la valorisation vers toute l’Europe, d’un patrimoine historique et monumental prodigieux et unique mais méconnu, incluant des centaines d’églises baroques richement dotées en oeuvres d’art, fresques, tableaux , peintures et statues.
LV