Désobéissance civile de masse, « ramparts humains », fauchage d’OGM, « chahuts », boycott, conscientisations en silence, " Communication nonviolente" et Grands-Mères de la Place de Mai : ces résistances nonviolentes seront décryptées à Borgo lors de la 3e Université de la Nonviolence ( AFC-UMANI 11-12/07).
Si la Corse a connu des mobilisations n’a pas encore vécu de véritable « actions nonviolentes ». Au sens ou l’entendent les militants et théoriciens du combat politique nonviolent.
A Borgo, François Vaillant, acteur et philosophe de la « désobéissance civile » va préparer, mener (et débriefer le lendemain) , une mobilisation nonviolente en centre-ville à Bastia : « depuis que les Corses s’intéressent à la nonviolence dit-il, l’île va changer d’ère! ». En effet, importée ( ou revitalisée ) en Corse par Jean-François Bernardini (I MUVRINI) , via sa fondation AFC-UMANI, de nombreuses opérations dédiées à la « nv », se sont déroulées dans toute l'île, depuis 2010. Un phénomène de société s'est déclenché, suite aux parcours - expo, sensibilisations, conférences, stages pour futurs formateurs ou grand-public. Et le FLNC a annoncé se "démilitarisation". A Bastia, de quoi sera faîte cette action nonviolente « originale et créative »? Mystère. Il suffira de participer à l’atelier ad-hoc à Borgo le vendredi 11 juillet à 12h30. Ne pas confondre inertie … et nonviolence !
François Vaillant Directeur de la revue Alternatives Nonviolentes en explique les fondamentaux.
En effet si le combat politique nonviolent n’est pas une science exacte ( quoique ! ) de nombreux critères le caractérisent. Dont le principal est « qu’il s’organise , qu’il n’est pas spontané, qu’il ne s’improvise pas ! ». Redoutable l’action politique nonviolente ? La « nv » rassure l’opinion publique, réunit, développe son argumentation, s’impose durablement et symboliquement. Elle reste populaire alors que la violence focalise sur ses propres exactions occultant la réalité des injustices et des oppressions. François Vaillant précise : « rien d’improvisé, tout est assumé et public. La désobéissance civile se déroule sous forme d’étapes préméditées, déployées graduellement dans le temps, selon les objectifs visés. Cette montée en puissance, particularise la nonviolence en politique, depuis les opérations de conscientisation jusqu’aux rapports de force avec les autorités ». Les outils, les méthodes ? Aux classiques tracts, aux chaînes humaines, aux sit-in ( contre le nucléaire par exemple) s’ajoutent fauchage de cultures OGM, le « théâtre-tract », les manifestations en silence (les Grands-mères de la Place de mai en Argentine contre la dictature), le boycott ( destinations touristiques, transports publics, produits provenants de pays pratiquant l’occupation, la discrimination, la ségrégation). Les « murs humains du Pays Basque ( Sud et Nord) et la chute dans les sondages de N. Sarkozy, suite au chahut monstre organisé à Bayonne ( Election 2012).
La plus récente et remarquable opération nonviolente en Europe fut le « rampart humain » de Ondarroa (Espagne) . Le 15 mai 2013, pendant 4 nuits et 5 jours, des centaines de personnes forment « un mur humain » pour protéger la militante Urtza Alkorta (sous mandat d’arrêt). Engagé dans des "alternatives sociales écologiques de construction nationale basque", Txetx Etcheverry ( Mouvement Bizi ! et Fondation Manu Robles-Arangiz) écrit : « Hommes et femmes, jeunes et vieux, ont passé la nuit dehors, sur un pont, sous la pluie. Ils entourent la militante basque dans un climat d’émotion et de tension. A 6h du matin la sirène retentit, appelant à la rescousse les habitants, 30 fourgons de police ont débarqué. Les officiers demandent aux journalistes de s’identifier, de s’éloigner du “mur humain”. Une fois le tri effectué, commence le démontage du rempart vivant, qui occupe tout un pont, au milieu duquel se trouve Urtza, . Les tweets se multiplient, appelant les gens à venir renforcer le mur, diffusant des photos des agissements policiers. On suit en direct, minute après minute, la résistance nonviolente et déterminée. Ce rempart humain, est formidablement organisé, avec une discipline collective sans ambiguïté. Celui qui insulte, provoque ou menace la police n’est pas des nôtres et il devra être expulsé du mur humain! Toute personne agressive sera considéré comme un policier infiltré et expulsé. La police met trois heures avant d’arrêter Urtza Celle-ci déclare aujourd’hui, c’est nous qui avons gagné ». La nonviolence a-t-elle remporté la bataille de l’opinion publique ? Txetx Etcheverry : « Ce rempart humain, est le troisième en Pays Basque. Le premier expérimenté à Bayonne avait réussi à empêcher l’arrestation d’Aurore Martin. Le second à Donostia a protégé des jeunes condamnés de Segi. Il n’a pas empêché leur arrestation mais a permis une médiatisation sans précédent de leur cas, vrai scandale démocratique. Quelle barricade a empêché ne serait-ce qu’une seule arrestation ? Par contre, le mur humain a placé au centre du débat politique le scandale des arrestations, malgré le processus de paix. Il transforme radicalement les rôles. La légitimité et la sympathie changent de camp. Une évidence marque la résistance civile de ce mur populaire, la fierté retrouvée ». A ceci s’ajoute le chahut organisé à Bayonne lors de la promenade électorale de Nicolas Sarkozy. Accueilli aux cris de « Sarko dégage ! » : il chute dans les sondages le soir-même, et perdra la Présidentielle. Le débat global sur a nonviolence en politique est délicat. L’histoire des causes justes, est rythmée par des séquences de guerre, d’émeutes, d’intifada, entrecoupées de négociations ou de simulacres. Est-il facile et évident de choisir la nonviolence ? On en parle à Borgo. Un événement majeur sur deux jours ( AFC-UMANI) S’exprimeront les principaux théoriciens et acteurs de la nonviolence avec y compris une « conférence interactive » (Thomas d’Ansembourg ) dédiée au miraculeux cursus de la « communication nonviolente » outil parfaitement adapté aux situations de la vie familiale, professionnelle, scolaire .
Liliane Vittori
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