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Billet de blog 3 septembre 2014

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Le non-dit du conflit ukrainien? Le Partenariat Oriental européen, isole la Russie, détruit la coopération

Un nouveau rideau de fer en Europe ? Ou plus grave, un conflit de grande envergure ? La guerre civile en Ukraine déclenche déjà la panique dans les Pays Baltes qui craignent les ambitions geopolitiques de leur voisin russe. Tres imprudente, l'Europe avec son Partenariat Oriental commercial, a isolé la Russie... sans se préoccuper des impacts politiques.

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Un nouveau rideau de fer en Europe ? Ou plus grave, un conflit de grande envergure ? La guerre civile en Ukraine déclenche déjà la panique dans les Pays Baltes qui craignent les ambitions geopolitiques de leur voisin russe. Tres imprudente, l'Europe avec son Partenariat Oriental commercial, a isolé la Russie... sans se préoccuper des impacts politiques. En Europe de l’Est on ne parle plus de coopération internationale pacifique mais de boycotts, de livraisons annulées ( le navire Mistral), d'embargos etc.... Qui est responsable : la Russie ou l’Europe ? Les non-dits de cette escalade ? Entretien avec Henri Malosse, Président du Conseil Economique et Social Européen (CESE).  L'Union Européenne est-elle un danger pour elle-même, pour les 28 pays de l'Union Européenne ? Le cessez-le-feu » annoncé ce jour par le Président Ukrainien Petro Porochenko a été aussitôt démenti par Vladimir Poutine, qui réplique avec son propre plan de sortie du conflit via une partition de l’Ukraine. Les pays occidentaux menaçent la Russie de nouvelles sanctions économiques alors que 4 navires de l’Otan se positionnent en Mer Noire. Un nouveau conflit au coeur de l’Europe ? 

Henri Malosse, Président du Conseil Economique et Social Européen (CESE), représente au plus haut niveau, la société civile. Il ne cesse de prôner la paix. L’Europe est-elle un navire sans pilote ? Et l'Occident souffle-t-il sur les braises, malgré ses soi-disants efforts ostentatoires en faveur de la paix, largement répercutés sans aucune nuance, par les médias occidentaux? Lors de sommets internationaux, voyages officiels, échanges avec les élus et la société civile dans les 28 pays de l'UE : le Président Malosse a vivement alerté, les gouvernements occidentaux et les autorités européennes, qui dit-il, ont tous « joué avec le feu ». Et finalement conforté « la Russie, ses cercles nationalistes et son opinion, dans ses réflexes autoritaires et xénophobes ». Voilà le bilan consternant d’une Union Européenne, qui déclarait-il cet été, se comporte « comme un bateau ivre, ingouverné et ingouvernable ». Le symptôme de ce diagnostic sans concession ? Il est visible sur nos écrans de télévision. Et ce, du fait des initiatives d’une Union Européenne, très financiarisée mais peu démocratique, qui a lancé un Partenariat Oriental, concocté dans les structures non élues de la l’UE, et qui isole politiquement la Russie.  Brillant résultat ? Une guerre civile en Ukraine. En effet, après 2.600 morts et plus 500 000 Ukrainiens déplacés, après les interventions russes en Crimée : de nombreuses milices extrémistes se reforment et pas seulement en Ukraine mais aussi en Lituanie ( 3 millions d’hab., entrée comme la Lettonie en 2004 dans l’UE). Notre confrère Les Echos précise : « En Lituanie, les adhésions à une organisation paramilitaire, fait revivre la tradition des « tireurs » des années 40. Sans attendre les décisions du sommet de l’Alliance au Pays de Galles, des milliers de volontaires se mobilisent au sein d’une organisation non-gouvernementale. Etudiants, hommes d’affaires, fonctionnaires, journalistes ont rejoint les Sauliai (fondée en 1919, interdite en 1940 par les Soviétiques). Soit 7.000 membres, autant que l’armée lituanienne (7.000 soldats, 4.200 réservistes). » ( LES ECHOS du 3 septembre 2014).  Et dans Foreign Affairs , John J. Mearsheimer affirme que ce « les élucubrations libérales qui ont provoqué Poutine. Les Etats-Unis et leurs alliés européens partagent l’essentiel de la responsabilité. Le nœud du problème est l’élargissement de l’OTAN, l’élément central d’une stratégie plus large de sortir l’Ukraine de l’orbite russe et de l’intégrer à l’Ouest.» ( FOREIGN AFFAIRS 3 sept. 2014). Pourquoi cet engrenange fatal menace-t-il les relations internationales et directement l'Europe ? « Ces faits témoignent de la volonté des autorités des Etats-Unis et de l’Otan de poursuivre leur politique de détérioration des relations avec la Russie » réplique Mikhaïl Popov, secrétaire-adjoint du Conseil de sécurité russe. Citant les printemps arabes, le conflit en Syrie, la situation en Ukraine il a annoncé un «ajustement d'ici à la fin de l'année de la doctrine militaire russe pour prendre en compte l'apparition de nouvelles menaces »  Le Président Henri Malosse, militant de la paix et de la régulation nonviolente des conflits, se trouvait à Kiev fin 2013 quand les Ukrainiens ont chassé le Pd Ianoukovitch : « J’étais Place Maiden, j’ai prononcé un discours en ukrainien, je parle aussi russe et polonais. La mairie de Kiev occupée était transformée en soupe populaire, servie par des personnalités, des médecins, des professeurs d’université venus soutenir les jeunes. Juste un mois avant, le 29 novembre, j’ai aussi pris la parole lors du dramatique Sommet européen de Vilnius sur le Partenariat Oriental. 


Là se trouvait le Pd de l’époque Ianoukovitch, et aussi Angela Merkel, David Cameron, François Hollande qui m’a remercié et félicité. En tant que Président du Conseil Economique et Social, j’ai mis en garde tous les dirigeants présents ce jour-là, sur l’action européenne qu’on devait impulser vis-à-vis de l’Ukraine. A savoir unifier ce pays et non pas le diviser. Mais hélas ce pays est divisé aujourd’hui précisément par la perspective européenne. Alors que les jeunes leaders de Kiev refusaient la corruption de Ianoukovitch baptisé Mr 70% et de ses oligarques mettant leur pays en coupe rêglée. »
L'action européenne fut-elle dirigée contre la Russie ? Un paradoxe pointe Henri Malosse « l’Europe était prête à signer le Partenariat Oriental avec  le pro russe et corrompu Ianoukovitch, comme avec le dictateur sordide d’Azerbadjian. Ou sont les valeurs européennes, en priorité la sauvegarde la démocratie chez ses partenaires ?»   Les pays d’Europe de l’Est se retrouvent-ils à la dérive, 40 ans après l’éclatement de l’Empire soviétique et la chute du mur de Berlin ?  Et alors que les bénéfices des hydrocarbures enrichissent la Russie et fragilisent l’Europe ? Il y a escalade de la haine, d’un nouveau sentiment anti-russe qui n’existait pas, un cercle infernal : « comme si, dans les think tank et cabinets ministériels, on avait testé,  sur le papier,  un rattachement plus fort de l'Ukraine à l’Europe s’indigne H. Malosse. Résultat ? Une guerre civile entre ukrainiens ! Les tensions traversant les familles toutes mélangées, entre pro russes et pro européens sont exacerbées. Les élus ukrainiens diffusent un discours anti russe et les séparatistes subissent la propagande de la télévision russe. Il y avait statu-quo l’Ukraine se rapprochait de l’Europe en gardant des relations fortes avec la Russie.».  Les non-dits sur ce conflit entre Russie et Occident ? « L’UE a été très imprudente et même pas sous pression américaine ajoute H Malosse. Pour des raisons purement commerciales ce qui arrive est gravissime et révélateur de l’Europe telle qu’elle fonctionne en réalité. Certains ont voulu précipiter le rapprochement Ukraine-UE alors que tous savaient que Ianoukovitch était ultra corrompu. Mais Bruxelles voulait signer sans poser de question sur la nature de ce pouvoir! La rue seule à Kiev a déposé Ianoukovitch, lequel à Vilnius a tenté le marchandage que heureusement Angela Merkel a stoppé net. »  Le Partenariat Oriental ( Ukraine, Moldavie, Arménie, Georgie, Azrbadjian ...), exclut de fait la Russie, qui s’est sentie lésée et qui riposte avec une union douanière concurrente. L’Union Européenne, technocratique et bancaire, contrairement à ses principes fondateurs, ne se préoccupe pas des conséquences politiques de ses initiatives financiaires et commerciales. Les banquiers sont là pour faire de l’argent, pas pour l’amitié entre les peuples. « L’Europe n’intervient plus du tout sur ses valeurs démocratiques, son rôle est de favoriser la cohésion entre les pays et non pas mettre la zizanie. Pour les Russes c’est alarmant de perdre l’Ukraine comme vassal, pays considéré comme une annexe. Un piège où Vladimir Poutine, devenu dangereux, est tombé. Il ne faut pas oublier que lors de son premier mandat Vladimir Poutine avait frappé à la porte de Bruxelles, multipliant les visites. Il aurait dit en boutade. Que dites-vous si la Russie demande son adhésion à l’Europe ? Lui-même et son entourage étaient intéressés par la construction européenne et une filiale du Collège de Bruges a formé les  jeunes élites diplomatiques russes." se souvient le Pd Malosse. 

La coopération entre l’Europe et la Russie est loin, l’heure est à la haine, à la xénophobie, à l’ignorance pour faire parler les armes, d’où qu’elles viennent, et quelque soit les pays qui les fabriquent et les vendent. En Ukraine la mobilisation de soldats continue ainsi que les manifestations anti-guerre.

LVittori

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