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Score « écrasant », « impressionnant », « résultat historique » : les journalistes insulaires et les correspondants venus du continent français et européen déploient les mots appropriés pour qualifier le résultat du premier tour des Territoriales soit environ 45% pour Pe A Corsica (liste d’union entre Corsica Libera nationaliste et Femu a Corsica autonomiste). Score en hausse de 6 points par rapport à 2015, auquel s’ajoutent les 7% obtenus par les indépendantistes de Rinnovu (liste Core in Front).
Gilles Siméoni, le formidable rassembleur charismatique est acclamé lors de son arrivée à la mairie de Bastia dont il fut maire en 2014 avant de prendre les commandes du Conseil Exécutif de Corse en décembre 2015. Depuis 2014 véritable point de bascule politique : la Corse connait une percée ascendante du vote autonomiste, nationaliste et indépendantiste, avec les victoires de la Mairie de Bastia, les Territoriales de 2015, les Législatives de mars 2017 et maintenant les Territoriales de 2017 qui précèdent l’installation de la Collectivité Territoriale Unique qui prend effet en janvier 2018.
Gilles Siméoni actuel président sortant du Conseil Exécutif de Corse : « nous remercions ceux qui nous ont fait confiance avec leur suffrages, nous avons le sens aigu des responsabilités qui sont les nôtres, je l’ai dit ce soir plus que jamais nous devons être au service et à l’écoute de tous les Corses, de ceux qui nous font confiance et de tous les autres pour la Corse ».
Sous réserve d’une confirmation au second tour, il est incontestable que les dynamiques de l’émancipation, d’un processus politique, d’un changement de paradigme économique semblent relancés pour sortir l’île du sous-équipement, et d’un déficit d’infrastructure qui restent préoccupants. Gilles Siméoni ajoute au micro de A.-M. Leccia de France 3 Corse : « ce soir, c’est à la fois il y a un processus historique, la société corse qui va vers l’émancipation, des propositions qui vont dans le sens de l’histoire et ce pourquoi nous combattons depuis des décennies, il y a ce qui s’est passé en 2015, et il y a notre travail extrêmement sérieux accompli au service de l’interêt général depuis deux ans. Ce soir c’est la confiance renouvelée des Corses, vers lesquels nous nous adressons avec beaucoup d’humilité comme nous nous adressons aussi à Paris pour dire que le moment est venu de commencer des négociations. »
La Corse reste à l’évidence un pays à reconstruire, les solutions précédentes ayant lamentablement échouées. Il est évident qu’un nouveau statut d'autonomie interne sera revendiqué et proposé à la négociation dès la victoire de la liste Pe A Corsica le 10 décembre. Cela signifie notamment un nouveau statut fiscal afin de - pour faire simple- créer de nouvelles recettes fiscales, adossées au tourisme qui est l'une des ressources de l’île avec l'agro-alimentaire et bientôt le numérique. Il faut savoir que Paris a souvent joué de son droit de veto de puissance dominante à l’encontre de la Corse. Ainsi depuis le statut de 2002 qui incluait une certaine latitude pour la Corse de légiférer, on décompte près de 40 propositions bien conçues et sérieuse qui ont été proposées à Paris. Aucune n'a été acceptée, la gouvernance France ayant toujours opposé son véto sans aucune explication valable…Mais la semaine dernière et c'est le signe d'un processus politique qui avance: la taxe sur les campings cars (proposée par les députés autonomistes de Corse) sera examinée mardi prochain à l’Assemblée Nationale grâce au travail immense accomplit par Michel Castellani, Jean-Felix Acquaviva, Paul-André Colombani.
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La perspective d’une autonomie de la Corse inquiète toujours les élus continentaux de droite comme de gauche, ainsi que certains indécrottables éditorialistes de la presse parisienne. Pourquoi cette revendication d’autonomie génère-t-elle tant de déni, tant de haine? Pourquoi pose-t-elle tant de questions réputées insolubles et qui heurtent de front préjugés et poncifs sur la Corse ? Comme si un Paris ultra jacobin souhaitait maintenir l’île en état de sous-équipement, sans jamais penser ou si peu, au quotidien des habitants de l'île. De même et concernant aussi le rural, le Cantal ou le Finistère, les jacobins de Paris ne savent pas du tout ce que signifie le développement local social et solidaire.
L’excellent bilan de la mandature de Gilles Simeoni ? On peut évoquer le traitement efficace et apaisé du transport maritime et de la continuité territoriale entre Corse et continent français. Plus les coopérations en Méditerranée ( mais c'est si loin de Paris ! ) concernant le secteur des transports publics et privés, aérien et maritime, avec Baléares, Malte, Catalogne, Italie notamment le projet européen Isularia et le Comité stratégique et politique Corse-Sardaigne.
Essentiel aussi le statut d'île-montagne inscrit dans la loi française et le réveil du Comité Massif (qui était en sommeil!). Il s’agit des dotations affectées au rural, aux villages et aux territoires de l'intérieur de l'île, comme celles qui vont vers le Jura, les Alpes ou les Pyrénées. En Corse, les majorités au pouvoir droite et gauche n'avaient jamais activé ce Comité massif. On peut citer aussi la confirmation d’un Padduc quasiment altermondialiste. Ce programme cartographié zone par zone selon les espaces constructibles, remarquables, agricoles naturels etc est censé privilégier une économie de production et la souveraineté alimentaire et non une économie de bétonnage et de "résidences secondaires ». On peut citer un autre succès les Arrêtés Miot prorogés pour les successions.
LV