Humour ou racisme anti corse ? Après son dérapage injurieux sur l’assassinat d’un haut fonctionnaire départemental : Laurent Ruquier sera-t-il sanctionné suite au courrier de Joseph Castelli Président du Conseil Général de Haute-Corse, vers Remy Pflimlin Président de France Télévision ? DOULEUR. « Peut-on rire de tout ?». Pourquoi ces passe-droits accordés aux humoristes maniant l’insulte raciste ? La télévision publique peut-elle oublier la bienséance et infliger une double peine aux proches et aux familles meurtries du défunt ? Elles subissent d’abord la terrible épreuve des assassinats, et je le répète en direction de L. Ruquier, la population de Corse n’est, ni complaisante, ni coupable. Ensuite s’ajoute la détestation des médias dominants ! Et le cortège d’effets négatifs sur la jeunesse dans une île de la République Française. Les élus insulaires renoncent-ils à poursuivre les médias devant les tribunaux français et européens pour incitation à la haine raciale ? Comment l’assassinat de Jean Leccia est-il vécu, dans le contexte troublant des échecs successifs des enquêtes de police ? FRANCE TELEVISION. Le 29 mars suite à l’assassinat d’un haut fonctionnaire départemental en Haute-Corse, Laurent Ruquier s’égosille : « Ça s’est passé dimanche dernier, Jean Leccia un haut fonctionnaire s’est fait abattre dans sa voiture par un commando à moto. Dingue de se dire que c’est moins risqué d’être soldat russe en Crimée que haut fonctionnaire en Corse. On se plaint de la pollution à Paris mais en Corse ce n’est pas mieux y a carrément du plomb dans l’air. Ils sont maladroits quand même les corses en pleine élection municipale on leur dit qu’il faut glisser un bulletin dans une urne et eux paf ils se trompent ils mettent carrément le haut fonctionnaire » (On n’est pas couché- France 2). De l’insulte à l’outrage, de la haine à la malveillance : cet animateur perd les pédales et accumule les injures raciales. Il possède pourtant une belle entreprise culturelle à Paris, le Théâtre Antoine, alors pourquoi ne relit-il pas les classiques de la littérature ? Les Corses, Bretons, Occitans (des régions périphériques loin de la capitale) ne sont-ils pour lui, que des entités virtuelles, lointaines, sans existences humaines, ni réalités ? Dans une affaire tout aussi désastreuse, il est poursuivi par Marine Le Pen Présidente du Front National. Pour deux images présumées injurieuses : un arbre généalogique en forme de croix gammée et un étron de Charlie Hebdo titré " Le Pen, la candidate qui vous ressemble ». Me Wallerand de Saint-Just, estime que " l’injure ne fait pas de doute et qu'aucun humour ne peut chasser cette injure". L’affaire va en délibéré le 22 mai (17e Chambre correctionnelle-Paris). Le patron de France Télévision, Rémy Pflimlin est poursuivi en tant que directeur de publication. Ruquier sera-t-il blâmé ? Doit-il s’excuser publiquement sur France 2 aux horaires de diffusion de « On n’est pas couché ». (25% de part de marché en audience) ? Autre affaire salissante pour lui : Laurent Ruquier a ironisé sur les meurtres d’enfants commis par Mohamed Merah à Toulouse. Patrick Cohen (France Inter) n’a pas supporté et a sévèrement critiqué Laurent Ruquier ( févr.) : « on rit beaucoup chez Ruquier, grassement ! Tout fait vendre. Le nec plus ultra pour un comique c'est de mélanger les sujets d'actualité : Julie Gayet, François Hollande, l'avortement, Dieudonné, Mohamed Merah. Non, ils ont fait une blague sur un tueur d'enfant ? Oui ils l'ont fait..." Les outrages racistes de L Ruquier doivent-ils être diffusés par le service public. Les régions, les populations de toutes origines méritent tout le respect républicain. BIENSEANCE. Joseph Castelli président du Conseil Général de Haute-Corse a écrit à Rémy Pflimlin, Président de France Télévision : « peut-on rire de tout ? En droit la réponse est claire, mais sur le service public, cette liberté devrait avoir pour limite naturelle la bienséance écrit le Président Joseph Castelli. Qu’un haut fonctionnaire et plus simplement un homme perde la vie dans un assassinat, vous parait-il de nature à alimenter un sketch ? La critique systématique de la Corse et des Corses justifie-t-elle que l’on s’affranchisse de tout respect à l’égard des défunts ? Je vous saurais gré de me faire part du sentiment qui est le votre dans cet épisode peu glorieux (…) une indécence qui n’a pas sa place sur une chaîne de service public et s’apparente à un racisme anti-corse primaire trop souvent véhiculé par les médias. » Tant de pourquoi et jamais de réponse… Ainsi lors de sa campagne de presse sur la non-violence, Jean-François Bernardini et François Vaillant ( rédacteur en chef de la Revue Alternatives Non-Violentes ) ont été stupéfaits par le silence radio assourdissant des médias dominants concernant un évènement majeur liant la Fondation de Corse-Umani et le mouvement IFMAN ( à la Mutualité en mai 2013) : « malgré des centaines de communiqués de presse… pas une brêve, pas un avant-papier , pas un reportage ni sur Radio France ni sur France Télévision ». Et puis, les envoyés spéciaux de JTs de France 2 ne viennent jamais en Corse, excepté pour les assassinats. Pourquoi ? SOUFFRANCE. En Corse, si 356 homicides ou tentatives ont été commis (en moyenne 36 par an depuis 2004)… ils restent, quasiment tous, non élucidés ! Pourquoi ? Au-delà des dérapages racistes des médias, avérés et douloureux, il y a en parallèle, cette incapacité de l’Etat à résoudre ces enquêtes criminelles. « Une liste vertigineuse, pour moitié des règlements de comptes traités à la juridiction interrégionale spécialisée (Jirs-Marseille). Une « justice anti-mafia en échec ? » Corse Matin comptabilise cette « litanie macabre de 356 morts…et une seule résolution définitive, la tentative d'assassinat contre Alain Orsoni (2008). Et 3 dossiers seulement sont passés devant les tribunaux : la SMS, « les Marronniers », « la drogue par hélicoptère Béziers-la Corse ». Quasiment zéro résolution. ASSASSINAT. Comment l’assassinat de Jean Leccia est-il vécu en Corse? « Cessons de nous voiler la face, on tue en Corse… de la même façon qu’on achète des croissants dans une boulangerie. Chaque année des trentaines de meurtres sont commis et des familles plongées dans une indicible douleur. Les services de l’Etat , les Collectivités locales subissent, un lourd tribut. Le Préfet Claude Erignac, des maires (Marie-Jeanne Bozzi ou Dominique Domarchi) et maintenant un fonctionnaire émérite et dévoué » : l'hommage de Yannick Campo journaliste au Petit-Bastiais, synthétise la profonde douleur des élus et d’une population. Pourtant les enquêtes échouent et ne donnent ni résultats, ni preuves décisives, ni arrestations, ni coupables, ni procès. Pourquoi ? Ce meurtre d’un homme unanimement apprécié, a été commis au fusil de chasse. De plus, les médias nationaux (presse et télévision) ont été singulièrement absents de la marche blanche de Bastia..comme lors des obsèques de Jean Leccia à San Gavinu di Fium’Orbu, en présence de Mme Anne-Marie Escoffier Ministre déléguée à la Décentralisation.
Liliane Vittori.