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Billet de blog 5 septembre 2023

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Les Corses et les Juifs dans la revue L'ARCHE.

Amitié fusionnelle et fraternité naturelle : « Les Corses et les Juifs » sont dans la revue L’Arche (n°699 Juillet-Août 2023). Un panoramique dédié à la part juive de l’histoire de l’île, ses mythes comme ses réalités historiques incontestables, ses personnalités, ses patronymes.

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« Les Corses et les Juifs » sont dans la revue L’Arche (n°699 Juillet-Août 2023). Un panoramique dédié à la part juive de l’histoire de l’île, ses mythes comme ses réalités historiques incontestables, ses personnalités, ses patronymes. 

Et en priorité, cette amitié fusionnelle entre deux peuples, cette fraternité jamais démentie qui n’a cessé de grandir au fil des siècles et qui s’est manifestée d’une manière spontanée et généreuse. Pendant la Guerre de 39-45, « la Corse est le seul département français où aucun Juif ne fut ni arrêté, ni déporté » selon le comité Yad Vachem (Institut international pour la mémoire de la Shoah). 

« La Corse, une région, un pays, un continent, un monde? Tout à la fois vous allez voir…» annonce Paule-Henriette Levy, directrice de la rédaction de L’Arche, organe de presse du Fonds Social Juif Unifié (FSJU). Cette vue d’ensemble de notre île, propose des informations actualisées et des révélations, bien documentées et splendidement illustrées de photos inédites.

Le voyage s’ouvre avec Pasquale Paoli et Napoléon Bonaparte. Notons au préalable, histoire de se mettre dans l’ambiance, que c’est un Corse, Napoléon Ier Empereur, qui convoque un Grand Sanhédrin en1807 de « 71 rabbins et notables », afin d’organiser l’intégration des Juifs au sein de la Nation, comme l’ont été les Catholiques et Protestants dans le Concordat « Loi du Consulat Germinal an X »

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Pourquoi la part juive de l’histoire de la Corse est-elle si captivante, avec ses éclairages  sensationnels sur les destinées singulières corses et juives en Méditerranée? Les Giuseppi de Meria sont-ils ces banquiers juifs du Cap Corse ? Et comment ont été accueillies ,  à Ajaccio et Bastia, ces familles juives réfugiées, venues de l’Empire Ottoman en 1915 ?

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A lire absolument un témoignage exceptionnel de Lucie Simeoni « juive et corse dans l’âme » épouse d’Edmond, père du nationalisme insulaire, et mère de Gilles Simeoni Président du Conseil Exécutif de Corse. Passionnants, les « Souvenirs d’une île natale tant aimée » de Robert Colonna d’Istria, les portraits de Gérard Levy (président de la communauté juive de Bastia) et de David Antonelli, né catholique, converti au judaïsme et personnalité du monde des médias israéliens. 

D’où provient ce « philosémitisme » des Corses ? L’Arche donne la parole à Antoine Graziani, écrivain et vidéaste. D’emblée, il revient sur « les légendes » entourant les noms Giacobbi, Zuccarelli, expliquant que, quelque soit la réalité des origines « le mythe juif est jugé largement de manière positive par une bonne partie de la population insulaire.».

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La saga des Giuseppi, symbolisent ces généalogies entrelacées et tous les liens, réels ou supposés, tous les mariages et métissages entre Juifs et Corses au fil des siècles. Nés en Corse au XVIIIe, ils sont  propriétaires exploitants à Trininad île du Venezuela, et doivent déclarer des ancêtres « non-juif » selon la procédure espagnole« limpieza de sangre ». Simon Giuseppi qui signe l’article, présente les mystérieuses armoiries de sa famille, comportant « le Soleil, la Lune, Joseph fils de Jacob et les Pyramides égyptiennes ».

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Le sujet « La Corse terre d’accueil »:  relate les exils successifs de ces familles juives: le Maroc, la Turquie puis la Corse en 1915. Parmi ces nouveaux arrivants, le rabbin Jacob Moshe Toledano « grand érudit et collectionneur de documents juifs en terre arabe », deviendra Ministre du culte de David Ben Gourion, fondateur de l’Etat d’Israël. 

Témoignage rarissime, Lucie Simeoni retrace l’histoire de ses ancêtres juifs et de son mariage. Elle rappelle les combats en faveur de l’émancipation de l’île. Son grand-père maternel  Feivel Braten,  avait fuit l’Ukraine. Sa mère Golde Liebe, de conviction sioniste, parlant le yiddish et le polonais, s’installe en France et épouse un officier Saint-Cyrien Eugène Billaudelle.
Edmond et Lucie se marient en 1958 : « mais rien n’est pourtant évident dans cette rencontre note Paule-Henriette Levy, entre un jeune homme discret, fils d’un ancien pétainiste, et cette jeune fille juive, ravissante, militante aux Jeunesses communistes, engagée et frondeuse… ». A Bastia, elle est dentiste, il est gastro-entérologue, les luttes politiques s’enchaînent, agrémentées « de plus de 60 attentats et tentatives contre ma famille» expliquait Edmond, qui déclarait « la relève est assurée ». Dans les années 70, le refus de la base nucléaire de l’Argentella est suivi par les immenses mobilisations et les premiers procès écologiques contre les déversements en mer des « Boues rouges toxiques de la Montedison ». Après Aleria, la prise de conscience nationaliste s’installe.

Aux Territoriales de 2021, Gilles Simeoni (autonomiste liste Fà populu inseme), est reélu Président du Conseil Exécutif de Corse arrachant la majorité absolue à la Collectivité de Corse, renforçant son hégémonie dans l’île, à l’issue d’un scrutin qui voit les trois listes nationalistes capter 67,98 % des votes. Une trajectoire exemplaire pour ce docteur en Droit avocat: après avoir été maire de Bastia en 2014, il est en 2015, le premier nationaliste élu à la tête du Conseil exécutif de Corse.

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"Engagé notamment sur les thématiques de développement durable, de reconnaissance de l’insularité, et de coopération européenne et méditerranéenne" il accède en 2017 à la présidence de la Commission des îles de la CRPM (Conférence des régions périphériques maritimes européennes)." Son engagement politique est fondé sur la reconnaissance des droits fondamentaux du peuple Corse, et la construction d’une société corse démocratique, émancipée, ouverte, et solidaire. Depuis son arrivée aux responsabilités, il porte pour principale revendication l’obtention d’un statut d’autonomie de plein droit et de plein exercice pour la Corse."

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« Le Juif est quelqu’un qui chante » écrit Elie Wiesel et les Corses eux-aussi, vivent leurs appartenances sociales, leurs convictions politiques, de la naissance à la mort, accompagnés par le chant polyphonique sacré millénaire et toutes ses déclinaisons profanes. Le chant religieux, chrétien et juif, est-il à la racine de cette similarité évidente qui réunit deux peuples de Méditerranée? Malgré les migrations, imposées ou acceptées, Juifs et Corses se distinguent, par un don pour la survie, une extraordinaire capacité de résilience, des valeurs fondamentales que sont la famille et la transmission.  
En Corse, les communautés juives sont encadrées par l’Association de la Synagogue Beit Meir de Bastia présidée par Gerard Levy. C’est la seule référence officielle auprès des autorités nationales du Consistoire et des pouvoirs publics. Elle supervise les prochaines festivités en septembre du nouvel an juif 5784 (Rosh Hachana et Yom Kippour.) 

Liliane Vittori

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