Liliane VITTORI (avatar)

Liliane VITTORI

CORSE JOURNALISTE CORSE

Abonné·e de Mediapart

414 Billets

0 Édition

Billet de blog 6 février 2016

Liliane VITTORI (avatar)

Liliane VITTORI

CORSE JOURNALISTE CORSE

Abonné·e de Mediapart

CORSE. Hommage de la France et de la Corse à la mémoire du Préfet Claude Erignac, assassiné le 6 février 1998 à Ajaccio.

CORSE. Comment la gouvernance autonomiste de l’île va-t-elle rendre hommage à Claude Erignac Préfet de Corse assassiné en 1998 et après 50 ans d’une histoire conflictuelle entre la France et la Corse ? Gilles Simeoni participe à la commémoration à Ajaccio et Jean-Guy Talamoni explique les raisons de son absence.

Liliane VITTORI (avatar)

Liliane VITTORI

CORSE JOURNALISTE CORSE

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
gs-matignon

Pour réaffirmer le respect de la vie humaine, pour assurer la paix et l’émancipation de l’île: Gilles Siméoni Président de la Collectivité Territoriale participe à l’hommage au Préfet Claude Erignac. Un hommage qui n’est pas une première dans le cadre de la longue histoire conflictuelle entre la France et la Corse. Déjà, le 12 février 1998, soit 8 jours après l’assassinat du Préfet Erignac : les Corses avaient massivement défilé contre la violence,  les femmes en tête des cortèges. Pas moins de 40 000 personnes mobilisées, un record, sans banderole, en silence. Les Corses avaient répondu dans toute l'île à l'appel du Manifeste pour la Vie, mouvement créé par des femmes en 94. La police avait décompté 18 000 manifestants silencieux à Ajaccio et 15 000 à Bastia ( sur 260 000 habitants à l’époquesoit 15% de la population et quasiment tous les actifs). Les enseignants de la FSU avaient déployé un slogan: « A parolla. Micca a pistola ! La parole. Pas les armes!». Le Manifeste pour la Vie né en 1994, après une série d’assassinats politiques non élucidés, avait fait beaucoup de chemin dans les consciences contre

Illustration 2
manifeste-pour-la-vie

: « l’Etat de non-droit, la dérive aveugle, la peur, les bouches cousues. ».  Alors 18 années après l’assassinat d’un Préfet, la Corse n’est plus cette île déshéritée et désemparée, qui oscillait entre violence armée clandestine, menées barbouzes et investigations judiciaires sans résultat. En avril 2014,  le FLNC a déposé les armes et déclaré une démilitatisation de son action politique. Et depuis les Territoriales de 2015, la gouvernance au pouvoir en Corse est exercée par une majorité de militants nationalistes modérés. Gilles Siméoni après avoir été maire de Bastia, est Président de la Collectivité Territoriale. Invité par le Préfet Christophe Mirmand, Gilles Siméoni , qui fût l’avocat du principal accusé Yvan Colonna, sera présent lors de la cérémonie de l’hommage à Claude Erignac. Dans un contexte humain et politique et historique qu’il précise, sans faux-semblant ni langue de bois: « l’assassinat du préfet Erignac, le 6 février 1998, est, à la fois, un drame humain et un acte d’une gravité politique sans précédent. Dix-huit ans après leur commission, les dégâts et conséquences directes de ces faits n’ont pas fini de produire leurs effets : la douleur de la famille et des proches de la victime reste intacte ; ceux qui ont été condamnés pour cet acte continuent de subir la double peine de l’éloignement carcéral ; un homme, dont je suis l’avocat, crie son innocence et défend son droit à un procès équitable devant la Cour européenne des droits de l’homme. »  Devant la stèle commémorative, en faveur de la paix et de l’émancipation de l’île,

Illustration 3
prefet-erignac

une participation logique de Gilles Siméoni : « je serai présent car je considère qu’il entre dans les devoirs de ma charge, qui implique notamment la représentation de la Corse dans tous les actes de la vie civile, d’assister à cette cérémonie. D’abord, pour exprimer le respect dû au mort et la compassion portée à sa famille. Ensuite, pour réaffirmer que le respect de la vie humaine est, dans toute société, le plus sacré des droits. Enfin, parce que je ne veux pas que mon absence puisse être perçue ou interprétée comme un signe d’indifférence ou d’hostilité à l’égard du souvenir de ces faits tragiques. Tout au contraire, j’entends, par ma présence, réaffirmer que les dirigeants de la Corse, au lendemain du choix fait par notre peuple d’élire des nationalistes pour le représenter, ont conscience de la responsabilité historique qui est la leur : engager la Corse sur le chemin de l’émancipation et, dans le même temps, préparer la réconciliation et construire la paix. ». 

Jean-Guy Talamoni le Président de l’Assemblée de Corse et leader indépendantiste, a annoncé sa non participation, via un communiqué tout aussi apaisant et lucide mais qui n’oublie rien des drames qu’a connue l’île depuis les années 50 : « Le mouvement national, en ce qui le concerne, a payé un lourd tribut. En décembre dernier, notre engagement public en faveur de la paix a reçu le soutien d’une majorité de Corses que nous sommes désormais chargés de représenter. Notre culture et nos valeurs nous conduisent naturellement à respecter et à honorer les morts, tous les morts. Dans la perspective d’une paix durable et de nouvelles relations entre la Corse et Paris, il faudra bien qu’un jour un hommage soit rendu à l’ensemble des victimes de ces quarante dernières années, dans le cadre d’une réconciliation symbolique entre tous ceux qui ont eu à souffrir du conflit. Ce jour-là, que nous appelons de nos vœux, adviendra tôt ou tard, nous en sommes convaincus. (…) Cependant, compte tenu de mon parcours personnel et politique, ce respect et cette compassion ne peuvent prendre la forme d’une participation à l’hommage officiel. J’estime que ma présence serait déplacée et sans doute n’est-elle même pas souhaitée. »

LV

______

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.