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Billet de blog 6 décembre 2016

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Le bilan de Manuel Valls en Corse ?

Emmanuelle de Gentili, " socialiste autonomiste" soutient le bilan de Manuel Valls. Face à une majorité nationaliste insulaire engagée dans un riaquistu économique : le candidat à la Présidentielle a su naviguer entre négociations budgétaires exceptionnelles, affaires courantes et revendications identitaires emblématiques.

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Socialiste autonomiste, Emmanuelle de Gentili est aussi Secrétaire nationale PS chargée de la Croissance bleue, 1ère adjointe au Maire de Bastia et ex Conseillère Exécutive de Corse aux Affaires Européennes jusqu’à la victoire des Nationalistes aux Territoriales de 2015. Voici son décryptage du bilan de Manuel Valls en Corse, après 2 années de gouvernance en tant que Premier Ministre. Négociations budgétaires exceptionnelles, affaires courantes ou revendications identitaires : comment la gauche s’est-elle comportée face à une majorité autonomiste et indépendantiste à l’Assemblée de Corse ? Face à une équipe offensive, engagée dans un « riaquistu economicu » de grande envergure, qui est une véritable refondation politique de l’île.

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Depuis un an, les négociations se sont démultipliées, tous sujets et tous azimuts, entre Paris et la Corse. Sur les hôpitaux de Bastia et Ajaccio indignes et excessivement vétustes, l’Université, la langue corse, et aussi sur le foncier en crise, la Collectivité Unique, le thème TVA-taxes-fiscalité insulaire, la contribution corse au redressement des comptes publics, la renaissance du Comité montagne, les enjeux environnementaux en Méditerranée, la réforme des transports et de la continuité territoriale, l’Inscription de la Corse dans la Constitution. Parce que l’état réel de l’île le commande, parce la reconnaissance « île-montagne » est devenue vitale, parce qu’il fallait répondre aux attentes emblématiques d’un Conseil Exécutif et d’une Assemblée de Corse autonomiste et nationaliste, portée par la confiance et l’espoir de tout un peuple.

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Le bilan du gouvernement Valls est « positif » estime Emmanuelle de Gentili, élue socialiste qui gère Bastia avec la majorité régionaliste et qui se déclare tout aussi « autonomiste » que républicaine. Lors des alternances ou cohabitations à la tête de l’Etat, la gauche a toujours oeuvré pour des solutions politiques de progrès. En témoignent les réalisations de Pierre Joxe et de Michel Rocard qui déclarait en 2000 à toute la classe politique « En Corse : Jacobins, ne tuez pas la paix ! ». Comment le quinquennat de François Hollande a-t-il traité les innombrables revendications insulaires, trés anciennes ou plus récentes ? Pendant le mandat de Manuel Valls, de nombreuses avancées ont été constatées, confirmant la réalité d’un dialogue productif entre Corse et continent, Résultat aussi d’une année politique particulièrement fertile et féconde pour la gouvernance insulaire. Ces avancées signent-elles, encore, une vision ultra jacobine de la Corse? E. de Gentili « Je ne suis pas d’accord sur le diagnostic d’un constat qui serait encore jacobin. La Corse a eu satisfaction pour chaque revendication réaliste, pouvant s’inscrire dans le droit fil de l’action gouvernementale. La preuve ? La nouvelle majorité nationaliste a obtenu que la Collectivité Territoriale Unique soit raccrochée au wagon législatif. Le Gouvernement Valls n’a pas rechigné, n’a pas argumenté disant c’est trop tard. Ils ont dit oui, cela semblait aller dans le bons sens de l’économie insulaire et de l’optimisation des moyens. »

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D’autres réussites pour Manuel Valls favori de la Présidentielle et qui fût ministre de l’Intérieur dans les gouvernements J.-M. Ayrault (2012 à 2014)? « La Corse a obtenu l’engagement pour un nouvel hôpital à Ajaccio ajoute la première adjointe de Bastia. Et des moyens supplémentaires pour l’hôpital de Bastia soit 14 millions d’€. Et ce, je le précise, dans le contexte de restrictions budgétaires au niveau national. Autres avancées : des fonds importants sur la langue corse, le redéploiement des reliquats de l’enveloppe de continuité territoriale et j’en oublie ! Plus des moyens conséquents pour l’Université de Corse et des efforts sur la fiscalité. Il faut donc ouvrir les yeux, on a vraiment râclé les fonds de tiroirs aussi sur la TVA, le Comité Massif, le Parc Naturel Marin du CapCorse. Le gouvernement Valls a répondu présent sur tous sujets relevant du processus légistatif normal. Et la coofficialité linguistique, le statut de résident, l’Inscription de la Corse dans la Constitution ? « Les réponses négatives persistent sur la reforme de la Constitution, c’est un travail nettement plus lourd en terme de philosophie politique. Ces demandes sentimentales et symboliques, que je peux partager d’ailleurs, ne démontrent pas en quoi elles contribuent à réduire le chômage, à donner un toit, à protéger l’environnement. Ces revendications vont certes dans le sens de l’histoire de la Corse et de la France et nous y reviendrons avec la gauche au pouvoir. Sur l’amnistie la question reste ouverte et j’y suis favorable. Nous devons continuer à expliquer et convaincre. Je constate un  asynchronisme entre des demandes parfois plus théoriques et la perception de Paris. Le Gouvernement aide la Corse, quand on fait, ici, la démonstration que la demande impactera le développement économique et environnemental, deux axes sur lesquels le gouvernement avance très rapidement avec nous. C’est anecdotique mais la députée Delauney a présenté un amendement caricatural de requalification de la fiscalité sur le tabac en Corse. Cette mesure à l’emporte-pièce a été rejetée car sans aucune corrélation avec la fiscalité insulaire qui doit bénéficier d’une être remise à plat globale. »

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Comment E. de Gentili vit-elle sa vocation de « passerelle » démocratique entre la Corse et Paris? « Tout d’abord je le confirme, j’ai souhaité que François Hollande vienne s’exprimer en Corse sur la Corse, et s’adresse directement aux habitants. Ce sera mon regret. Je revendique mon appartenance au PS, un parti de gouvernement et de transformation qui a toujours apporté des solutions depuis 40 ans. Et je revendique aussi mon appartenance sur une déclinaison socialiste locale liée à nos racines, notre culture, notre identité. Je défend l’idée d’une Corse progressiste, de gauche, autonomiste dans un cadre républicain. Sinon on passe dans un système indépendantiste, je n’y suis pas favorable, je suis autonomiste mais pas nationaliste. Il faut montrer notre capacité à s’ouvrir aux autres, à travailler avec les nationalistes. Il est plus facile de construire et de faire évoluer les positions des uns et des autres plutôt que de les combattre de manière dogmatique n’apportant rien à la société. Mon rôle de passerelle ? Pour expliquer, parfois dédramatiser l’image de notre île vue du continent. Bien entendu nous sommes une région pleine et entière de la République française mais nous avons un développement propre et nous travaillons pour trouver, ici en nous-mêmes, les ressources nécéssaire à la construction d’une société corse ou la qualité de vie s’améliore. Le problème du foncier ne peut se résoudre que si nous élevons le niveau de vie, on ne va pas non plus faire du protectionnisme sur la terre. » 

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La gouvernement Valls (et ses prédécesseurs jacobins de droite sous N. Sarkozy), ont-ils pris en compte la réalité des territoires en France, en Corse et Outre-mer ? E. de Gentili : « il y a encore beaucoup de travail ! Nous sommes à la 3 ème décentralisation et aujourd’hui toutes les Régions ont un socle commun des compétences, surtout la Corse, terre d’expérimentation. Je suis persuadée que deux phénomènes vont intervenir. D’abord les Régions n’ont pas besoin, dans le temps, des mêmes réalisations ou équipements. On va donc passer à une décentralisation à la carte, à plus d’autonomie à la carte pour des Régions qui toutes prônent maintenant cette nouvelle autonomie. Un mot qui fait un peu plus peur en Corse, à tort. A l’instant T, chaque région exercera, au bon moment la bonne compétence, pour franchir un cap, prendre une autre dimension. Et puis à Paris, ils n’ont pas encore intégré la dimension de la diplomatie territoriale. Pourtant les Régions sont les bras armés de la France en termes de développement économique, de potentialités , de créations d’emplois. La vision jacobine du pays n’est pas en phase avec cette réalité décentralisée. Comment travailler autrement ? Je suggère que lors de ses déplacements internationaux, la diplomatie française soit accompagnée de la diplomatie territoriale qui met en valeur les entreprises locales . les représentants des régions qui sont la force des territoires. »

Comment va se dérouler la Primaire à gauche selon E. de Gentili ? « La communication web 2.0 a brouillé les cartes, tout est mis à plat en excès, on ne hiérarchise plus ce qui se passe. Avant le président élu avait un mandat pour convaincre. François Hollande ne l’a pas eu, au lendemain de son élection et depuis 5 ans, on lui demande son bilan ! Son résultat on le reconnaitra sans doute d’ici deux ans comme un des meilleurs de la Vème République. Sauf que l’instantané de l’information, sa perception, produit un décalage très fort entre ce que la population voit des décisions politiques et la réalité ! Dont le recul du chômage et les politiques en direction des entreprises pour favoriser la création d’emplois. Il n’y a pas de salarié sans entreprise et inversement, c’est un rapport gagnant-gagnant à installer. Et arrêter la lutte des classes, qui n’a aucun sens dans notre économie mondialisée. Nous travaillons au PS à la protection sociale et à la de protection de nos entreprises dans un espace mondialisé. Nous avons produit les Cahiers de la Présidentielle, une force de nouvelles propositions, notre candidat va s’enrichir de la réflexion sur les territoires, le développement durable, la Recherche & Développement, la net-économie. En Corse nous avons passé un cap dans l’histoire de la politique insulaire et la construction de notre île ne sera jamais plus ce qu’elle a été. » . Emmanuelle de Gentili, candidate à l’investiture socialiste pour les Législatives en Haute-Corse, explique que la sagesse du peuple est très différente des ressentis partisans : « je suis étonnée des commentaires affirmant que les candidats du premier tour de la primaire sont irréconciliables. C’est faux le PS a toujours été un parti de débats et de courants. Sans guerre des gauches il faut affronter cette droite dure et le Front national. Si la primaire est une réussite Marine Le Pen ne sera pas au second tour. Je suis persuadée que le peuple de gauche va fortement se mobiliser pour voter utile et mettre en situation la ou le candidat le mieux placé pour proposer une politique de nouvelles solidarités et choisir celle ou celui qui rassemblera au-delà de son camp. ». Un objectif singulièrement difficile à atteindre après des années d’immobilisme, et malgré un nouvel argumentaire PS sur la politique de peuplement . « La gauche doit assumer la remise à plat de la politique de peuplement annonce E. de Gentili. Nous ne pouvons plus accueillir suivant des rêgles définies dans les années 70. Si la France doit renforce son image de terre d’accueil, les rêgles doivent être mises à plat. Les réfugiés doivent être accueillis car ils sont menacés ne pas en tenir compte serait un erreur grave à l’heure ou la mondialisation a des conséquences sur l’ensemble des pays. »

LV

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