Liliane VITTORI (avatar)

Liliane VITTORI

CORSE JOURNALISTE CORSE

Abonné·e de Mediapart

413 Billets

0 Édition

Billet de blog 7 juin 2014

Liliane VITTORI (avatar)

Liliane VITTORI

CORSE JOURNALISTE CORSE

Abonné·e de Mediapart

L’Europe en Corse : de la perfusion à la performance avec Italie-France-Marittimo.

Liliane VITTORI (avatar)

Liliane VITTORI

CORSE JOURNALISTE CORSE

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Comment une île sous-équipée passe-t-elle de la "perfusion"…à la performance, en exportant vers le marché mondial, globalisé, féroce, concurrentiel ? Cela relève de l’exploit pour une région insulaire montagneuse excentrée. Le programme Italie-France-Marittimo tenait un séminaire stratégique à Bastia le 22 mai, axé sur« la croissance intelligente, durable, inclusive » présidé par le maire Gilles Simeoni. Ce dispositif regroupe depuis 2007 : la Corse, la Sardaigne, la Ligurie, la Toscane et désormais le Var et les Alpes-Maritimes. Un peu de géopolitique pour décrypter les désidératas de Bruxelles ? Pour les PME de Corse - île située on le sait au beau milieu du Golfe de Gènes - la croissance, signifie « coopération transfrontalière en Méditerranée ». Même processus européen en mer Baltique, ses îles, ses pays riverains, bénéficiant d’objectifs propres de l’UE.Encore faut-il que les entreprises insulaires aient accès aux rouages d’un programme, vécu comme une machine technocratique et un obstacle infranchissable. C’est « quasiment mission impossible » s’exclame un patron de PME. Pourtant malgré l’insularité, il y urgence à reéquilibrer les territoires, c’est cela aussi le pacte social, républicain, européen. Passant du statut « d’île sous perfusion » à la catégorie « région performante » ( selon la CE) : la Corse doit exister, c’est le b-a-ba de l’ouverture économique et du progrès social. Et ce, en plus de ses atouts purement touristiques, patrimoniaux, culturels. Et ce, dans la bonne gestion des transports de voyageurs aériens et maritimes. Comme des politiques de prévention toujours transfrontalière, des risques naturels, incendies, maritimes, côtiers qui restent les soucis récurrent des îles. Un défi que les forces économiques et les organismes publics de Corse ont relevé avec succès. Avec des réussites : les EnR, les entreprises insulaires hi tech, les réseaux d’entreprises. Et des Aoc  de Corse ( près de 50 labels, huile, miel, fromage, charcuterie etc…) plus des vins de notoriété mondiale ou encore la dynamique Odyssea, la fédération Corsica Cosmetica et tant d’autres. Il faut le dire: malgré un déficit démocratique qui plombe les institutions de l’UE, des dizaines de programmes européens fonctionnent. Toutes les régions françaises en bénéficient, sans exception, et sont dotées de fonds, pour déployer la coopération entre les 230 régions de l'UE. Toutefois, si Paca et ses 6 millions d’habitants, reste une entité ultra- compétitive, au-dessus de la moyenne européenne. Les régions périphériques comme la Corse (300 000 hab.) et la Sardaigne traînent ! Ce qui équivaut, à les exclure, à terme, du marché global, et plus grave à conforter le sous développement. Le programme Italie-France-Maritime (2e période 2014-2020) a convié les acteurs économiques italiens et français à s'exprimer lors d'un « séminaire de consultation ». Ce programme qui réunissait depuis 2007 la Corse, la Sardaigne, la Ligurie, les 5 provinces de Toscane, intégre désormais le Var, les Alpes-Martimes. Cet « élargissement » est-il logique et positif ou déséquilibré au détriment des îles Corse et Sardaigne ? Les diagnostics sont mitigés. Contrairement aux puissantes multinationales (et leur dumping social et fiscal) ilf aut rappeler que les micro-entreprises, TPE, PME bataillent durement en local. Face à une multitude de traquenards... pour assurer leur survie, verser des salaires, conserver leurs clientèles, accèder, simplement, aux aides européennes.  C’est le combat quotidien économique et social des territoires, contre l’exil et la dépossession. Car le FEDER (Fonds Eur. Dév. Rég) est censé «  corriger les déséquilibres régionaux  favoriser l’attractivité économique, l’essor ». Jean-Felix Acquaviva maire de Lozzi  (1044 m d’altitude en Hte-Corse dans le Niolu) : « avec ce niveau cadre, incluant le Var et les Alpes-Maritimes, nous risquons d’être les dindons de la farce étant donné la dynamique de Paca. Notre intérêt reste de produire et d’exporter. On sent bien que la Toscane et la Ligurie si proches, représentent de nouveaux  débouchés, des marchés pour nos petites productions. Comme par exemple des circuits touristiques longs sur 10 jours Toscane-Corse-Sardaigne. Mais il y a beaucoup de lobbying institutionnel continental sur ce programme. Une petite île comme la Corse risque de manquer la marche ! Ainsi c’est la première réunion où l’on nous annonce officiellement l’entrée de deux entités terrestres supplémentaires et sans débat préalable. Il faut une adaptation insulaire avec un véritable sous-programme opérationnel ».  Emmanuelle de Gentili Conseillère Exécutive PS de Corse en charge des Affaires Européennes à la CTC et , première adjointe au Maire de Bastia précise « la Corse est passée d’une période de perfusion à une période ou l’on nous demande de la performance. De perfusés à performants c’est assez compliqué ! Pourtant nous relevons le défi mais il y a un cisaillement, une contradiction puisque le PEI est dédié au rattrapage alors que dans le même temps l’Union nous demande de la performance économique. »  Les mentalités ont évolués, les choses sont plus posées, les défis sont plus clairs. Italie-France-Marittimo est tourné vers l’innovation, la création d’entreprises, l’exportation « nous ne devons pas être marginalisés face à la Région Paca. Nous devons rester réactifs avec des projets innovants, faire connaître nos ressources, nos patrimoines, nos potentiels qui ne sont pas uniquement touristiques et qui ne s’évaluent pas seulement en chiffres de passagers transportés ou de nuitées d’hôtels. » ajoute la Conseillère Exécutive de Corse. D’où la nécessite  vitale pour les PME de Corse, de se regrouper en réseaux, et d’être fortement soutenues par les Chambres d’Agriculture, les Chambres des Métiers et les CCI. Le Programme Italie-France-Maritime est doté de 169 M d’€ et axé exclusivement sur la coopération transfrontalière, à la fois filtre et levier pour obtenir les subventions. Sont inclus la prévention des risques ( dont l’hydrogéologie), l’érosion côtiere, la sécurité de la navigation etc… Outre les micro-entreprises, les PME-TPE, les starts up : sont aussi ciblés les organismes publics, les parcs scientifiques, les « études foresight », les réseaux-clusters transfrontaliers, les marques touristiques, les pôles d’innovation, les centres de recherche etc…  Il faut donc que les entreprises imaginent les possibles plus-values et qu’elles misent sur le transfrontalier. Existe-t-il un langage commun entre l’Europe et ses entrepreneurs ? Les axes de It-Fr-Maritime sont l’accessibilité et la communication, l’innovation, les ressources naturelles et culturelles, les services etc…Les projets pourraient porter (si ils sont acceptés et ensuite subventionnés ) sur de nouveaux réseaux de transports aériens reliés à des noeuds secondaires de proximité, le nautisme, les chantiers navals, le tourisme durable vert et côtier, la protection de l’environnement, le changement climatique. Mais aussi les biotechnologies, les nanotechnologies, les EnR vertes et bleues, la pharmacie, la cosmétique, Après les réunions nombreuses en Corse, en Paca, en Italie, les analyses des questionnaires, les suggestions produites: le programme entre « dans sa phase d’écriture définitive ». En Corse les fonds européens , le PEI, se conjuguent avec l’immense travail législatif de l’Assemblée de Corse qui, peu à peu, exerce de nouvelles compétences notamment sur le foncier, l’énergie, les risques naturels. 

 Liliane Vittori.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.