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Billet de blog 7 août 2016

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La Catalogne, si près de l’indépendance, balise-t-elle la route pour la Corse ?

La Catalogne, démocratique et participative, à l’orée d’un basculement vers l’indépendance via un referendum d’autodétermination, a-t-elle un « coup d’avance » sur la Corse ? Peut-elle « baliser le chemin » d’une île en voie d’émancipation et de renaissance économique ? La réponse aux Ghjurnate internaziunale de Corté.

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Illustration 1

Depuis Paoli et Napoléon, et depuis la Libération de l’île anticipée et exemplaire « par son peuple » en 1943 : il faut reconnaître qu’une partie de l’Histoire de France… s’écrit en Corse et en Europe. L’actualité récente le confirme avec, depuis l’élection de décembre 2015, une gouvernance de l’île désormais exercée par une coalition autonomiste et nationaliste. Une accession au pouvoir régional, unique en France mais pas en Europe puisque l’île inscrit sa destinée politique via un projet d’émancipation en phase avec les évolutions politiques majeures de l’Ecosse et de la Catalogne. Un mouvement qui revendique une « Europe des peuples » libérée de la tutelle de la finance et de ses lobbies, et de l’incapacité avérée et si inquietante, des Etat-Nations à assurer au minimum, la sécurité comme la relance économique. L’évènement politique phare de l’été reste donc « E Ghjurnate internaziunale » à Corte qui réunissent « après 40 années de lutte » les nouveaux élus de l'île : Jean-Guy Talamoni Président de l’Assemblée de Corse (Corsica Libera) et Gilles Simeoni  Président de la Collectivité Territoriale de Corse (Inseme per a Corsica). Avec cette année pas moins de cinq délégations dont la Sardaigne, avec laquelle la Corse a signé un récent partenariat de coopération économique piloté par un Conseil permanent Corse-Sardaigne. Sont aussi présents :

Illustration 2

Free Azawad de Moussa Ag Assarid, le Pays Basque avec Xabi Larralde, élu indépendantiste « Sortu ». Plus un délégué du Conseil Démocratique Kurde ( relais diplomatique des députés kurdes de l'Assemblée turque) ainsi que Nursel Kilic (mouvement des femmes kurdes) dont Fidan Dogan, assassinée en 2013 qui avait été reçue à l'Assemblée de Corse. A Corté sur l’esplanade qui longe les murailles du Palazzu naziunale de Paoli ( actuellement Musée régional), l’après midi du dimanche s’est ouverte sur un décryptage du processus politique de la Catalogne, qui semble, selon le mot d’Eric Simoni qui préside le débat, « avoir un coup d’avance sur la Corse ». Aux côtés de Jordi Miro (indépendanteEstat Catala ) et de Fem Mare Nostrum : le député Ferran Civit (ndépendantiste Junts pel sì  et gauche républicaine).

Il a remis magistralement en perspective l’évolution de la Catalogne depuis 2003.

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Un processus démocratique dit-il «progressiste, écologiste, participatif qui émerge après une alternance de 3 siècles de monarchie et de dictature au cours desquels les droits des citoyens et les droits collectifs avaient été largement bafoués et transgressés. ». La conscientisation politique massive, lente mais inexorable des Catalans, leur rejet de la politique ultra centralisée, si discriminante pour les régions périphériques, pourrait - elle aussi s’imposer en Corse ? Les dix dernières années en Catalogne sont marquées par les tergiversations de Madrid (et de son « Tribunal Constitutionnel »),  ses projets de loi avortés, ses fausses promesses, ses retropédalages qui ne sont pas sans rappeler ceux de la gouvernance France ( et de son Conseil Constitutionnel) face à la Corse. Alors à Barcelone, au fil des élections, des consultations démocratiques autorisés ou pas, des manifestations monstres, des 800 comités locaux pro-actifs : la Catalogne, son parlement et ses 5 millions d’habitants ont vécu une série de déclics. Ils sont passé d’un « catalanisme » identitaire à une volonté d’émancipation et peut-être d’indépendance. Un chemin séparatiste qui a vu les forces traditionnelles ( Ps et social-démocratie) se fracturer, un autre point de comparaison avec la Corse. En Catalogne au parlement de Barcelone,  les indépendantistes ( on dit aussi sécessionnistes ) ont maintenant obtenu la majorité absolue. Par étape ils construisent une autonomie sur 3 piliers soit 3 motions stratégiques, déjà votées et rédigées habilement pour ne pas être refusés par Madrid :  « une loi de finance, une loi de protection sociale et une loi de transition juridique ».

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A  la Tribune le Conseiller Territorial Petru’Anton Tomasi précise les composantes politiques communes aux revendications de la Catalogne et de la Corse : « Nous vivons aujourd’hui une faillite de l’Europe, un déficit démocratique. Les votes des peuples sont niés, au profit des lobbies qui assurent un primat de la finance et du marché. Nous voulons une Europe politique qui nous ressemble, qui soit au plus près des réalités humaines. Les peuples sont les moteurs de cette alternative. ». Jean-Guy Talamoni dans son discours de synthèse de la journée : " Nous n’avons pas le droit de désespérer de l’Europe, dont il faut pourtant obtenir la réorientation. Séparément, nous ne pouvons rien face aux maîtres de l’Union, même s’ils sont aujourd’hui affaiblis par leur échec patent. Mais ensemble, nous pouvons imposer la construction d’une nouvelle entité, pleinement politique, car l’épanouissement de nos nations représente non seulement une richesse considérable, mais la seule garantie de l’adhésion des peuples au projet européen." .

Illustration 5

La Catalogne peut-elle baliser la route pour une future émancipation de la Corse ? Oui probablement mais avec des solutions insulaires concernant notamment la définition d’un corps électoral, la mise en place d’une statut de résident et le respect des équilibres démographiques. Le samedi a été consacré aux « repressions syndicales et politiques et à 17h30 dimanche se tient le meeting central présidé par Gilles Siméoni et Jean-Guy Talamoni intitulé « Guvernu Corsu et Custruimu a Nazione ».

LV

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