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Festivale di a Ruralità et Via San Martinu à Tallone Haute-Corse ce 16 octobre 2022. Cette journée, et celles qui suivent, il faut les vivre de l’intérieur, pour comprendre leur message de sanctuarisation du territoire et ses potentiels de revitalisation. Il faut explorer, pas à pas, la réalité locale pour apprécier la forte implication de la municipalité de Tallone dans un processus qui englobe l’avenir du rural, sa démographie, ses exploitations agricoles, son tourisme mémoriel. Ce n’est pas de la culture consommée en spectateur mais de la culture corse vécue en tant que partenaire. Il ne s’agit ni de folklore, ni d’un catalogue passéiste, mais d’une véritable trame culturelle, déroulée en faveur de la logique d’un territoire, sa mémoire et son futur.
Un monde que les médias citadins connaissent mal, certains villages de la montagne, sont perçus, comme des destinations quasiment abandonnées où il ne passe jamais rien, excepté lors des vacances scolaires ou des obsèques. A Tallone en une seule étape du futur itinéraire A Via San Martinu, on a approché in situ, tout le potentiel ultra local et patrimonial d’une renaissance culturelle.
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A 10h : Sylvie Casalta guide-conférencière a piloté une visite du domaine naturel de Terrenzana, avec ses tables d’orientation, son sentier de randonnée balisé par le Conservatoire du Littoral. Dans l’orbite de Tallone, d’Aléria, du sentier de Diana et de l’Etang d’Urbinu, Terrenzana est connu des ostréiculteurs et des pêcheurs depuis l’Antiquité. Soit une promenade familiale incluant l’observation des Flamands roses et un arrêt à une cabane de berger ancestrale reconstituée en bois et torchis.
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Le repas « Chez Matthieu », unique restaurant de Tallone, a réunit 60 festivaliers dont des participants de Tunisie, de Kabylie, du Quebec, ils ont apprécié le café arrosé de chjam’e rispondi.
A 14h : découverte de l’église baroque de Tallone son parvis « ricciata » et son clocher-tour. Le premier Adjoint Charles Lepidi a dressé le panorama des restaurations patrimoniales. Dont le tableau du maître-autel « Saint-Cézaire de Terracina » diacre africain martyrisé au 1er siècle. L’oeuvre est actuellement accrochée à Mare Furioso à Bastia…aux côtés de prêts de la Galerie des Offices de Florence ou du Musée du Louvre. Qui pourrait douter encore de l’identité culturelle de la Corse? Une salle de spectacle a été inaugurée pour le théâtre et l’école de chant. La commune est sélectionné pour son Atlas de la Biodiversité .
Ensuite place à Jean-Charles Adami et au choeur de la Cunfraterna di a Pieve di a Sera. Engagé dans la reconstruction du patrimoine immatériel de la Corse, Jean-Charles Adami a évoqué la dimension humaine de la culture rurale qui est dit-il « une façon de vivre, une articulation de la pensée, une leçon permanente subtilement construite. Nous avons cette chance immense d’être les héritiers, les passeurs des savoirs de nos anciens que nous devons laisser aux générations futures. »
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Devant un public nombreux, la Confrérie a donné un récital de chants sacrés, intercalés avec les explications sur le mystérieux phénomène de la «voix de l’ange », harmonique parfaite, à entendre, comme une voix supplémentaire. La réconciliation entre savoir académique et tradition populaire est un pont entre l’histoire et la mémoire.
Sur écran, le biologiste Michel Delaugerre a prononcé une conférence « La vie animale des îles et îlots de Méditerranée et la Profondeur du temps ». La soirée s’est terminée avec le groupe inter générationnel A Brigata San Martinu Cantu è Musica paesana di Corsica.
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Ces journées savantes du Festivale di a Ruralità, sont des prototypes, que les associations et les décideurs peuvent reproduire partout dans une île qui possède un patrimoine historique hors norme.
Cristianu Andreani fondateur du Festivale di a Ruralità (12 ème) oeuvre au déploiement en Corse de l’Itinéraire Saint-Martin de Tours du Conseil de l’Europe: « Nous cherchons en Corse tout ce qui appartient au patrimoine martinien, églises, ouvrages d’art, ponts, moulins, fontaines, la toponymie et les sites paléochrétiens. Partout en Europe St-Martin est un totem du monde rural ».
Cette Via Sancti Martini concerne des milliers de monuments, 14 cathédrales et traverse l’Allemagne, la France, l’Italie, la Hongrie, la Slovénie, l’Espagne. En Corse le patrimoine martinien, est présent sur 110 communes: « Après une expertise préparatoire du territoire communal, on construit les programmes en valorisant chaque année un pan différent de l’histoire de San Martinu. A Tallone le ce patrimoine est lié aux seigneurs féodaux Cortinchi et ici, le label Atlas de la Biodiversité est en phase avec l’itinéraire Saint-Martin, son projet de bande verte liée aux nouveaux enjeux du tourisme, l’éco responsabilité, le durable, l’implication des populations. »
Une portion de l’itinéraire San Martinu existe déjà avec deux bornes (Patrimoniu et Pignu), plus un sentier reliant Patrimoniu à Ville di Pietrabugno réalisé avec l’Office de l’Environnement.
Une nouvelle histoire de la Corse ? Christian Andreani : « Avec Saint-Martin, nous racontons l’histoire singulière de la Corse sur un réseau européen.
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On s’intéresse à des périodes peu documentées d’avant l’An Mil. On collabore avec des historiens, archéologues, ethnologues, botanistes, associations et historiens locaux. Avec les partenaires, les bénévoles, les militants culturels nous formons un éco-système comme une université populaire. Nous proposons du voyage patrimonial. Nous transmettons ces savoirs aux générations futures. Les Corses sont curieux de leur histoire et du devenir de la terre nourricière. »
Liliane Vittori.
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