Liliane VITTORI (avatar)

Liliane VITTORI

CORSE JOURNALISTE CORSE

Abonné·e de Mediapart

414 Billets

0 Édition

Billet de blog 8 mai 2014

Liliane VITTORI (avatar)

Liliane VITTORI

CORSE JOURNALISTE CORSE

Abonné·e de Mediapart

L’Assemblée de Corse avance, délibère, vote mais le gouvernement Valls tergiverse

"Une solution politique à portée de main mais un blocage total ! Une situation insupportable. S’agit-il d’un déni de démocratie de la part du gouvernement ? » demande Gilles Simeoni à Bastia le 7 mai aux côtés des 11 élus territoriaux de Femu a Corsica.

Liliane VITTORI (avatar)

Liliane VITTORI

CORSE JOURNALISTE CORSE

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

"Une solution politique à portée de main mais un blocage total ! Une situation insupportable. S’agit-il d’un déni de démocratie de la part du gouvernement ? » demande Gilles Simeoni à Bastia le 7 mai aux côtés des 11 élus territoriaux de Femu a Corsica. Le processus d’évolution institutionnelle de la Corse est-il stoppé par le gouvernement ? Et ce malgré les votes de l’Assemblée de Corse ? Les élus de Femu a Corsica interpellent Manuel Valls à la veille d’une manifestation appelée à Bastia ( samedi 10 mai) par le collectif « Simu di stu paese » animé par la Ghjuventù Indipendentista. "Transformer la réalité vécue par les Corses ? » résume Jean-Christophe Angelini Conseiller Territorial. Ce pari tenté dès 2010 par les élus, nationalistes et autonomistes, devient selon Femu a Corsica «une dynamique de fond ». «Et un cycle se termine, l’Assemblée de Corse a fait sa part de chemin » ajoute Gilles Simeoni maire autonomiste de Bastia. Et ce, via des votes décisifs, révélateurs, inédits et considérés comme « inconcevables » il y a encore quelques années… Une majorité de conseillers territoriaux ont opéré une conversion politique, convaincus et conduits via une audacieuse logique de rassemblement, par le député PRG et Président de l’Exécutif Paul Giacobbi. Soit un Padduc (*) quasiment « altermondialiste », aux antipodes de la précédente mandature, conduite par l’Ump, et qui encensait les résidences secondaires. Et des votes sur l’autonomie énergétique, la co officialité de la langue, le statut de résident. Adopté par 29 voix pour, 18 contre et 4 abstentions : il est en ce moment étudié, amendé, adapté par la Commission des Compétences Législatives de la CTC, présidée par Pierre Chaubon, Conseiller d’Etat. Tout cela pourquoi ? Car désormais la revendication centrale, le verrou qui bloque le dialogue avec le gouvernement est « l’inscription de la Corse dans la Constitution » (votée 46 pour sur 51- sept 13 ). Reste à trouver la clé et transformer l’essai en une avancée institutionnelle majeure que l’Assemblée de Corse réclame, démocratiquement. Autisme ? A Bastia (7 mai), les élus de Femu a Corsica interpellent le gouvernement. Si des motions essentielles ont été actées par cette assemblée délibérante « à la majorité, parfois à l’unanimité », il semble, selon Femu à Corsica, que le processus actuel engagé avec la Ministre de la Décentralisation Marylise Lebranchu , soit stoppé. Plus inquiétant, il serait courcircuité par les annonces de Manuel Valls. Une  « réforme territoriale » globale appliquée à toutes les Régions. Quel est le projet réel du gouvernement pour la Corse ? La perspective politique d’une autonomie (à laquelle une majorité de Corses se rallient au fil des décennies) est elle irréversible, en regard de l’histoire et des évolutions européennes de l’Ecosse et de la Catalogne ? Significative d'un processus politique : la motion sur le statut de résident intéresse la Savoie et des secteurs littoraux et touristiques épuisés par la spéculation foncière. Véritable plaidoyer en faveur des territoires et des populations qui, in situ, les font vivre, il stipule ( art2) que « l’Assemblée de Corse réaffirme que les liens unissant les Corses à leur terre, du fait de l’insularité et de l’histoire singulière est un élément constitutif de l’identité collective des Corses ». Gilles Simeoni Conseiller Territorial, maire autonomiste de Bastia précise: « nous avons été patients. Nous sommes, nous resterons de bonne composition. Nous recherchons en permanence le dialogue. Nous avons été présents à toutes les invitations du gouvernement, sans en manquer une seule ! Toutes nos demandes d’un calendrier politique et d’une méthode ont été rejetées. Nous avons été à des réunions à la Préfecture de Région où l’on nous a parlé de la pluie et du beau temps. Nous sommes face à un blocage total de Paris et la situation politique est devenue insupportable. » La Corse de par son insularité, n’est pas une région qui se gouverne comme l’Ile-de-France ou la Champagne-Ardennes. Cette évidence est-elle bien intégrée par Paris ? Le processus d’évolution institutionnelle de la Corse est en panne, sans calendrier et sans projet politique. Et ce malgré les résultats des Municipales. Gilles Simeoni : « Di Capi Corsu à Bonifaziu, des centaines de nationalistes inscrits dans cette stratégie d’ouverture et de rassemblement ont été élus. Maires, adjoints, conseillers municipaux, qu’ils aient participé à des contrats de mandatures ou impulsé leur propre démarche, qu’ils se soient présentés dans l’urbain ou en milieu rural, ils ont contribué à dessiner un nouveau paysage politique. » Peut-on parler, de la part du gouvernement, d’un déni de démocratie qui contredit le pacte républicain ? Le maire de Bastia : « l’État continue, à ce jour, de traiter par la dénégation, voire le mépris, cette volonté d’émancipation de notre peuple. Cette attitude est irresponsable.» Le collectif " Simu di stu paese" précise : «le sens de ces revendications? Sauvegarder de manière urgente notre patrimoine matériel (terre, biens immeubles) et immatériel (langue). Pour la première fois un consensus au sein de la classe politique corse se fait autour de ces thèmes. Nous en avons tous conscience et il est l’heure de les faire appliquer. L’Etat français s’obstine à refuser toute avancée, et nous agite à tort les spectres de la constitution et du droit européen. En effet, aucune barrière n’est infranchissable : la constitution a été modifiée maintes fois pour diverses raisons, et le droit est adaptable, preuve en est le statut des îles Aland, état autonome associé à la Finlande et membre de l’UE. »

Liliane Vittori 

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.