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Billet de blog 9 juillet 2014

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SNCM. Petit mémo pour Ministres : connaissent-ils les mots « insularité » « trafic fret maritime » « lignes logistiques » ?

SNCM CORSE BASTIA 10 juillet. Un peu de pédagogie...  « Ile européenne","insularité », «trafic fret maritime », « économie de proximité » : les ministres et leurs conseillers connaissent-ils bien le sens de ces mots, leur réalité en Corse ?

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SNCM CORSE BASTIA 10 juillet. Un peu de pédagogie...  « Ile européenne","insularité », «trafic fret maritime », « économie de proximité » : les ministres et leurs conseillers connaissent-ils bien le sens de ces mots, leur réalité en Corse ? Peut-on parler d’incompétence, simulacre et « contre vérités » de l’Etat en Corse ? Résultats  probables de cette n ième grêve SNCM ? Des chèques d’indemnités pour les salariés de la compagnie publique… et hélas, des cessations de paiement-liquidations pour les socioprofessionnels de Corse, BTP, hôteliers, transporteurs, PME, exploitants agricoles, commerçants. Analyse de Paul Trojani Président de la CCI2B au retour de Matignon. Ce billet revient sur les mots essentiels de l’économie insulaire. Ceux que les politiciens ultra jacobins de Paris emploient, et ceux dont ils ignorent visiblement le sens. Et bonus, un texte éclairant de l’économiste Guillaume Guidoni ( LE DENI LE RIDICULE LE SACRIFICE à lire via le blog de Edmond Simeoni).
Ce jeudi 10 juillet les représentants de l'économie insulaire sont reçus à Matignon par le Premier ministre Manuel Valls.  Une rencontre tendue mais in fine positive ? C'est à voir...Les entrepreneurs ont obtenu : l'étalement des charges patronales (2e trim) et un effacement total de ces charges pour le 3e trimestre. C'est très insuffisant,  la mécanique de l'économie locale n'ayant rien à voir avec la gestion des entreprises publiques. Dans les rouages de l'économie sociale de proximité, il faut prendre en compte les emplois directs, indirects, induits ! Les impacts d'une telle grêve sont démultipliés. Les socioprofessionels de Corse demeurent très inquiets. La saison est-elle compromise ? Les entreprises sont face à des obligations: salaires à verser, commandes à honorer, emprunts à rembourser, possibles licenciements, clients perdus, flux commerciaux perturbés, tresoreries  en panne, relances bancaires etc... Il n'y a pas ici de déclaration de catastrophe naturelle ! Les chiffres de ce préjudice ? Paul Trojani Pd de la CCI Haute-Corse  au micro de Nicole Mari de CORSE NET INFOS : « La Corse et particulièrement son économie vont continuer de souffrir durablement de cette longue grève, organisée et médiatisée, à l’articulation de la saison touristique. Près de 200 rotations maritimes annulées, 50 000 mètres linéaires de fret impactés, annulés ou retardés, 230 000 touristes perdus… La situation économique est gravissime. Le retour à la normale du trafic ne se fera pas en quelques jours. J’ai insisté pour une action à 2 niveaux avec 2 plans. Des mesures d’urgence pour stopper l’hémorragie et sauver ce qui peut l’être. Je pense évidemment aux charges sociales et fiscales que ne pourront pas payer normalement les entreprises et les commerçants impactés. Un 2e plan de soutien et d’accompagnement pour sécuriser durablement notre économie des effets rémanents du conflit et de la dégradation de notre image". 
Selon Marc Simeoni « La grève de la SNCM coûte 7 à 8 millions € par jour à l’économie corse ». Lire aussi le papier de Nicole Mari dans Corse Net Infos 
Les conséquences de la grève de la SNCM , 17 jours de blocage de la desserte maritime publique ? Des dommages aussi pour l’image de la destination touristique corse ? Décryptage, pour Corse Net Infos, de Marc Simeoni (Conseil stratégique, économique et financier, Professeur à l’Université de Corse.) . Très ferme, Joseph Castelli ( Pd Conseil Départemental Haute-Corse) avait posé deux conditions non négociables à cette rencontre de Matignon : la libération du Kalliste et la prise en compte de tous les dommages infligés à l'économie insulaire.

A 11hrs ce matin 10 juillet : Le Kalliste a appareillé .  De nouveau libre de ses mouvements le navire de la Méridionale CMN a appareillé, direction Toulon, où il doit récupérer du fret, puis la Corse. La grêve des marins SNCM est suspendue le redressement judiciaire ou toute autre solution sont reportés avec un délai de 4 mois. Ce que le personnel aura gagné ? "La vérité ! ": selon la CGT-Marins.  Un peu de pédagogie vers les ministres ? Une économie insulaire fragilisée comment ça marche ? Au vu de la gestion d’une SNCM condamnée, sans anticipation, ni cap gouvernemental. Et au vu de la gestion jacobine, façon bras cassé, d’une grêve de 17 jours assortie d’un quasi blocus de l’île : parlons des mots que les énarques et conseillers spéciaux des ministères utilisent ou méconnaissent. Tout ceci se déroule alors qu’un pseudo dialogue gouvernement-élus de Corse, serait soi disant engagé, sur une possible évolution institutionnelle. La Corse et son réel « haut potentiel d’entrepreneur» est-elle menacée par la politique de Manuel Valls et de ses ministres, incapables de faire évoluer un modèle français moribond  et qui est la risée de l'Europe ? Ont-ils lu en mai, les  préavis de grêve, pourtant inquiétants, de la SNCM ?  Voient-ils dans notre île autre chose qu’un parc d’attractions pour touristes ? Un gouvernement qui, par la voix de B. Cazeneuve Ministre de l’Intérieur, se permet un triple niet sur les évolutions institutionnelles. Elles sont pourtant devenues vitales, les tensions actuelles le prouvent. Petit memo. Une économie fragilisée : comment ça marche ? Un peu de pédagogie vers les conseillers de Manuel Valls, hauts personnages, hauts fonctionnaires protégés, très bien rémunérés (à nos frais), issus de l’Ena et/ou des banques américaines (Rothschild et Bank of América lire dans Médiapart ).  Connaissent-ils la réelle signification in situ des mots « insularité », « économie de proximité », « saisonnalité », "ile européenne", « trafic maritime fret », « lignes logistiques », « recours indemnitaire », « économie solidaire », « développement local » ? Ces mots signifient ( dans la triste réalité actuelle des bilans comptables des socioprofessionnels et pas seulement en Corse ), des transactions fragilisées, à flux tendu et qu’un rien peut anéantir. A quoi servent les économistes du gouvernement ? Savent-ils que le trafic fret Corse-continent connait une pointe justement en début de saison touristique ? Les dégâts démultipliés du blocus SNCM sur la Corse et l’occupation du quai et du Kallisté à Marseille sont « inexorables ». Face à ce blocage de l’île : la réactivité combative des socioprofessionnels est remarquable elle révèle les recompositions politiques à l’oeuvre en Corse et en faveur de la Corse.   LV   Voici la réaction de Guillaume GUIDONI (www.corse-economie.eu)? Son texte est titré « Le déni, le ridicule et le sacrifice » « Le gouvernement et son représentant en Corse ont alterné depuis plusieurs semaines le déni, le ridicule pour finir avec le sacrifice ".  

Le déni.  Tout commence en juin dernier. Dans un entretien donné pour Alta Frequenza, le Préfet de Corse parle de reprise économique en cours en Corse. Il évoque un rebond de l'investissement et une situation globalement favorable dans la plupart des secteurs. Tout ceci est malheureusement complètement à côté de la plaque ! 2013 a été une année de récession (oui, l'emploi a reculé dans le secteur privé ! ). Tous les secteurs ont fini l'année dans le rouge en termes d'emploi (destructions partout, y compris les services). Le premier semestre 2014 a connu l'une des pires progressions du chômage enregistrée depuis que les données existent. Les offres d'emploi sont à un plus bas historique. Le flux de dépôts bancaire est tombé au plus bas depuis 2008. Le flux de crédit ralenti de plus en plus nettement. Les défaillances d'entreprises progressent. Le RSA progresse.  On avait donc, avant même que la grève de la SNCM débute, une appréciation de la situation en complet décalage avec la réalité. Le problème est que cela ne peut que refléter une erreur de jugement majeure des pouvoirs publics, qui pensent probablement qu'avec le PEI et une décennie 2000 qui fut positive, la Corse peut se payer le luxe d'une petite crisounette. Rien n'est plus faux.   Le ridicule .  Au déni a suivi le ridicule de déclarations successives visant à expliquer que la circulation maritime était tout à fait acceptable, sans rupture de charge pour le fret. Comment peut-on en arriver à un tel niveau d'absurdité en termes de communication ? Il y a là soit un vrai problème en termes de collecte d'information de la part des services de l'Etat, soit une absence de totale de compréhension des lignes logistiques avec Marseille et de la façon dont fonctionne les flux de marchandises et le tourisme au XXIe siècle. Dans les deux cas, c'est pas franchement rassurant. D'ailleurs, il serait bien que l'on ne rajoute pas à ce ridicule des discours creux sur les avantages fiscaux en Corse qui compenseraient. Parce que le ridicule ça passe encore mais la bêtise est moins pardonnable.  Le sacrifice   De façon explicite, le gouvernement a sacrifié l'économie de l'île aux intérêts de Marseille. Non seulement du fait du blocage des liaisons de la CMN mais surtout pour avoir refuser de régler le problème de la SNCM depuis des années. La SNCM doit être restructurer en profondeur. Tout le monde le sait depuis 10 ans. Cette restructuration sera douloureuse pour les salariés. Pour autant, les PME de l'île qui vont disparaître et les salariés qui vont perdre leur travail n'auront certainement pas droit à autant d'attention et à un joli chèque d'indemnité. GUILLAUME GUIDONI.

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