
Voici ici (cadeau!) le numéro spécial Cinquantenaire d’Arriti titré Tamenta Strada « un si long chemin » de luttes militantes nationalistes, menées sur tous les terrains, dans ce microcosme insulaire, grâce à cette synchronicité si particulière à notre île « matre universale». François Alfonsi directeur de la publication, maire d’Osani, ex eurodéputé, président du parti européen ALE (Alliance Libre européenne) revient sur la naissance d’ Arritti qui coïncide avec les débuts d’une prise de conscience de l’état désastreux d’une l’île sous-développée et abandonnée par l’Etat français, dans les années soixante: « Cinquante ans après le Traité de Rome, après mai 68, après le temps de la fraude électorale institutionnelle, et où l’exil était la règle pour l’étudiant ou le diplômé, tant d’autres images nous reviennent à l’esprit. Toutes situent la dimension historique de ce que nous fêterons ensemble. Il sera rendu hommage à ceux qui, après le long brouillard de l’après-guerre, ont rallumé la flamme du peuple corse, et de son ambition historique jamais démentie. Avec eux, grâce à eux, Arritti a proclamé le Peuple Corse et la Nation Corse par ses « unes » engagées. Il a accompagné toutes les luttes, Boues Rouges, Schéma d’Aménagement de l’Hudson Institute « ( projet touristique de « déménagement des Corses » ndlr), Aleria, Vaziu, Bastèlica Fesch, Bernard Bonnet, fraude électorale, spéculation foncière, défense de l’environnement etc… ».

Il faut être de cette île-montagne en Méditerranée, pour avoir vécu dans sa chair et dans la contemplation des paysages insulaires, ce que signifie l’exil, l’abandon des villages plus le sempiternel déni infligé par le jacobinisme parisien au pouvoir. La Corse n’est pas la seule victime de l’omnipotence de Paris et d’une oligarchie de fait, qui peu à peu syphone les forces vives de la France. Les Territoires principalement la ruralité et les régions périphériques, restent encore et toujours mal aimés et gravement négligés par un Etat ultra centralisé qui peine à gouverner avec équité. Il suffit d’écouter les ténors actuels de la campagne électorale pour la Présidentielle 2017. Pas un mot sur les territoires… Alors François Alfonsi se souvient comment se sont déroulées les premières conscientisations du fait colonial infligé à la Corse: « Au début, ils étaient une poignée. Des étudiants corses à spalluzzera ou de tous jeunes entrepreneurs. Ce qui leur a ouvert les yeux ? Le contraste saisissant entre une nation se hissant à la cinquième place des puissances mondiales, et la façon dont la Corse et les Corses étaient traités. Misère et sous-développement étaient notre lot, vécus comme une fatalité. La sortie, l’avenir ? C’était l’exil. Les études sur le continent, puis le travail dans une administration, la police, l’armée, la douane, la poste, l’éducation nationale… Vivre au village ? Vous n’y pensez pas… ». Dans ce numéro figure aussi un passionnant et essentiel témoignage de Max Siméoni fondateur et propriétaire du journal Arritti. Celui qui fût aussi député européen se souvient des débuts d’Arritti, de l’état de délabrement de la Corse et des longues années pendant lesquelles les militants et sympatisants du nationalisme ont subit les dizaines d’attentats commis par le groupuscule Francis composé de barbouzes qui comme leur nom l’indique agissent en service commandé. « C’était le temps de l’enthousiasme, de la foi des premiers « apôtres ».

Avertis quant aux polices parallèles dès le début, on a préservé le journal de la dissolution Je l’ai fait mettre au nom de ma mère et domicilié chez elle pour qu’aucun lien juridique ne puisse être établi. Ceci, avant l’affaire de la cave d’Aleria. Arritti a été un instrument au service de la cause du peuple corse. Il reste un journal de militants qui tire plus ou moins le diable par la queue… ».
Fabiana Giovannini, actuelle rédactrice en Chef de Arritti, est aussi Conseillère Exécutive Pè a Corsica en charge de l'Aménagement du territoire, l'Urbanisme, l'Energie et le Foncier : « À travers ces cinquante années qui défilent sous nos yeux, dit-elle, c’est la renaissance de la conscience nationale qu’Arritti a porté. Certes, pas seul, mais indéniablement, il est un acteur et un témoin de ces 50 années de vie du peuple corse. Il aura assisté, parfois participé, à cette évolution, d’une démarche de résistance et de combats, à une démarche d’affirmation et de gouvernance. Il a grandement contribué à ouvrir l’espoir. Ainsi, les débats qui ponctueront cet anniversaire, ce samedi 10 décembre au Théâtre de Bastia, marquent bien plus qu’un anniversaire. Une étape déterminante sur la longue route de la destinée du peuple corse pour sa reconnaissance, pour lui permettre d’affronter l’avenir. Et parce que c’est aussi et avant tout une belle fête à vivre ensemble, v’invitemu à fà festa cù mondu canterini in giru à noi. Arritti hè u vostru settimanale, sparghjìtelu cù noi, affaccàtevi sàbatu ! ». Edmond Siméoni visualise un futur plus harmonieux pour la Corse via une statut d’autonomie interne : « Le succès ne pourra être que collectif. Je suis persuadé que le Statut d’Autonomie Interne, au sein de la République française, négocié avec l’État, inséré dans la Méditerranée, son berceau naturel et dans l’Union Européenne, son avenir, est adapté à la solution de nos problèmes. » Sont invités à Bastia : l’eurodéputé Verts-ALE José Bové ce grand témoin européen, altermondialiste, défenseur de l’agriculture vraie, des savoir-faire et des produits du terroir,

José Bové est un véritable ami de la Corse. Ainsi que Josep Maria Terricabras eurodéputé et président du groupe ALE au parlement européen, voix officielle de l’ALE à Strasbourg et Bruxelles. Leader du mouvement indépendantiste catalan, au sein d’Esquerra Republicana de Catalunya qui siège au gouvernement de la Generalitat.
LV
Le programme du samedi 10 décembre
Ghjurnata d'Arritti "50 anni : tamanta strada" : prisintazione
La Ghjurnata d’Arritti « 50 anni : tamanta strada ! », organisée à l’occasion du
cinquantième anniversaire de la création du titre par Max Simeoni en décembre 1966, se
prépare. Elle aura lieu samedi 10 décembre 2016, au théâtre de Bastia, l’après-midi pour
les débats, et le soir pour une soirée de gala.
La soirée de gala est préparée par Minicale et Ghjiseppu Turchini. Une équipe de musiciens
rassemblée autour de Minicale accompagnera ceux des chanteurs qui se seront rendus
disponibles pour interpréter sur la scène du théâtre des chansons qu’ils auront choisies
ensemble et dont la progression évoquera « cinquanta anni : tamanta strada ! ». Ghjiseppu
Turchini sera sur scène pour assurer les enchaînements et le rythme de la soirée.
L’après-midi sera consacrée aux débats, et la manifestation sera organisée avec l’aide de
l’Alliance Libre Européenne. Le thème en sera le nationalisme corse, son Histoire
récente qu’Arritti accompagne depuis 50 années, et les perspectives d’avenir sur le long
terme pour la nation corse en Europe.
Deux débats s’enchaîneront dans la salle de réunion à l’étage, entre 15 h et 19 h30.
De 15h00 à 17h00 heures, le premier débat proposera un regard sur le chemin parcouru, ses
grandes heures et le saut qualitatif réussi il y a tout juste un an par la victoire à l’élection
territoriale. Ce premier thème aura pour point de départ des témoignages de participants
européens qui ont été avec nous lors de précédentes journées d’Arritti. José Bové, député
européen, le député européen catalan, président du groupe ALE au Parlement
Européen, Josep Maria Terricabras et le basque José Maria Munoa, ancien membre du
cabinet du gouvernement Ibarretxe, seront présents. Ils sont déjà venus ces dix dernières
années pour des journées d’Arritti et leurs interventions – tous sont francophones -
permettront de débattre avec la salle autour d’un « regard européen sur la Corse », et aussi
de leur perception de la situation suite à l’élection de décembre dernier. La table en
tribune sera animée par Fabiana Giovannini rédactrice en chef, et Max Simeoni, ancien
député européen.
Pour le deuxième échange, de 17 heures 30 à 19 heures 30, l’événement anniversaire de la
création d’Arritti sera l’occasion, après un demi-siècle de combat nationaliste, d’engager le
débat au-delà du temps immédiat : quel avenir pour la Corse, pour le peuple corse, pour
le mouvement nationaliste corse, etc... Intervenant juste un an après l’élection de décembre
2015, la journée d’Arritti servira de tribune pour poser un discours de long terme, tout à la
fois suite logique de 50 années de combat nationaliste, d’une année passée à la tête de la CTC,
et de la volonté d’amener le peuple corse vers son émancipation. Un échange suivra avec la
salle.
La table en tribune sera animée par François Alfonsi, directeur de publication d’Arritti,
et deux interventions introduiront le débat : Jean Christophe Angelini, conseiller
exécutif et secrétaire national du PNC, et Gilles Simeoni, Président du Conseil Exécutif.
A l’occasion de cet événement des « 50 anni d’Arritti » un numéro spécial sera publié avec
une contribution politique d’Edmond Simeoni.
Ces « 50 anni » seront aussi l’occasion de mettre en ligne la version internet du titre.
A l’issue du débat, un « spuntinu » sera organisé sur place et nous enchaînerons avec la soirée
culturelle. Il sera prévu une animation audiovisuelle pour la soirée de gala, des expositions et
plusieurs animations.