A Rogliano à la pointe du Cap : le Nouvel An Pisan dans l'histoire de la Corse.

Dans l’église pievane Santa Maria di a Chjapella: ce Nouvel An pisan a réunit un large public à la pointe du Cap Corse, aux côtés de Didier Cavaglieri Directeur CDC (Cap Corse-Marana Milieux Naturels Espaces littoraux et terrestres), des associations culturelles de Morsiglia et Canari, de Petre Scritte, de Ludovic Susini président des guides-conférenciers, de l’historienne Audrey Giuliani, de Michel Delaugerre naturaliste et de Cristianu Andreani. 

Au bout de la plage de Tamarone à la pointe du Cap, cet événement du Festivale
di a Ruralità s’est déroulé dans l’église Santa Maria di a Chjapella qui accueille l'exposition « De  Capandula à Santa Maria à travers le temps » , réalisée en partenariat Conservatoire du Littoral, Petre Scritte et la Collectivité de Corse. Elle détaille le passé pisan du site, son calendrier particulier qui fixe le Nouvel An au 25 mars, jour de l’Annonciation.

Pise en Corse?  Au XI éme siècle, les flottes de Gênes et Pise, commencent à neutraliser les invasions musulmanes en Corse et en Sardaigne, en s’affirmant comme les maîtres de la Tyrrhénienne, après des siècles d’attaques barbaresques. Des familles féodales insulaires se partagent le « Deçà » et le « Delà » des Monts, une limite administrative utilisée ensuite à la Révolution pour créer les départements du Liamone et du Golo. Dans le contexte des multiples rivalités féodales du Moyen-Age et des jeux d’alliances cruels de la Papauté, la République de Pise s'implante sur l’île en 1077, y organise le clergé, assure une présence militaire, verse au Pape une redevance annuelle. L’archevêque de Pise est « primat de Sardaigne et de Corse », la basilique de Mariana à Lucciana reconstruite, est inaugurée en 1114 . S’installe alors, au profit de l’île, une période de stabilité et de commerce en Méditerranée.

En témoigne les construction ou réparations de 3000 édifices religieux insulaires, chapelles et églises, après les dommages des invasions sarrasines. Toutefois, les attaques musulmanes n’ayant jamais cessé, la Papauté accorde des évêchés corses à Gènes en 1133 et l’île se retrouve menacée par les conflits européens entre la Papauté (alliée des Gibelins et de Pise) et le Saint-Empire (soutenu par les Guelfes et Gènes). Pise, cité italienne prospère domine laTyrrhénienne… avant de décliner après la chute de Jérusalem en 1187. Gênes s’est lentement implanté dans le sud, a conquis Bonifacio (1195), fondé Ajaccio et Calvi. Pise est vaincue en 1284 lors de la bataille navale de la Meloria et la Corse passe sous domination génoise.

Christian Andreani président du Centre Culturel San Martinu: « Pourquoi lancer une opération patrimoniale dans un monde ou tout ne va pas bien? Parce que nous avons besoin de repères, l’histoire de la Corse est une balise pour mieux imaginer notre avenir. Au moment où se prépare un statut d’autonomie, nous sommes sur ce site historique, sur un projet politique d’aménagement de notre territoire rural. Ici, on est absolument au bout de notre monde. On peut observer , pas moins de cinq tours génoises alignées face aux côtes de la Toscane. Pour bâtir notre avenir cette perception fine de notre histoire est vitale. Et ce Sentier des Douaniers, connait depuis 40 ans, une résilience remarquable avec les dispositifs anti-incendies, l’accessibilité du chemin littoral. Nos sites naturels, sont à gérer avec des politiques publiques de développement durable. »

Parmi les partenaires qui ont oeuvré à la valorisation du site : Jean-Paul Colombani  président de Petre Scritte, qui a accomplit un immense travail d’inventaire dans le Cap Corse, les associations culturelles venues de Morsiglia et de Canari, et Jean-Charles Adami, de Custoddi di u Creatu qui oeuvre auprès des jeunes pour la relance agraire raisonnée dans le Cap, à Pianallu et Aleria. Ainsi que les Confréries: Cunfraterna di a Pieve di a Serra, San Martinu di Patrimoniu, le Choeur des femmes de la Cunfraterna Santa Croce di San Martinu di Lota, la Santa Croce de Ville di Pietrabugno, la San Carlu di Bastia. L’exposition insolite « De  Capandula à Santa Maria à travers le temps », est une suite d’ex votos encadrés, qui raconte la chronologie du site, alimentée par les archives pisanes de la Certosa di Calci  (Chartreuse de Calci), qui dispose de documents remarquables sur la Corse lombarde et carolingienne. Le Parc Marin assure des visites commentées en été les week end.

Christian Andreani : « Ces confréries sont concernées par le projet du Conseil de l’Europe l’itinéraire Via Sancti Martini, dont nous inaugurons en septembre la première étape en Méditerranée à Patrimoniu. Ce site est un joyau de biodiversité, de patrimoine matériel et immatériel et tous les publics dont des jeunes et des ados, ont apprécié cette journée exceptionnelle, familiale et patrimoniale. Le but de notre itinéraire européen Via Sancti Martini? Mettre les gens ensemble, la somme des différences fait l’unité du projet au service du monde rural et de ceux qui l’animent. »