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Inspirés par le pardon, la résilience familiale et le handisport : « Pulsation » est un long métrage réalisé par Sebastien Roussin et imaginé par des détenus du centre pénitentiaire de Borgo dont Alain Doux et Jean-Marie Pittilloni. Dans l’univers carcéral, ces prisonniers sont parvenus à créer une antidote, qui se situe à l’opposé des clichés d’un cinéma parfois englué dans les codes du banditisme vindicatif. Et depuis l’intérieur du vrai parloir de Borgo, ces détenus jouent leur propres rôles de scénaristes engagés.
Intégralement tourné en Haute-Corse (Bastia, Vescovato, Sorbu, Borgo) il ne s’agit pas d’un film de prison, mais d’une histoire de rédemption, de résilience familiale, de natation, de para olympisme et de volonté. Un cinéma simple, direct, efficace qui bouleverse le spectateur dès la première séquence.. et qui ne le lâche plus. Le réalisateur Sebastien Roussin, ancien policier et auteur de théâtre, avait signé « L’Ultime rivage » en 2022 actuellement diffusé sur les plate-formes Apple TV et Amazon Prime.
En ouverture, en extérieur-nuit, sur une route de montagne, un accident de voiture tue le père et ruine les espoirs d’Antoine, ex futur champion olympique de natation interprétés par Léandre Bereni-Brière. Devenu lourdement handicapé, comment va-t-il trouver la force de se battre ? Qui va l’aider ? Comment va réagir sa famille déjà endeuillée? Autour du pardon moteur du film, gravitent des acteurs dont la vie réelle est souvent tout aussi extraordinaire que leurs personnages dans le film. Ainsi « la mère » est magistralement interprétée par Laurence Mondoloni-Leonelli…Dans la réalité, elle est médecin généraliste coordinatrice au centre pénitentier de Borgo. Le frère Nicolas (Allan Romantini rappeur corse) se montre d’abord débonnaire, inconstant, irresponsable jusqu’au drame qui va radicalement réorienter son existence.

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La tragédie, est minutieusement observée par « Jean » patron du bar local joué par Jean-Max Lhuillier « le premier à dire le fond de sa pensée » sur un drame qui atteint tout un village. L’histoire se déploie en décors insulaires mer et montagne, servie par une troupe d’acteurs eux-mêmes inspirés par un scénario qui emporte le spectateur loin des codes archaïques de la vendetta.
Un film pour remettre l’humain et le pardon au centre du jeu pour, précise le cinéaste Sebastien Roussin: « montrer que ce monde clôt peut s’ouvrir sur l’extérieur, que les détenus peuvent imaginer d’autres histoires, sans occulter leur ressenti, leur nécéssaire introspection, le sens qu’ils donnent à leur détention, et comment ils la mettent à profit pour évoluer…Ce film est né d’un projet pénitentiaire, oui il s’agit d’évacuer l’étiquette de détenu et mettre de l’humain au centre. » D’habitude c’est plutôt la vengeance et pas le pardon, qui inspire les auteurs.
Et ici le scénario, écrit pas des prisonniers prends le contre-pied et propose une autre image de la Corse: « La vendetta signifie les inimitiés qui se perpétuent et des haines profondes.

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J’aime cette réplique « Pardonne mais n’oublie jamais… » Le pardon reste indispensable si on veut progresser et la vendetta, n’a jamais fait avancer les choses, ne faisant que causer des drames en cascade et justement la vendetta ne fait que remplir les prisons ! Des prisonniers ont imaginé cette histoire de pardon, parce que eux-aussi ils sont là pour donner un sens à leur peine. Un emprisonnement, ce n’est pas juste quatre murs c’est aussi réfléchir, savoir se pardonner à soi-même et pardonner aux autres ce qui ne veut pas dire oublier. »
Quel serait l’impact social potentiel de « Pulsation »?

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La Communauté d’Agglomération de Bastia est partenaire de cette opération. Emmanuelle de Gentili Vice-Présidente de la CAB : « Avec la direction de la Prévention, de l’Inclusion et de la Citoyenneté, nous travaillons avec les films de Sébastien Roussin sur le handicap, les violences faites aux femmes, les vulnérabilités, les addictions. Pour organiser des tables rondes vers les professionnels, les détenus, les jeunes, tous les publics et les secteurs de la santé ainsi que les associations. Nous apprécions ses films engagés, ses messages forts pour lancer des échanges gagnant-gagnant pour sensibiliser à ces problématiques très lourdes, les violences, les addictions, les handicaps. »