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TERRA DI CATONI dans le CAP CORSE. La relance touristique antidote à « l’expatriation »?
Christian Mons-Catoni une destinée exceptionnelle, où s’entremèle l’amour de la terre de Corse et le savoir-faire en management d’un industriel, après une carrière chez Thalès dans l’électronique de défense . Terra di Catoni née à Cagnano est la preuve flagrante qu’on peut produire et commercialiser les vins et huiles d’un domaine familial ressuscité, via un petit réseau de restaurants-boutiques. Le tout associé au Festival de Porticciolo et au Guide touristique et culturel du Cap Corse, de Bastia à St-Florent publié par Terra di Catoni.
Christian Mons-Catoni héritier d’une propriété de 25 hectares est le maître d’oeuvre et l’investisseur de ces structures capcorsines qui fonctionnent en synergie comme des filiales. Pour lui, il s’agit en priorité de créer de l’emploi local significatif. Ce n’est pas une utopie « si on veut que la Corse devienne autre chose qu’une terre d’expatriation ». Cela démontre qu’une relance touristique, équilibrée et patrimoniale de la filière hôtelière insulaire, n’est pas cet épouvantail parfois tant décrié, qui serait un ennemi de l’environnement et de la nature. Quelle méthode pour créer du développement territorial et en toute logique de l’emploi local?
Pour construire Terra di Catoni, son fondateur Christian Mons-Catoni s’appuie sur son savoir-faire d’industriel: « en réfléchissant à la succession, à l’entretien futur d’un tel domaine, je décide en 2000 de relancer l’exploitation, de défricher, remembrer, racheter des surfaces, replanter d’abord les oliviers puis la vigne. Un défi hasardeux face à la concurrence mais je voulais un domaine auto suffisant. Après l’huile nous faisons du vin avec l’aide du Domaine Pierretti. A l’origine, c’est sentimental, mon grand père, vétéran de 14-18 et ingénieur Sup-Elec à la SNCF en rêvait ! Il en parlait, on va refaire une ferme! ». Depuis la terrasse du restaurant-épicerie de Porticciolo donnant sur la mer Tyrrhénienne il ajoute : « dès 2013, je suis confronté à la commercialisation des produits. L’Odarc conseille d’ouvrir une boutique en bord de route. Pourquoi pas ? On a commencé avec les assiettes gastronomiques puis un restaurant-épicerie donnant sur l’Archipel Toscan. Puis un 2ème établissement à Maccinaggio sur le port et un 3ème à Erbalunga avec parking. Nous ouvrons un Terra di Catoni à Bastia fin 2022 près de la Place du Marché, là où il faut être, là où ça se passe!»
La fibre entrepreneuriale au service du Cap Corse

Marketing, management, gestion, emploi : comment construire un tel ensemble dans le rural…quant on a été un dirigeant du CAC 40 spécialisé dans l’aérospatiale et l’électronique de défense, passé par la Sogitec, l’américain Control Data, Thomson-CSF, Panhard et Thalès? Tourné vers les paysages idylliques de son enfance Ch. Mons-Catoni: « après les huiles d’olive et les vins à Porticciolo, il fallait bâtir un groupe homogène de taille critique. Dans une affaire, il faut être suffisamment gros pour pouvoir supporter les charges. Au début, je faisais tout, et tout seul, et rien qu’une seule boutique c’est énormément de travail et pas beaucoup de chiffre d’affaire! Maintenant ici on a les moyens d’avoir des collaborateurs. Il y a un régisseur du domaine, un régisseur des boutiques. J’ai crée 25 emplois permanents et saisonniers : ouvriers agricoles, cuisiniers, serveurs, secrétaires, comptables, vendeurs. Je viens de l’industrie de défense, j’étais vice-président du groupe mondial Thalès qui fabrique des radars et des systèmes de défenses. J’ai des notions de management, de gestion, de marketing, de communication, de commerce, ça m’a évité certaines erreurs même si j’en ai fait comme tout le monde. Mais je suis fier d’avoir racheté Panhard Défense au groupe PSA , une belle endormie qui végétait, je l’ai réveillée, restructurée, relancée, revendue 3 fois le prix. »
La même fierté pour Terra di Catoni? Ch. Mons-Catoni visualise l’avenir du Cap Corse via une analyse socio économique radicale et iconoclaste. Mais qui pourrait un jour inspirer les décideurs insulaires? Ch. Mons-Catoni : « ici mon succès c’est le réseau de distribution qui apporte les bénéfices et j’ai le projet d’un hôtel 4* à Meria, basé sur l’oeno tourisme. Je constate, que les habitants comme les élus, ont une conscience floue du développement. Exceptés les spots touristiques insulaires qui sont des caricatures anarchiques et déséquilibrées: le problème reste le défaut d’infrastructures publiques et privées. Le Cap Corse est une région magnifique et désolée même si les routes sont améliorées. Les hébergements manquent, les touristes font 150 km à toute vitesse…et pas d’hôtels. Il y a 400 lits, il en faudraient 4000! Certains politiques semblent hostiles au développement et je persiste à dire, que sans infrastructures, ils condamnent les jeunes à l’expatriation professionnelle vers le continent. Pourquoi la Corse département normal est-elle aussi pauvre, avec dans le Cap Corse 40% de chômeurs ? Certains élus sont hyper partisans de la protection de l’environnement, in fine cela veut dire qu’on protège la misère qui génère du potentiel d’expatriation. Ici les jeunes ne trouvent pas d’emploi … mais on ne trouve pas de personnel non plus ! Ceux qui travaillent partent et ceux qui restent veulent le RMI. »
Etape ou point de départ ? Le sublime guide du Cap Corse de Bastia à St-Florent, publié par Terra di Catoni est un évènement unique. Il déroule sur 240 pages de papier glacé, ses photos, ses églises, ses tours, ses châteaux d’Américanos. Plus des notions historiques et tout sur l’architecture capcorsine, plus les bonnes feuilles littéraires, les cartes, les ports, les infos sur les plages, les randonnées, la Route des Sens authentiques, les adresses des artisans et producteurs locaux. Pourquoi un évènement? Parce que, dominés culturellement par la France et ses médias mainstream, les Corses ont trop souvent oublié de valoriser leurs immenses et exceptionnels trésors patrimoniaux…contrairement aux Italiens, aux Espagnols, aux Croates qui en tirent des bénéfices essentiels et sans dénaturer leurs paysages. Les investissements considérables et la logique d’entreprise implementés par Christian Mons-Catani est exemplaire, car elle se veut avant tout territoriale et créatrice d’emplois locaux .
Liliane Vittori