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Billet de blog 14 mai 2017

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Une «moralisation de la vie publique» à l’Elysée mais sans la Corse?

La Corse espère la « moralisation de la vie publique » promise par le président Emmanuel Macron… mais en ce jour solennel de passation des pouvoirs, on a entrevu à l'Elysée, Paul Giacobbi, député sortant condamné (avant appel) à trois ans de prison ferme pour détournements de fonds publics. Camouflet pour la justice ?

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Une ascension fulgurante, un parcours politique exceptionnel pour le président Emmanuel Macron, une réussite exemplaire et méritée et une vision revigorante pour la start-up France… toutefois la journée a parfois été vécue en Corse, comme un camouflet pour la juridiction financière de Bastia, le Procureur de la République et le Tribunal Correctionnel de Bastia. Alors que la première réforme prioritaire annoncée par la président Emmanuel Macron sera la « moralisation de la vie publique » : on a aperçu ce matin un invité tout à fait déplacé et hors de propos lors de la cérémonie de passation des pouvoirs à l’Elysée. A savoir le député sortant Paul Giacobbi (Hte-Corse), non candidat aux Législatives, ancien président de la Collectivité territoriale de Corse, tout souriant devant les ors de la République. Pourquoi ce descendant d'une dynastie politique très respectée en Corse n’a-t-il pas souhaité se présenter à nouveau devant les électeurs et électrices de sa circonscription Calvi-Corte ? Simplement parce qu’il a été condamné en janvier dernier , à 3 années de prison ferme, plus cinq ans d'inéligibilité, plus 100 000 euros d'amende pour détournement de fonds publics dans l’affaire des Gîtes ruraux quand il présidait le Conseil Général 2B. Ce n'est pas rien. Sous réserve de la décision du tribunal en appel : il est clair que pour les insulaires, avoir aperçu P. Giacobbi à la télévision dans la Salle des Fêtes du Palais présidentiel, a été un choc et un déni de justice. En effet, Nicolas Besonne, procureur de la République, avait estimé lors du procès en janvier que Paul Giacobbi avait été « le grand ordonnateur de ce système qu'il a mis en place à son bénéfice exclusif ». Lequel consistait , pour ses affidés, à détourner environ 500 000 euros de subventions publiques au profit de maisons individuelles, et aux depens des fonds accordés à la construction de gîtes ruraux en Hte-Corse. Après tout le vol, la prévarication, l'entre-soi et la corruption ont prospéré depuis la Bible et même avant… Mais alors que signifie la présence à l’Elysée d’un tel représentant d’un clientèlisme obscur et mafieux poursuivi par la justice ?

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Si E. Macron,  qui a parlé ce matin de « renaissance » reste « une belle personne pour un vrai renouvellement » ( dixit B.Bonnel exceptionnel entrepreneur et actuel candidat à Lyon): quel est le traitement présent et futur qui sera infligé à la Corse avec un tel signal ? Alors que le père des époux Marc et Sophie Ferracci ( amis intimes du Pd Macron), serait selon Médiapart et les jugements des tribunaux,  propriétaire de deux villas illégales à Bonifacio : que signifie ce positionnement surprenant du Président E.Macron ?

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Un couac méprisant ? Une bévue? Une erreur dans la liste des invités ? On ose la question : pour le Président E. Macron,  la Corse fait-elle partie, de cette République qui sera enfin moralisée ? Ce jour, Corse-Matin titre : « Macronistes de Corse : chevaux de Troie de la Giacobbie », en évoquant la proximité des 4 candidats LREM avec P. Giacobbi, ex président de la CTC ex homme fort de Corse, maintenant déchu, sauf pour les réceptions officielles à l’Elysée. Attendons la suite… Néanmoins, on a constaté avec déception, que la cérémonie de passation des pouvoirs à l’Elysée et la réception à l’Hôtel de Ville, ont été des moments de pur jacobinisme, peuplés certes de hauts fonctionnaires et d’élus et élues remarquables, mais aussi de courtisans télévisuels et de carrièristes. Paris se regardant comme toujours le nombril. Aucune référence, ni présence affirmée, ni représentation symbolique des Territoires et des Régions et non plus que de la Corse.

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Une île qui a demandé son Inscription dans la Constitution, et qui sera la première Région, dotée en janvier 2018, d’une Collectivité territoriale unique. Les élus de Corse n’ont pas été invités. Il est vrai que Gilles Simeoni, Pd du Conseil Exécutif de Corse, qui a réçu avec courtoisie E. Macron, et qui a appelé à voter pour lui, va conduire une liste autonomiste aux Territoriales de décembre 2017, avec déjà des candidats aux Législatives, via une liste d’union opposée aux candidats de la République en Marche LREM. Aujourd’hui à Paris, on leur a préféré Paul Giacobbi, un has been qui s’est couvert d’opprobre dans son île. Il n’est pas certain que le calcul politicien du Pd Macron s’avère productif. Le Dr Edmond Simeoni prédisait hier 13 mai  : « L'élection présidentielle laisse un gout amer de morale bafouée, d'implosion large, de rejet populaire, de choix par défaut, de factions antagonistes et arrivistes. Sans autocritique, sans courage, sans volonté ferme, sans luttes, sans sacrifices partagés, sans convergences organisées, sans une Europe forte et fédérale, la France, centralisée, aux atouts innombrables - et dont nous dépendons actuellement, il faut le rappeler - ne trouvera pas de solution durable, équilibrée, démocratique pour se sauver et échapper au déclin qui la menace. Est-elle encore capable de se remettre en cause ? De se mettre au travail, de construire dans l'adversité, externe et interne, une République plus modeste, moins arrogante, réellement respectée et qui ait encore du sens ? Un challenge difficile… ». E. Simeoni a aussi tweeté : « Mr Strdoza, ancien Préfet de la Corse, nouveau Directeur du Cabinet de E Macron . Républicain féroce. aux antipodes des aspirations du peuple corse. ».

Illustration 5

Le président Emmanuel Macron a déclaré ce matin lors de son discours d’investiture: « Nos institutions, décriées par certains, doivent retrouver aux yeux des Français l'efficacité qui en a garanti la pérennité. Car je crois aux institutions de la Ve République et ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour qu'elles fonctionnent selon l'esprit qui les a fait naître. Pour cela je veillerai à ce que notre pays connaisse un regain de vitalité démocratique. les citoyens auront voix au chapitre, ils seront écoutés ». La justice, le travail des tribunaux, les investigations sur la corruption  seront-elles enfin reconnues comme le socle d’une République enfin exemplaire et non politicienne? 

LV

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