Même si le "No" gagne à Edinburgh, le mot « amitié », disparu du vocabulaire politique, pourrait refleurir en Ecosse. Et repousser les sombres pronostics d’un prochain éclatement de l’Europe. De nombreux élus (es) autonomistes européens seront en Ecosse cette semaine, pour clamer les valeurs fondamentales de la solidarité. Dont une délégation corse conduite par Gilles Simeoni maire de Bastia et François Alfonsi Président de l'Alliance Libre Européenne. In fine, qui a peur du référendum écossais ? Pour faire court : deux grands communicants dénoncent le oui à l’indépendance écossaise. Le Fonds Monétaire International (FMI) et David Cameron premier ministre conservateur du Royaume-Uni. Ce bloc idéologique compact intègre des entités non élues, et diffuse en priorité la propagande des oligarchies financières. Comme un impitoyable jeu de manipulation permanente des opinions publiques. Le FMI s’inquiète (?!) Le FMI s’inquiète : « une victoire du oui serait source d'incertitude économique et susciterait des réactions négatives sur les marchés ». Il y a de quoi s’affoler « de ce saut dans l’inconnu » selon les mots de David Cameron. D’autant que, vu de la stratosphère, une coalition de près de 24 Etats se prépare à re bombarder les populations civiles d’Irak et de Syrie. De quoi jeter sur les routes et en mer, des millions de réfugiés qui arriveront bientôt sur les rivages de la Sicile, de la Grèce, de Malte. Une hypothèse sur laquelle la Commission Européenne, présidée par Jean-Claude Juncker, s’exprime peu, alors que son principal résultat reste le chômage de masse. Et qu’une Ecosse comme une Catalogne en sécession seraient exclues d’une Europe en voie de « balkanisation ». Une « contagion » gagnerait l’Irlande, le Pays de Galles, la Catalogne, l’Euskadi, la Corse, la Flandre, le Tyrol…Une probabilité qui s’éloigne. En effet, selon notre confrère Les Echos « un nouveau sondage annonce une victoire du « non » avec 54% des voix , contre 46% pour le oui des indépendantistes , mais sans tenir compte des indécis » (Institut Survation) ». Que pèsent ces petits pays européens dans les grands déséquilibres planètaires ? Les élus séparatistes préconisent des solutions de proximité pour plus de démocratie, plus de justice sociale, plus d’initiative économique et une fiscalité indépendante. Parlant « d’amitié »et « d’espoir », des mots devenus rare en politique, de nombreux élus (es) autonomistes ou indépendantistes européens seront à Edinburgh, qui cette semaine, sera le centre du monde. Voilà qui donnera, quelque soit le résultat du scrutin, un nouvel élan aux valeurs européennes. Selon les principes démocratiques de la Charte des Droits fondamentaux de l’Union européenne fondée « sur les valeurs indivisibles et universelles de dignité humaine, de liberté, d’égalité et de solidarité ». Une délégation politique insulaire est attendue en Ecosse, conduite par Gilles Simeoni maire de Bastia et François Alfonsi Président de Europeen Free Alliance EFA/ ALE Alliance Libre Européenne fédération de partis européens ) et membre du PNC partitu di a Nazione Corsa. Qu’attendre d’une rencontre avec Alex Salmond Président du Scottish National Party et Premier ministre de l’Ecosse ? Gilles Simeoni maire de Bastia Conseiller Territorial Femu a Corsica : « on va lui dire qu’on est un petit peuple de Méditerranée. Et que nous regardons avec amitié et enthousiasme ce que le peuple écossais construit démocratiquement. Quelque soit le résultat ponctuel du référendum il y a un mouvement puissant européen d’ensemble, irréversible. Les peuples et nations forgés au fil des siècles vont désormais inventer et choisir leurs destins. Pour le peuple écossais laborieux, attaché à sa terre, à son histoire, à ses traditions, on ressent une sympathie, une solidarité, une amitié au-delà du rationnel. » Que penser du parcours de Alex Salmond ? « Il s’est construit de façon pragmatique, les évolutions individuelles des dirigeants autonomistes accompagnent des mouvements sociaux puissant. En Corse aussi, nous avons des hommes et des femmes, issus du système traditionnel qui ont progressivement mais fortement évolué vers la prise en compte de la dimension identitaire, la valorisation de la langue, de la culture, vers l’urgence d’un modèle économique compétitif et soutenable, des idées appelées à être majoritaires. ». S’inspirant de la dévolution écossaise et des communautés autonomes d’Espagne et face aux accusations de repli et d’égoïsme économique Gilles Simeoni précise: « il faut s’inspirer de ce mouvement d’ensemble et le décliner en local, selon les contextes et singularités particuliers et spécifiques. La tendance de fond c’est l’emergeance de courants politiques nés des identités historiques et l’essentiel demeure la volonté populaire, la construction démocratique. La Corse n’est ni l’Ecosse, ni la Catalogne, à nous d’imaginer notre propre modèle et notre architecture institutionnelle. Un petit peuple comme nous doit être reconnu au plan européen. Non seulement nous ne sommes pas riches mais nous sommes pauvres ! Et nous avons été appauvris historiquement par un système fondamentalement inégalitaire avec une dimension qu’on est obligé de qualifier de coloniale, avec des lois douanières qui ont pendant un siècle systèmatiquement démembré et détruit l’économie corse qui à l’époque existait. La revendication du peuple corse est humaniste, généreuse , solidaire et aux antipodes de tout repli identitaire, de toute rejet de l’autre. » En tant que Pd de EFA et membre de PNC de Corse et ancien eurodéputé François Alfonsi s'exprime sur le message des autonomistes de Corse : « le droit à l'autodétermination, c'est ça l'essentiel. J'espère que le oui l'emportera en Ecosse, mais, d'ores et déjà, ils ont gagné ce droit à l'autodétermination. D'autres nations suivront, à commencer par les Catalans. C'est un mouvement historique pour l'Europe qui se concrétise aujourd'hui. » Comment réagissent les médias dominants espagnols, français, anglais ? « Il y a un refus collectif de mesurer la dimension de ce qui se passe en Catalogne, deux millions de manifestants ce 11 septembre à Barcelone pour exiger un referendum d'autodétermination. Pour les politiques, pour la plupart des journalistes, surtout en France, l'Etat-nation est un dogme. Pour eux, imaginer que ce modèle puisse être refusé démocratiquement par deux grands peuples d'Europe, et qu'il pourrait l'être par d'autres, c'est inconcevable. A Londres ils ont voulu croire jusqu'au bout que le « yes » serait minoritaire : leur réveil au vu des derniers sondages les plonge dans une sorte de panique. A Madrid, ils s'enferment dans le déni et à Paris ils minimisent systématiquement ces dossiers. »
Liliane Vittori
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