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Billet de blog 16 décembre 2023

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Cardinal F-X Bustillo « Je reviendrais c’est important pour la Corse ! »

Le Cardinal François Bustillo en visite d’amitié à Agri’sgiani Vescovatu: un signe et un tournant pour une agriculture fragilisée? Si les filières vin et agrumes accumulent les réussites, d’autres sont menacées de disparition.

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IL A DIT  « JE REVIENDRAI C’EST IMPORTANT POUR LA CORSE !».


Le Cardinal François-Xavier Bustillo en visite d’amitié à Agri’sgiani Vescovatu: un signe et un tournant pour une agriculture fragilisée? Si les filières vin et agrumes accumulent les réussites, d’autres sont menacées de disparition. Dans le secteur de l’agro-pastoralisme, toutes les politiques dites de « soutien » sont en échec et les éleveurs de montagne se présentent eux-mêmes comme « Les Derniers des Mohicans ». Pourtant comme l’explique Joseph Colombani Président de la Chambre d’agriculture 2B, une dynamique remarquable est en marche pour créer du lien entre les Corses et leur agriculture.

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Il a dit « Je reviendrais c’est important pour la Corse ! » Et ça vaut de l’or, le charisme du Cardinal Bustillo, entre en résonance avec la stratégie d’Agri’sgiani, afin de réconcilier (enfin) les Corses avec leur agriculture. Et qui sait pourquoi pas réconcilier (un jour peut-être?) les décideurs technocratiques avec l’agriculture? Les politiques publiques insulaires dites de « soutien » seront-elles bientôt plus offensives et radicalement protectrices des petites entreprises familiales, abandonnées et bien seules sur leurs exploitations notamment pour l’élevage en montagne? 

Dans les travées de Agri’sgiani, le Cardinal a montré sa sincérité d’homme et sa compassion de missionnaire, distribuant à chacun son écoute bienveillante. Toutefois, il ne faut pas l’oublier, derrière la joie de la fête, se cachent l’anxiété, la misère de rémunérations sordides, les bénéfices toujours engloutis par les aléas. Toute la réalité des bergers et des éleveurs ovins et caprins de Corse, en grande souffrance.

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A Vescovatu pour « Agri’sgiani Terze Edizione 18 et 19 novembre »: 80 exposants, toutes les filières représentées plus des concerts, un giga à veau la broche, l’assiette d’agneau de lait, une ferme d’animaux, le Porc corse, les bovins, le Café St Jean, le miel, les vins de Corses, la biscuiterie, la charcuterie. 

Et les savoureux fromages, migliacci et falculelli de Johanna Barazzoli éleveur et traiteur fermier à Caporalino (Omessa). Les yeux dans les yeux, quand elle s’adresse au Cardinal Bustillo, son diagnostic reste hélas profondément lucide et pessimiste. Avec ses 150 chèvres, ses 50 brebis, ses 30 vaches allaitantes et toute son énergie inépuisable, elle ose les vérités qui devraient sérieusement préoccuper les décideurs insulaires. Johanna Barazzoli : « Nous sommes les Derniers des Mohicans ! J’ai un fils mais dans quinze ans aurons-nous encore des agriculteurs en Corse? On essaie. On s’accroche. On tient bon! On fait le maximum mais c’est très difficile avec la fièvre catarrhale des brebis qui nous frappe en plein! On a énormément de problèmes, certains exploitants ont du mal à payer leurs factures, à sortir un revenu minimum, de moins en moins de jeunes s’installent dans le caprin en race corse. La Collectivité de Corse devrait nous soutenir mais elle ne le fait pas assez ! Nous on se bat, on va aux réunions, on est là, on espère continuer à vivre. Pour le moment on survit! Il faut que les autorités nous suivent avec des indemnités pour compenser les pertes et les brebis mortes de la fièvre catarrhale. Tous nos troupeaux sont en grand danger Quand les bêtes meurent comme ça en début de saison c’est grave.  Idem pour les aides de la PAC, beaucoup n’ont rien touché. » Lentement mais surement, la mondialisation sans freins et la haute technocratie de Paris et Bruxelles tuent l’élevage de montagne à petit feu… Johanna sera t elle entendue Là-haut?

Mgr Bustillo : « On a besoin des avocats, médecins, notaires et prêtres mais on a besoin des agriculteurs trois fois par jours! Ils nous nourrissent, ne pas l’oublier. Dans le rural on a un patrimoine naturel unique, c’est important que le Cardinal de Corse soit là pour soutenir les agriculteurs et tous ceux qui travaillent la terre, les bêtes, tous ceux qui nous font vivre!  Et nous donne la force d’aller de l’avant. Dans la Genèse, Dieu crée le Jardin et le donne à l’Homme. Nous avons la responsabilité d’accompagner la Création, la Nature et les cultures. Nous sommes là pour ça. » Joseph Colombani Président de la Chambre régionale d’Agriculture :   « Le Cardinal a compris l’attachement du peuple corse à sa terre, sa tradition, son patrimoine, le coeur profond de la Corse. Il est dans son élément ici. Il vient au contact, recherche l’authenticité et l’âme profonde des Corses façonnée par ruralité, les combats avec et contre la nature, les hostilités, il a senti ça. »

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Un tournant cette visite ? «Oui c’est une reconnaissance du travail et de l’idée qu’on avait au départ de donner de l’amplitude à Agri’sgiani qui le mérite afin d’installer dans les consciences populaire, l’idée que l’agriculture a toute sa place en Corse. Comme il annonce revenir, c’est un défi pour nous de l’accueillir encore mieux l’année prochaine. »

Les perspectives sont toutes arrimées au « consommer local » et à la production ici de cérélales qui est la clé : «  On ne peut pas continuer l’élevage sans produire les céréales en Corse. Car c’est totalement fou, la céréale, côtée en bourse, fluctue selon les spéculations. Nous travaillons sur l’acclimatation de semences résistantes à la chaleur , Notre objectif? L’autonomie céréalière en consommation humaine et animale et une politique sur le foncier qui dispose d’un immense potentiel car les espaces stratégiques agricoles totalisent 100 000 hectares et seulement 30 000 sont exploités. »

Concernant l’agro-alimentaire insulaire toutes les politiques dites de « soutien » se révèlent être in fine des échecs puisque les exploitations disparaissent sans repreneur. Pourtant la Corse avance avec comme d’habitude une accumulation de médailles au Concours général agricole 2023 : 5 pour l’huile, 1 pour la Charcuterie, 48 pour le vin, 1 pour la bière, 2 pour l’eau-de-vie, 4 pour le miel, 7 pour le fromage, 2 pour les confitures.

 Liliane VITTORI

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