Convertir tout un lycée insulaire à la non-violence et pourquoi pas en faire un projet éducatif au long cours ? S’agit-il d’une illusion, d’une résilience, d’un contre-pouvoir ? A petits pas en douceur , les savoir-faire de la non-violence attirent tous les publics : en milieu scolaire, en entreprise, à l’université, en famille, en société. « Ecouter la colère, écouter la souffrance pour la transformer en énergie positive. La Non- Violence est à la fois une résistance mais également un équipement de vie pour entamer une régulation apaisée des conflits dans la famille, dans la société, dans la vie publique »: Jean-François Bernardini Pd de l’AFC-UMANI résume le coeur de son engagement en faveur de la non-violence. Illusion ? Depuis 2011, la « nv » commence à essaimer à Marseille ( Rectorat des Bouches-du-Rhône), au Ministère de l’Education Nationale pour la formation des Professeurs des Ecoles. Et en Corse particulièrement dans les établissements scolaires à l’initiative de AFC-Umani avec le concours du rectorat et du Ministère de l’Agriculture. Au Lycée Agricole de Sartène, deux sessions distinctes se déroulent les 20 et 21 janvier pour les étudiants et pour les enseignants du lycée et des collèges proches. Raphaël Lorenzi Conseiller Principal d'Education pilote l’opération : « C'est la 2e année que le lycée agricole s'investit dans une formation à la non-violence. Dans le contexte des incivilités et agressions en milieu scolaire, nous constatons que l’ensemble de la société est touché aujourd’hui par la violence. Cela n’est pas particulier à la Corse. C’est un constat banal, les problèmes de la vie sociale, de la crise économique se répercutent forcement sur la vie des établissements. Et il est trop simpliste de dire que rien ne se passe et que l’on ne voit rien ! Ici nous avons décidé de ne rien laisser passer. Nous avons eu un élève qui été bouc-emissaire et on est parvenu a traiter le problème par l’éducation de sa classe à la non-violence. » Un programme ambitieux sur 5 ans. Le saviez-vous ? Le déni du conflit, de la maltraitance se situe aux antipodes de la non-violence qui est une conscience aigüe, une observation éveillée et active face aux comportements violents. Raphaël Lorenzi surveillant général responsable de la politique de l’éducation scolaire in situ poursuit : « nous souhaitons amplifier ce mouvement et augmenter le nombre des personnes qui participent. Ces formations ne sont pas obligatoires. C’est une démarche personnelle basée sur le volontariat. » Le Lycée enregistre 6 inscrits côté personnels pour lundi 20 janv. et une quinzaine d’élèves ( 16-20 ans) pour le 21 janv. Un début lent mais qui annoncerait un mouvement en profondeur. Sartène : un site pilote expérimental ? Une résilience? En Corse le Lycée Agricole de Sartène est le premier établissement qui pose la non-violence comme projet éducatif pour les 5 prochaines années : « sur la problématique de la non-violence, le savoir-faire des enseignants est fondamental, c’est notre coeur de métier ajoute le Conseiller d’Education La première étape pédagogique porte la gestion des conflits. La deuxième phase, dans un avenir plus lointain, consiste à faire de la non-violence un mode de fonctionnement. Le seul moyen d’avancer dans notre société repose sur le dialogue sur le savoir discuter, le savoir accepter l’autre, l’entendre et construire avec lui . C’est la démocratie ». En interne à Sartène cela signifiera « mettre face à face deux publics, l’équipe éducative et les élèves, pour qu’ils créent ensemble de nouvelles règles de vie commune un nouveau règlement intérieur scolaire ». L’AFC-UMANI développe aussi des projets de diffusion de films sur la non violence et de la biodiversité. Un projet rarissime dans le paysage scolaire français. Quand aux élèves du Lycée Agricole de Sartène comment perçoivent-ils ce projet ? « Je ne suis pas convaincu qu’ils soient en attente de quelque chose de précis sur la non-violence explique Raphaël Lorenzi. Comme certains jeunes, leur fonctionnement reste souvent la force plus que le dialogue. Le contexte en Corse est particulier et la société française toute entière est minée par certains films, les jeux vidéos, la délinquance y compris financière, l’impunité, les incivilités, la confusion. Les discours, la parole libérée, surfent parfois sur « les arabes », « les étrangers » , le chômage. La période n’est pas simple, les gens recherche la responsabilité chez l’autre ! Un climat qui rappelle la montée du nazisme, du racisme avec les mêmes symptômes. Le XXIe doit absolument se dérouler dans un climat apaisé c’est la troisième voie ! » En Corse se sont déroulées de violentes manifestations lycéennes sur les Arrêtés Miot. En décembre sur le continent, de fortes mobilisations ont bloqués les établissements ( et les chaînes d’infos en continu ) sur l’affaire Leonarda et la question des élèves sans-papiers. Un contre pouvoir ? Dans l’île : la Collectivité Territoriale de Corse (CTC) a crée une Commission pour la prévention de la violence, la lutte contre l’illettrisme et l’échec scolaire. Elle a organisé des réunions publiques présidées par Dominique Bucchini ( Pd de l'Assemblée de Corse) et adopté le 23 mars 2012, un rapport d’étape qui retraçe le bilan des travaux et des auditions. En identifiant les phénomènes de violence et en fournissant des préconisations. Elle conjugue travail en commission et visites de terrain. Les premières réunions publiques ? En 2012 au lycée du Fium’Orbu. En 2013 : Lycée Georges Clemenceau, Lycée agricole de Sartène, Lycée Fesch d’Ajaccio, Lycée agricole de Borgo-Marana, Cité scolaire de Bastia-Montesoro, Lycée Pascal Paoli ( Corte) . Le Dr Edmond Siméoni a embrayé lui-aussi sur le concept de non-violence « un moyen de lutte pacifique » . Un programme, un savoir-faire social, une éthique globale et futuriste, qui pourrait un jour se transformer en véritable contre-pouvoir politique ? « Je suis persuadé dit-il que nous disposons désormais d’un moyen de lutte pacifique qui contraindra Paris au dialogue et permettra , à la fois, de trouver une issue démocratique à la crise historique que nous vivons et de commencer à construire un pays moderne. Avec François Vaillant, rédacteur en chef de Alternatives non-violentes et son équipe, avec Jean-François Bernardini et Umani, nous allons amplifier la sensibilisation pour accroitre la sensibilisation des Corses et d’autres démocrates qui vivent ailleurs dans le monde. On ne pourra plus ignorer ou déformer le message. La vérité et la justice y gagneront ! ». Lanceur d’alerte. Aussi essentiel à la survie de la planète que Julien Assange ( qui se présente aux élections en Australie), Jean-François Bernardini guitariste, compositeur de I Muvrini chante partout dans le monde. Fondateur de l’Association Fondation de Corse AFC- UMANI : il pense, il vit, il agit comme un lanceur d’alerte ! On lui doit cette lente conversion de la Corse : « destinées au grand public, mamme, babbi, giovani o anziani, à tous les citoyens passionnés de solutions, l'afc-UMANI propose des journées d'initiation à la Non-Violence. Elle peut être pratiquée partout par les chercheurs de justice. Loin de se limiter à un refus de la violence, à une résignation ou de la passivité, la Non-Violence est une manière d'être, de penser, qui vise à promouvoir des méthodes efficaces et respectueuses de l'autre, pour mieux vivre ensemble et éviter les cercles infernaux. A ce jour plus de 2802 personnes, adultes et juniors, ont à travers l'île entamé ce parcours prometteur. ».
Liliane Vittori
Les formations se déroulent sur une journée en groupes de 15 personnes maximum.
Dates
- Marseille le 25 janvier : session est organisée à l’Hôtel Ibis Saint-Charles, Square Narvick Esplanade Saint-Charles, 13001 MARSEILLE Métro Saint-Charles
Candidature (nom, adresse, profession) avant le 16 janvier 2014 - par mail : afc@afcumani.org - par courrier : Associu pè una Fundazione di Corsica, BP 55, 20416 Ville di Pietrabugnu CEDEX
Parallèlement, la Formation de Formateur entame sa 2eme session (sur 4 au total)
- du 9 au 12 janvier à Caterraghju (Aléria) : 12 stagiaires formés pour devenir formateurs en Non-Violence après un long processus entamé en février 2013 qui aboutira en juin 2014.
Et
- Conférence de Jacques SALOME à l’Espace Diamant d’Ajaccio le lundi 20 janvier 2014 à 18h30 : " Etre parents aujourd’hui pour des enfants et des adolescents qui seront les adultes de demain . Une conférence de Jacques SALOME à l’Espace Diamant d’Ajaccio Psychosociologue, formateur en relations humaines, auteur de quelques 60 ouvrages sur la communication en couple, à l'école ou dans le monde du travail, Jacques SALOME a développé la Méthode ESPERE®, une méthodologie pour l'apprentissage d'une communication sans violence. A l'aide d'exemples concrets, il proposera des balises qui permettront aux enfants et adolescents de devenir des adultes plus autonomes, plus conscients et capables de s’engager dans la vie qui les attend. Il proposera des outils et des moyens accessibles à chacun, pour une approche susceptible d'ouvrir les jeunes à une communication créative, vivante et sans violence.