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A Bastia, le 26 juillet, une table ronde « Rencontres et échanges en Méditerranée » sur les « axes opérationnels » de la candidature Bastia-Corsica Capitale européenne de la Culture 2028 ? Quel en est le contexte politique international dont la promotion des iles au Parlement de Strasbourg? Le dossier de la candidature corse sera remis au jury de pré sélection le 1er décembre 2022 pour une décision finale fin 2023, deux villes seront désignées (France et République Tchèque). La dynamique du dossier corse et ses « influences européennes multiples » se laisse deviner peu à peu…mais sans rien dévoiler.
A Bastia, le 26 juillet, une table ronde « Rencontres et échanges en Méditerranée » a constitué un point d’étape, réunissant Gilles Simeoni (Président du Conseil Exécutif) et Marie-Antoinette Maupertuis (Présidente de l'Assemblée), aux côtés du Maire Pierre Savelli, de Younous Omarjee Député européen, de Antonia Luciani Conseillère Exécutive à la Culture et de Pierre Lungheretti Commissaire général de Bastia-Corsica 2028.
La « Fabrique du projet » pour l’obtention ce label européen est « une odyssée collective afin de mettre la société corse en mouvement » selon Gilles Simeoni. Volontariste et mobilisateur, il a rappelé la symbolique du Mantinum et de l’Aldilonda, qui matérialise aux yeux de tous, une vision pour le futur. Des rêves d’abord, devenus projets puis ensuite réalités. Qu’en sera-t-il pour Bastia-Corsica 2028? Le Président Gilles Simeoni : « la candidature, porteuse de rayonnement, offre une opportunité de réflexion collective, pour un élan durable de développement insulaire et européen. La culture n’est pas autre chose qu’être ouvert à l’autre. Bastia-Corsica signifie cette symbiose avec d’autres peuples, d’autres histoires, d’autres cultures. Notre singularité insulaire c’est aussi de l’universalisme! »
Cette candidature est née d’une vision audacieuse et ça fonctionne. Lors des ateliers, on constate l’énergie qui déjà, propulse les projets des territoires, ruraux comme urbains, afin d’être intégrés au dossier. Après les concertations « Etre (s) vivant(s) Nature et création » puis « Nos communes Héritage et mémoire Migrations et diaspora » (Corte Citadella XXI) et « Plurilinguisme », c’est le sujet « Prendre SA part » qui a été discuté à Olmi-Capella (à L’Aria) et à Porto Vecchio (à la Médiathèque). Sa vocation ? « Réfléchir aux moyens de mobiliser les Corses dans une démarche participative et inclusive en interrogeant la place des droits culturels. »

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Une hybridation entre Nature et Culture. Insistant sur les « effets démonstrateurs de ces modèles culturels et économiques qui auront vocation à être à répliqués », la présidente Nanette Maupertuis a magistralement synthétisé les enjeux européens de Bastia-Corsica 2028. L’insularité et ses atouts pourront-ils émouvoir le jury européen ? Marie-Antoinette Maupertuis : « Il est apparu dans les ateliers que l’économie est très liée à la culture, et chez nous, forcément à la nature! Cette candidature, ajoute la présidente, doit promouvoir bien évidement les politiques culturelles, mais aussi la préservation de l’environnement. Notre existence corse se nourrit de ce lien à la nature et au territoire. Nous pouvons lancer dans le cadre du label, un modèle de développement et de transformation sociale, basé sur cette alchimie, cette hybridation entre nature, culture, économie. Une île, cela fait sens. Elle dispose de ressources en capital naturel, c’est sa source d’attractivité, basée sur sa singularité, sa culture, sa langue. Notre modèle qui part d’une île, est complètement en phase avec les enjeux actuels de biodiversité, de multiculturalisme et de nécessités vitales de dialogue, dans un contexte, ne pas l’oublier, d’une guerre en Europe. Ce qui se passe en Corse et dans d’autres iles, peut servir d’exemple à des régions continentales. C’est cela l’Europe, le partage d’expériences. Nous recevons beaucoup de l’extérieur, à nous de démontrer que nous sommes innovant en particulier avec ce projet Bastia-Corsica 2028. »

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Une approche en phase avec l’intervention du député européen Younous Omarjee Président de la Commission Développement Régional au Parlement européen, un Réunionnais engagé en faveur des Régions ultrapériphériques, des îles, des océans, contre la pêche électrique, le plastique invasif, le glyphosate.
Il s’est exprimé sur le fait insulaire mais, devoir de réserve oblige, sans soutenir directement la candidature corse: « c’est un bonheur d’être à Bastia, un moment délicieux. C’est vrai, le fait insulaire est largement sous-estimé en Europe mais ce siècle, j’en suis convaincu, sera celui des îles. Chacun sait combien je suis investi dans les responsabilités au Parlement pour que l’insularité soit mieux valorisée dans les politiques européennes. Toutefois, avec le vote du Rapport sur les Iles, auquel les Corses ont contribué, nous sommes dans un prolongement de la reconnaissance du fait insulaire. Les iles forment une singularité dans un continent mental, une singularité culturelle incluant la biodiversité. La relation au maritime, nous projette vers la rencontre de l’autre. Dans ces temps troublés des replis sur soi, cette candidature permet de s’élancer vers l’Europe et le monde ! A Strasbourg, nous demandons que 2024 soit année européenne des iles, et point d’orgue en 2028, Bastia sera peut-être élue capitale européenne de la culture. »
Autre point fort: les liens entre la Corse et la Méditerranée. Philippe Peretti adjoint au maire de Bastia chargé du patrimoine, travaille à développer les projets patrimoniaux liés au label: « notre histoire nous rapproche des populations voisines, c’est formidable. Il serait pertinent et intelligent, de commémorer ensemble, ce que nous réalisons déjà au Musée de Bastia depuis des années, avec l’Italie, la Provence, la Catalogne, les îles. Mais commémorer, au vrai sens du terme de mémoire commune les moments vécus ensemble, sans affrontement et dans la cohésion avec des expositions bastiaises et corses, des contributions alternées, circulant en Europe. »
La suite? La mobilisation de l’Université et des populations, le Comité des mécènes et partenaires, un conseil scientifique et culturel, toujours plus d’équilibre territorial, des enjeux numériques, des ateliers et une restitution publique cet automne.
Liliane Vittori