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Billet de blog 17 oct. 2022

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Bastia-Corsica 2028 : à Bastia un atelier créatif qui dessine le futur .

Comment les Corses vont-ils s’approprier, s’identifier à Bastia-Corsica 2028, porteuse d’utopie et « pilier d’une société juste, inclusive, respectueuse de la nature »?

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Un des défis de cette candidature européenne capitale de la culture, est déjà gagné. Il se passe quelque chose de nouveau en Corse, au fil des ateliers successifs de la candidature 2028, en opposition avec le "repli sur soi", et tous les stéréotypes et contrevérités accrochés à la Corse, qui circulent dans les médias mainstream français. 

Alors Bastia-Corsica Capitale Européenne de la Culture 2018 comme la préfiguration d'un village corse, insulaire, idéal, universel ? C'est à dire avant tout à dimension humaine... La Corse, une terre d'accueil et de partage , qui a su au fil des époques, se réinventer et intégrer de nouveaux arrivants.  Sans oublier toutes les politiques publiques de la Collectivité de Corse en lien avec les institutions et les programmes de l'Union Européenne.

Après Pieve, Sartène, Santa Reparata, Olmi-Capella, Porto Vecchio, Ajaccio: 70 acteurs culturels ont rejoint un atelier participatif qui s'est déroulé dans un amphi de l'IRA à Bastia le 16 septembre et titré « Prendre sa part : art, culture, inclusion sociale ».

Tiers-lieux urbains et ruraux, rencontres mémorielles, résidences d’architecture, espaces publics et mobilités, culture « au pied de l’immeuble » ou sur la place du village… Ces dispositifs, improvisés ou conceptualisés, alimenteront les propositions de Bastia-Corsica 2028.

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Piloté par Yolaine Lacolonge, Cheffe de service de l’Action pédagogique artistique et culturelle (Collectivité de Corse), et par Delphine Ramos, Directrice Affaires Culturelles de Bastia, cet atelier s’est déroulé à l’Institut Régional d’Administration. En présence de Pierre Lungheretti Commissaire général de la candidature et Directeur délégué de Chaillot Théâtre national de la Danse.

A Bastia, cette journée intense a libéré de la créativité sur un dossier qui semble encore un puzzle en cours de finalisation. Dans la salle, dans les groupes, sur la scène, en ligne : des acteurs culturels de toutes disciplines, musique, théâtre, coopérative culturelle, galerie d'art, cinéma , plus des délégués des collectivités. Tous ont phosphoré, sur le concret et sur le futur, pour se projeter en 2028 et au-delà, afin d’obtenir ce label européen et ses financements. Calendrier ? Un dossier primitif au 1er décembre puis une short list de 3 localités. Fin 2023 : deux villes seront désignées (France et  République Tchèque). La Corse est la seule île en compétition. 

Que peut apporter la culture corse à l’Europe? Comment son patrimoine, sa richesse historique seront-ils valorisés au sein de la candidature? Une équation a traversé l’atelier. La Corse peut-elle affirmer sa singularité tout en visant l’universel? Sur cette ligne de crête, Pierre Lungheretti affirme une conviction radicale: « je fais partie de ceux qui pensent que l’ultra particularisme rejoint l’universalisme. Dans la singularité corse, on retrouve des situations qui relèvent d’invariants de la nature humaine, même si elle est enracinée dans un pays, une région, une île. Les polyphonies corses peuvent émouvoir au-delà de notre île, elles l’ont montré partout dans le monde. Il existe une demande planétaire de singularité. Cela enrichit l’expérience et la sensibilité humaines. L’universalisme pour moi, n’est pas uniformisation. Les polyphonies corses ont fait l’ouverture des Jeux Olympiques d’Albertville et réalisé des partenariats avec le cinéma et toutes les musiques. »

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Que signifie le mot « inclusion »? A Bastia, les acteurs culturels ont médité sur les « publics fragiles situés aux marges de la socialisation », en ville et dans le rural. Sachant qu’en Corse, des entités associatives, récentes ou ancestrales, dédiées au partage et à l’insertion, sont déjà fortement investies dans la médiation culturelle: les Confréries, le Parc Galéa (400 conférences en 10 ans), les Musées et leurs déclinaisons tous publics. 

Autre particularisme typiquement corse ? Le « Festivale di a Ruralità » (12è année) est présidé par Cristianu Andreani, le précurseur qui prototypé des animations ultra locales valorisant, in situ, le patrimoine matériel et immatériel. Des rencontres savantes, festives, villageoises, éphémères, dans toute l’île-montagne avec sentiers, conférences historiques, visites commentées, vestiges archéologiques et églises, danses anciennes, concerts, repas etc…

A Bastia, on a parlé des tiers-lieux, ces zones libérées, improbables et hors modèles, hyper créatives et dédiées à toutes formes d’art, de performances, de revitalisations de bâtiments et friches abandonnés. Orso, artiste plasticien, a crée un tiers-lieu aux Jardins de l’Empereur à Ajaccio : « il faut surtout répondre à un besoin. On s’est installé dans un local au bas d’un immeuble. Un espace de convivialité, d’expos, de performances, d’improvisations ce sont Nos Etranges Apéros ». Défi ? Importer le concept de tiers-lieu dans le rural …là où les distances freinent les énergies. Pierre Lungheretti: « on peut créer des tiers-lieux en Corse avec une approche différente de la manière dont ils sont conçus ailleurs, à cause des enjeux de la proximité et ceux liés au monde rural. On va imaginer des tiers-lieux liés aux traditions orales, aux pratiques sociales spécifiques à la Corse. Cela interpelle les créateurs, afin de faire de notre territoire, une terre inspirante pour la création artistique à partir de son patrimoine naturel exceptionnel en Méditerranée. En étant fidèle, à la réalité historique, sociale, démocratique, on peut faire émerger des modèles différents. »

Via ce label les objectifs de l’Europe? Pierre Lungheretti: « Il s’agit de relier les cultures et les communautés entres elles, de favoriser le dialogue intra européen et extra européen. Ce n’est pas parce qu’on vit dans le même territoire qu’on se connait. Bilan d’étape de la candidature ? Très favorable. Les opérateurs culturels et associatifs développent ensemble des propositions nouvelles sur le patrimoine naturel et la création. J’en parle au présent, c’est en cours, c’est déjà positif. Agissant comme un accélérateur, cette candidature peut faire émerger un modèle social capable de mobiliser la jeunesse de l’île ». 

La culture face aux incertitudes liées au climat et aux perpectives géopolitiques ? Pierre Lungheretti : « la candidature est un projet de société original de partage de la culture corse au-delà de ses frontières terrestres et maritimes. Inscrit dans un idéal d’humanité, faisant de la Corse le lieu rêvé pour être une terre d’expérimentation. » 

Liliane Vittori

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