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Billet de blog 17 octobre 2022

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Mare Vivu : stopper la « plastisphère »

Mare Vivu de Bastia :  le message des sentinelles du vivant. En Méditerranée  les littoraux et les fonds marins stockent micro-dechets et macro-déchets plastiques , les tonnages augmentent de manière impressionnante.

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Les initiatives pour neutraliser les avancées de la plastisphère sont impuissantes… malgré les expéditions anti macro-déchets, les révélations sanitaires sur les micro-plastiques, les nettoyages éco citoyens des plages. Plus grave, certains virus, les bactéries et algues, dangereux et pathogènes, voyagent maintenant sur les micro-plastiques, créent un écosystème toxique: la « plastisphère ».

A ce jour, aucun antidote, sauf l’interdiction totale du plastique…Lassés d’entendre « Bravo les jeunes ! » et autres compliments suivis d’aucun effet, les militants de Mare Vivu réfléchissent à des diagnostics dans l’île, en coopération si possible, avec les collectivités locales et les entreprises. Il leur faudra convaincre les décideurs avec des arguments capables de déclencher des politiques publiques. Pour l’heure, ces enjeux sanitaires sont largement ignorés et Mare Vivu travaille sur le préalable : la diffusion de l’information sur la pollution plastique. La Méditerranée, mer la plus polluée au monde, à cause des concentrations de microplastique. Il ne faut pas compter sur le renouvellement naturel des eaux ( 90 ans), certains plastiques se dégradent en plusieurs siècles. Et gravissime, car ultra toxiques et perturbateurs endocriniens: les emballages polymère non biodégradable (polyéthylène, polypropylène, polystyrène) sont toujours commercialisés. Certaines concentrations de plastiques sont équivalentes en volume au zooplancton, base de la chaîne alimentaire et le plastique a été repéré dans le sang et le plasma humain. 

Fondée en 2016 par Pierre-Ange Giudicelli et Antony-Louis Fusella: Mare Vivu s’est focalisée sur la connaissance de la pollution plastique en mer, le zéro déchet, la biodiversité marine. Pierre-Ange  Giudicelli: « nous collectons les données de l’écosystème marin, qui subit des changements globaux via le réchauffement climatique, les pollutions, l’effondrement des espèces. Nous assistons le travail des scientifiques, en allant sur le terrain, en mobilisant les jeunes afin de faire le pont avec les citoyens, pour leur restituer une information, qui va être rapidement vulgarisée et déformée mais de notre côté, elle est sourcée et sécurisée. »

—— Deux trimarans à voile  : Le Rescousse et La Rascasse.———

Mara Vivu organise chaque été CorSeaCare de Bonifacio à Bastia. Pierre-Ange Giudicelli : « la mission CorSeaCare, instrument opérationnel de notre plateforme, est une itinérance axée sur les écosystèmes marins avec des données récoltées et des rencontres éco citoyennes avec le public. Notre objectif ? Un pôle d’excellence en sciences participatives et environnementales en Corse et des partenariats avec des projets internationaux. » 

En juillet 2022, près avoir quitté Bonifacio, l’équipe croise des dauphins et des balbuzards…tout en visualisant l’ampleur de la catastrophe ! Pierre-Ange Giudicelli : « à Cargèse: arrêt dans la crique sauvage et encaissée de Cala Genovese. Véritable paradis à l'aplomb du Capu Rossu, inaccessible à pieds, cette minuscule plage de galets est un piège de plastiques…Emballages, bouchons, bouteilles, gobelets, débris de filets de pêche. À la surface, une énorme quantité de microplastiques flottants, dangereux. Une incroyable zone d’accumulation de déchets provoquée par les courants et la topologie. »

Au quotidien, les déchets récoltés passent par le tri-caractérisation puis sont répertoriées via le réseau de surveillance européen CEDRE, les  plateformes Zéro Déchet Sauvage, Mer Terre et le Muséum National d'Histoire Naturelle.

S’appuyant sur le partage de l’information et l’observation ultra locale des pollutions, Mare Vivu popularise des constats toujours plus alarmants. Si les alertes des scientifiques inspirent certaines législations françaises, européennes, internationales…le bilan reste globalement désastreux. 

Pierre-Ange Giudicelli lucide:« on n’a pas du tout réussi ! Depuis 6 ans, avec nos mini trimarans à voile, on réalise des observations des débris plastiques. Et chaque été c’est pire ! Cette pollution se déploie de manière extrêmement impressionnante ! On n’a pas le sentiment de réussir mais plutôt de ne pas être écouté. Nous on fait notre travail. Et on entend, c’est bien, bravo les jeunes, mais rien ne bouge! Mare Vivu démarre un cycle de rencontres avec la classe politique, les décideurs, les entreprises, pour accentuer le partage d’information et la prise de décision. » Le message des militants de Mare Vivu sentinelles du vivant : « pour la santé de l’écosystème et par extension, la santé des générations futures: on a pas le choix. On ne peut pas pas résoudre ces enjeux colossaux, qui sous tendent des choix de société profonds, avec de petits ajustement à la marge. Cela ne fonctionne pas. Une idée fausse circule chez les élus, les entreprises, comme quoi il suffit de dépolluer, pour résoudre le problème. C’est une contre vérité, une hérésie. Ce raisonnement produit un effet exactement inverse. A contrario, Il faut des moyens, des diagnostics, à l’échelle des intercommunalités, une dynamique territoriale. »

Pour la Semaine Européenne du Développement Durable : la Direction Régionale de l’Environnement, l’Aménagement, le Logement a organisé à Furiani le 23 septembre des ateliers d’animation pour les scolaires autour des milieux marins, des plantes, du sol, des pollens, de l’air, des espèces en danger et du changement climatique. Étaient présents : Qualitair Corse , Paese d’Avvene, A Rinascita, Bastia Golo Méditerranée, le Conservatoire des Espaces Naturels et Mare Vivu.

Liliane Vittori.

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