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Billet de blog 18 septembre 2014

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Autonomie, indépendance, statu-quo pour la Corse « Nation sans Etat » comme l’Ecosse ou la Catalogne ? 3/5

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Les référendums catalans et écossais ouvrent-ils un chemin européen d’autodétermination en faveur de l’île ? Les récentes délibérations créatives de l’Assemblée de Corse, sont inspirées par des concepts politiques innovants, lancés par de jeunes élus (es) : les indépendantistes de Corsica Libera (Jean-Guy Talamoni), et les autonomistes plus nuancés et pragmatiques, de Femu a Corsica ( Fabiana Giovannini, Gilles Simeoni, Jean-Christophe Angelini).
A Edinburgh, François Alfonsi conduit la délégation politique corse et préside l'EFA (Européen Free Alliance) soit 40 partis dont le Scottish National Party d'Alex Salmond et Régions & Peuples Solidaires qui fût fondé à Bastia. Ce soir en Ecosse sont rassemblés des Catalans, Basques,  Galiciens, Frisons, Flamands, Sardes, Corses, Irlandais, Gallois, Quebecquois… Tous autonomistes, souverainistes, nationalistes, séparatistes:  ils appartiennent à ce qu’ils appellent des « Nations sans Etat ». Leurs fortes convictions identitaires ? Un amour sans limite pour leur histoire, leur terre, leur patrimoine linguistique. Leur projet politique ? La décentralisation, plus d'initiative économique, plus d'emploi, moins de souffrance sociale, plus de local, plus de solidarité et en priorité moins de prélèvements aléatoires et confiscatoires de la part du système financier.
En Corse : les immenses avancées politiques, les motions, les voeux, les alliances décisives, les formidables succès électoraux accélèrent une dynamique irréversible et indexée ( à la hausse !) comme partout en Europe, sur la quadruple crise européenne, morale, politique, économique, environnementale. Cependant, ce processus insulaire reste encore éloigné des pouvoirs politiques dévolus et opérationnels en Ecosse et Catalogne. 

Les statuts de la Dévolution (Ecosse) et celui de Communauté Autonome (Catalogne) , ont été élaborées et votées in situ puis acceptées par Londres et Madrid. Et ces réalités nouvelles politiques  sont bien arrimées à la construction européenne. Hélas pour la Corse ( française depuis le Traité de Versailles - 1768-,  Paris a toujours invariablement répondu Non à toutes les demandes d'adaptations législatives en provenance de la Collectivité Territoriale de Corse ( collectivité de niveau régional depuis 1991).  Pourtant tous les décideurs lucides le clament : la sortie de crise et un retour de la prospérité ne sera possible qu'avec plus de pouvoir économique et politique accordé aux instances locales y compris la capacité à lever et gérer l'impôt. C'est la revendication indépendantiste centrale de l'Ecosse, de la Catalogne, de la Corse. Et puis, deux millions de manifestants à Barcelone la semaine dernière et 85% de participation au référendum Ecosse : cela ne trouble pas non plus les médias dominants, focalisés, autocentrés sur la politique politicienne, l’anecdotique, le futile, nettement moins sur l’actualité européenne. Façonnés par la même pensée unique, ils découvrent le sujet au dernier moment, un peu comme David Cameron Premier Ministre du Royaume-Uni. Si la Corse (320 000 hab.) n’a ni la surface démographique, ni le poids économique de l’Ecosse (5 M d’hab. et 90% des ressources pétrolières de l'UK ): elle diffuse des idées effervescentes qui, c’est bien connu, ne s’arrêtent pas aux frontières. A Bastia , au micro de Jerôme Susini de RCFM Radio Corse Frequenza Mora Jean-Guy Talamoni : « pour une Nation c’est bien légitime d’avoir sa souveraineté. Les choses avancent progressivement mais sûrement. Il y a quelques années il n’était pas question d’indépendance ni en Catalogne, ni en Ecosse, s’agissant bien sûr de l’ordre du jour institutionnel ! Mais les indépendantistes étaient déjà indépendantistes si j’ose dire! Dans ces pays, comme en Corse, des formations politiques indépendantistes ont travaillé, ripostant à des argumentations spécieuses y compris dans les provinces riches d’Europe comme l’Ecosse ou la Catalogne. Les partisans du Non dressent un tableau apocalyptique mais les Ecossais et les Catalans ne les croient plus. Quelques années après les reférendum de 1997 en Catalogne, de 2006 en Ecosse, c’est l’indépendance qui arrive à l’ordre du jour ! En Corse, avec un décalage et suite au  processus majoritaire, de l’Assemblée de Corse, l’indépendance arrivera aussi à l’ordre du jour ». Comment et pourquoi la relation entre Corse et continent dysfonctionne-t-elle ?  « Constatez, il y a ici en Corse 3 niveaux de responsabilités. Un à Ajaccio. Un à Paris. Un à Bruxelles ! Cela est facteur de lourdeur, de complexité inutile, de chevauchements de compétences qui font que notre île est gérée en dépit du bon sens ! Il serait logique, dans le cadre européen, que la Corse obtienne son indépendance. J’ajoute les Kanaks de Nouvelle -Calédonie voteront sur ce thème en 2018 ».  Le débat se construit dans l’île et pour Jean-Christophe Angelini (PNC) il faut raison garder et mettre un bémol au parallèle entre la Corse et les processus catalan et écossais : « ce que demande actuellement l’Assemblée de Corse ce n’est pas malheureusement pas l’autonomie ! Il faut être clair à l’endroit des Corses qui nous écoutent. Car même si demain, Paris faisait droit à l’ensemble des délibérations et motions votées, y compris certaines à l’unanimité comme la coofficialité , ou à une forte majorité comme le statut de résident ou l’inscription de la Corse dans la Constitution, nous ne sommes pas,  pour autant, engagés sur le chemin de l’autonomie, même si un pas important est fait. Le pouvoir financier, rêglementaire, fiscal, administratif et la question des ressources qui est capitale, demeurent posées. Elles ne ne font l’objet d’aucune délibération précise. Paris de plus, continue de faire la sourde oreille. »  Sur le référendum en Ecosse: le "non" à l'indépendance est donné gagnant par trois sondages avec 52% des voix, aux unionistes partisans du maintien de l'Ecosse au sein du Royaume-Uni, et avec cependant un fort contingent d’indécis d’environ10%.

Liliane Vittori

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