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Le défi tourisme et patrimoine pour les 42 villages de l’intercommunalité Castaggniccia-Casinca-Casacconi ? Autant dire le lancement d’un porte-avions prêt à appareiller ! Une opération d’ampleur, grâce à des politiques intercommunales sectorielles échelonnées, à de futurs labels territoriaux, à un bureau de tourisme à Folleli, à un festival itinérant Orizonte et ses supports presse et promotion. Comment se construit ce positionnement original et même paradoxal, pour une région qui se considère actuellement elle-même comme « méconnue » ? Est-il possible d’exister ici au plan touristique et attirer des flux conséquents en faveur des socio-professionnels, face à des concurrents aguerris comme la Balagne ou le Sud ?
Le message de cette politique intercommunale se décline autour d’un « tourisme doux et authentique » à destination des visiteurs…mais aussi des habitants et des socio-professionnels. Afin qu’ils apprennent, eux-aussi au fil du temps, à connaître parfaitement leurs atouts touristiques ultra locaux. Une stratégie intercommunale qui implique la valorisation d’établissements, d’associations culturelles, d’évènements et de destinations… conservant leur âme et en adéquation avec une rentabilité libérée des aléas de la surfréquentation. C’est l’équation locale d’un tourisme de toutes saisons, rural et multifonction.
Anticipation et co construction d’un programme concerne sur 42 villages.
Soit, de Volpajola au nord jusqu’au Col d’Arcarrota au sud. Et de Follelli sur la Côte orientale jusqu’au Col du Prato à l’ouest. C’est à dire, qu’il faut réunir au sein d’une même dynamique de communication, des dizaines de plages, de sentiers et boucles de randonnées, d’églises et sites historiques classés, de bases de loisirs et campings, de restaurants et domaines (vin, miel, fromage, châtaigne) à visiter, à valoriser, à protéger.
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Comme par exemple l’Onde (piscine municipale naturelle à Piedipartino), ou la sublime Cascade de Carchetto ou encore les vestiges du château féodal de la Comtesse Mathilde (Scata). Il y a aussi les mystérieuses stèles gravées des Carbonari de Truchinacce (Piano et Silvareccio). A voir à Carpinetto, l’Exposition permanente « Memoria di Carpinettacci » montrant des archives, des lettres, des photos emblématiques « des villages corses marqués par la Guerre 14-18 ». Et autant de « Moulin à châtaigne », « Apiculteur », tables d’orientation, Parc Naturel Régional, « brasseries et supermarchés »….
Cette stratégie de développement touristique reste intrinsèquement adossée au soutien à l’économie locale. Antoine Poli Président de la Communauté de Communes Castagniccia-Casinca-Casacconi: « il y a de plus en plus d’établissements et de destinations de qualité dans l’intérieur. Notre but? Faire connaitre notre région à nos locaux et pas seulement aux visiteurs. Ensuite, à nous de valoriser tous ensemble, nos atouts. Nous avons une volonté forte pour le hors-saison c’est notre force et notre appel vers les professionnels. Ici tout est lié, le sport, l’agro-alimentaire, le patrimoine culturel et naturel. Les habitants comme les professionnels apprécient ces initiatives de restaurations patrimoniales, de conférences historiques, de trails et sentiers Natura 2000. Nous disons à tous, touristes comme locaux, laissez-vous porter ! C’est parfois derrière les portes ou au détour d’un chemin que notre région cache ses plus beaux trésors! »
Projets ? Le label « Pays d’Art et d’Histoire », le Plan Paysage et le Plan Avenir Montagne »
Les élus sont impliqués, car ces perspectives touristiques semblent désormais s’imposer à eux comme vitales, en phase avec le bureau tourisme de Folleli.
Michele Antomarchi Présidente de la Commission tourisme et vice-présidente de l’intercommunalité confirme: « les maires nous apportent des retours du territoire. Ce qui revient souvent? Ils souhaitent une présence régulière de notre service tourisme dans leur village, leur pieve, que les agents touristiques se déplacent sur le terrain. Des minibus pour visiter les villages pourquoi pas ? C’est une piste et nous en attendons les moyens. Le tourisme durable sans surfréquentation ou excès c’est notre carte à jouer avec les acteurs économiques. Les hébergeurs et restaurateurs attendent les visiteurs, que ce soit associé à de nouveaux gains, que les professionnels puissent vivre de leurs métiers. »
Stephane Orsini Agent du patrimoine à l’intercommunalité précise les projets de labels : « on anticipe, on pose des jalons depuis des années de manière structurée et pas du tout désordonnée. Avec comme objectif, les options des politiques sectorielles du développement liées en direct au tourisme. Combien ça coûte? Grâce à cette anticipation, nous sommes financés à 80% pour de nombreux projets et opérations du territoire. L’intercommunalité s’est donnée les moyens rêglementaires dont les compétences touristiques supplémentaires élargies. Elles sont votées par les conseillers, validées par les maires et la Préfecture. Nous travaillons sur la candidature à « Pays d’Art et d’Histoire ». Nous étudions un Plan Paysage et un Plan Avenir Montagne en partenariat avec la Costa Verde incluant les financements du Comité Massif. »
Dimanche 7 août en préfiguration d’un éventuel futur Educ-tour, s’est déroulé un évènement type du tourisme patrimonial. A Penta-di-casinca, la 6 ème Rando-Culture (Art Expression) a invité des historiens dont David Chanteranne prestigieux spécialiste de l’Empire. Il a fait revivre la société corse du temps de Paoli et de Bonaparte, dans le décor inspirant des rues anciennes du village incluant l’observation de l’Archipel Toscan et l’Ile d’Elbe.
La suite ? Comme le préconise l’Agence de Tourisme de la Corse il s’agit « d’engager un dialogue gagnant-gagnant avec les acteurs pour une montée en gamme d’une offre touristique à co-construire pour encourager la transition vers un tourisme durable à l’année ».
Liliane Vittori
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