
Samedi 20 novembre sur les plages de Corse : ultimatum de l'Office de l'Environnement (OEC) lancé contre la multiplication extrêmement inquiétante et préjudiciable des "biomédias". Ces « rejets polluant » formant atteinte au Code de l’Environnement seront-ils jugés comme illicites et seront -ils éradiqués mais quand ? Les sables et les fonds des plages de Corse sont jonchées depuis une décennie, de ces millions de minuscules roues en plastiques, venues des usines d’épuration des eaux usées… corses comme italiennes. Mais selon la Surf Rider Fondation il s’agit d’une pollution d’envergure planétaire. Ultra polluants car ils se transforment en déchets micro-plastiques, ces biomédias sont aussi et intensément dangereux car infectés de bactéries et de germes présentant un fort risque pathogène. Depuis les stations municipales, ils se déversent directement dans les cours d’eau et dans la mer.

Ces petites roues de plastiques sont des filtres techniques qui annoncent sans doute un grave défaut de conception des usines d’épuration puisque la station Sud Bastia de Acqua Publica a déjà admis, très sincèrement, une défaillance

probable de sa part.
Si les premières alertes aux biomedias ont commencé dès 2008 grâce à la Surf Rider Fondation Europe et ensuite grâce à Mare-Vivu Corse en 2018 : aujourd’hui c’est l’Office de l’Environnement de Corse (OEC) qui a lancé une opération territoriale pour constater ces infractions et envoyé (c’est une première) des communiqués de presse vers les médias insulaires: « de 9h à 12h30, l’Uffizu di l’Ambiente di a Corsica pilotera une opération d’envergure consistant à collecter les biomédias au droit de différentes Aires Marines Protégées, constituant autant de lieux stratégiques de notre littoral. »
Sont partenaires privilégiés : les association telles que Surf Rider Fondation, Mare Vivu, Global Earth Keeper, les « agents commissionnés de la Collectivité de Corse et du Parc Marin International du Cap Corse et les intercommunalités. »
Les usines qui produisent de l'eau potable...peuvent-elles aussi menacer la chaîne alimentaire, les mers et les océans ?L'humanité est-elle entrée dans la spirale d'un soi-disant développement qui n'est plus soutenable et que les éco-systèmes ne peuvent plus absorber?
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Si cette opération de dépollution peut faire bouger les lignes ( temporairement) , elle signifie aussi une forte alerte vers l’opinion dans l’île et chez les gouvernements mais elle ne rêglera pas l’ensemble du problème. Car hélas, selon la Surf Rider Fondation: « le plastique constitue une perturbation majeure pour le milieu marin, les biomédias prennent leur part de responsabilité. Les objets en plastique peuvent en effet causer d'importants dégâts aux espèces marines : étranglement, immobilisation, ingestion, des biomédias ont déja été retrouvés dans des estomacs d'oiseaux marins. » Des parades existent : « lorsque les biomédias sont correctement contenus dans les bassins des stations d'épuration, il n'y a pas de problème. Lorsque des pollutions se produisent c'est suite à des

incidents techniques en lien avec de fortes précipitations. Il est donc nécessaire de mettre en place des procédures de sécurité pour atténuer les risques de débordements de ces rondelles de plastique. » Quels sont les incidents responsables? « Des débordements en cas de fortes pluies, des pertes lors de la mise en eau ou lors de travaux au sein des bassins de traitement, des problèmes de colmatage par manque d’agitation des biomédias, des défauts de stockage et d’installations non contrôlées, des grilles d’évacuation des eaux non adaptés au procédé etc… »
Ainsi à l’Agglomération de Bastia: comment expliquer qu’une station d’épuration neuve datant de 2014, soit éventuellement responsable d’une partie des biomédias ramassés à l’Arinella et à La Marana? Selon un lanceur d’alerte perspicace : « il semble que personne à la station d’épuration de Bastia, n’ait pensé à installer de grilles pouvant retenir les filtres plastiques, alors que la problématique était connue depuis 2008 ? »


Alors place à la responsabilité, au dialogue et à la coopération dans l’île. Pour ce samedi 20 novembre les attentes sont fortes selon M Armanet Président de l’OEC: « ce jour doit s’inscrire dans une dynamique vertueuse de collaboration et d’entraide, vecteurs essentiels afin de résorber, au maximum, cette pollution sévissant aux quatre coins de l’Ile. Sur les sites concernés par l’opération, des agents référents accompagneront les bénévoles souhaitant s’associer à cette action en fournissant le matériel nécessaire des gants, des sacs...et organiseront, in fine, la récupération des éléments identifiés. Les objectifs de cette matinée ?
Engager une action de dépollution du territoire, de manière encadrée et collaborative, éveiller les consciences sur les missions de protection environnementale, recueillir des données précises pour cartographier et analyser le phénomène et constituer un dossier juridique adapté et efficient. »
Pierre-Ange Giudicelli de Mare Vivu : « nous avons lancé en une plate forme de recensement des biomédias et avons réceptionnés 200 témoignages dans toute la Corse, cela démontre que les biomédias sont cause d’une pollution massive,

de sources différentes, un désastre écologique qui concerne toute la Méditerranée. » Les biomédias qui se répèrent facilement ne seraient que l’arbre qui cache la forêt des tonnages de plastiques enfouis : « autour de la Corse, la concentration en micro-plastiques atteint 10,43 kg par kilomètre carré entre le Cap Corse et l'île de Capraia, soit vingt fois plus que la moyenne dans l'ouest de la Méditerranée. Les biomédias , comme tous les objets en plastique, une fois dans l'environnement et soumis aux UV, aux vagues, à l'eau salée, ils vont se fragmenter et se décomposer en petits morceaux qui intègrent la chaîne alimentaire ", rappelle Clément Moreno, chargé de mission sciences participatives pour Surfrider Foundation Europe.
Si les usines qui produisent de l'eau potable finissent par polluer les mers et les océans...cela signifie que l'humanité est entrée dans une spirale de soi-disant développement qui n'est plus soutenable et que les éco-systèmes ne peuvent plus absorber.
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LV