Arme fatale en faveur de la réduction des déchets du Btp, de l’agriculture, de la restauration: le « ré-emploi », sur place, lors des démolitions ou des productions, suivi de valorisations intelligentes avant les solutions du recyclage et l’enfouissement en dernier recours.
Lors du séminaire de l’Office de l’Environnement de Corse à Biguglia le 9 février, on a approché certaines perspectives du « ré emploi » dans le rural insulaire. Dans le même esprit, existe aussi le projet « Vaccaghjia Energia » porté par la Chambre d’Agriculture de la Haute-Corse avec l’Oriente, la Costa Verde, le Fium’Orbu-Castellu et la Castagniccia-Casinca.
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Sur la douloureuse question des déchets, allons-nous changer d’époque et de paradigme avec ces déconstructions sélectives qui anticipent et même suppriment radicalement les opérations de recyclages complexes et coûteuses? Il faut comprendre que le « ré-emploi » est associé à de nouveaux métiers et de nouvelles opportunités économiques, rien qu’en traitant sur place ou à proximité, le bois, la pierre, le sanitaire, le carrelage, la tuyauterie, les portes, les menuiseries etc… C’est sans fin et les dirigeants de « R-Aedificare », de » Aplomb » et « EcoMat 38 », de « Moulinot » et de « Palette Lelandais » ont témoigné de leurs expériences dans ces opérations ultra profitables, en présence de Guy Armanet Président de l’OEC, de Jean Dominici Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie, de Jean-Charles Martinelli Président de la Chambre régionale des Métiers ainsi que Yves Bossuyt, sous-préfet de Corte.
Les bénéfices en cascade? On réduit d’emblée les tonnages des gravats, les coûts du transport et des enfouissements. On évite la sur-exploitation des ressources primaires, on crée des emplois, basés sur ces gisements ultra locaux. Il suffit de se convertir …vu l’urgence et les dates butoirs des nouvelles législations.
La Corse n’échappe pas aux chiffres terrifiants et aux records abominables des déchets du Btp. En France, le plus gros producteur de déchets est le Btp soit 227 millions de tonnes, et 70% des déchets globaux dont 50 millions de tonnes jetés dans la nature!
Qu’en est-il du rural insulaire et des opérations restaurations, rénovations et nouveaux équipements ? Comment penser les déconstructions en ré-emploi, aux projet de démolitions des bâtisses en pierre vouées à la démolition avec toitures en lauze, charpentes en châtaigniers?
La démarche est transposable dans l’île-montagne selon Bruno Jalabert, co-directeur des entreprises Aplomb et de l’association EcoMat 38. Outre son positionnement pionnier au coeur de l’économie circulaire sociale et solidaire en Isère, il délivre une analyse sociale fine des enjeux pour les jeunes (diplômés ou non), les artisans, les partenaires, les salariés. Ainsi qu’une expérience précieuse de ces filières gagnant-gagnant. Bruno Jalabert: « Depuis toujours les fermes étaient construites en mode traditionnel avec du bois local, des galets, la pierre de molasse. Dans les monastères, les châteaux en ruines, on retrouve ces éléments déjà re employés dans des constructions séculaires. Pourquoi miser aujourd’hui sur ré emploi des matériaux de ces gisements? Nous sommes friands des chantiers de démolitions. Exemple récent? Pour les besoins d’une zone d’activité, on a déconstruit une maison ancienne, la démolition était actée pour libérer le terrain. On s’est porté volontaire pour le chantier de déconstruction. On a récupéré l’ensemble des pierres, la charpente en bois sec tres utile, on a stocké sur notre plate-forme, organisé des formations, coopéré avec des paysagistes, des artisans spécialisés en rénovation patrimoniale et construit un four à pain à l’ancienne. »
La valeur travail est en berne mais pas le fait de travailler en protégeant la nature et en évitant le gaspillage. : « La valeur travail n’est plus suffisante! Il faut y associer des données presque idéologiques. Aujourd’hui, l’environnement est une préoccupation majeure des nouvelles générations, impliquées dans ces combats pour le climat, pour la préservation des ressources. Alors elles trouvent du sens dans ces métiers du ré-emploi, physiques, salissants, de plein air mais qui participent à la réduction des déchets, sans impacter l’environnement, sans reproduire les modèles d’une économie linéaire. »
Coté secteur agricole, le projet insulaire « Vaccaghja Energia » est porté par la Chambre d’Agriculture de Corse, à la croisée de l’élevage, de la méthanisation, du compost, en coopération avec L’Oriente, la Costa Verde, le Fium’Orbu-Castellu et la Castagniccia-Casinca-Casacconi.
Joseph Colombani Président de la Chambre d’Agriculture de la Haute-Corse: « Il s’agit d’utiliser les déjections de veaux, les déchets d’agrumes et de boucheries, couplés à une unité de méthanisation qui serait prévue à Aghione, pour produire de l’électricité et de la chaleur. Un partenariat avec le Syvadec est étudié pour fabriquer de l’engrais et du compost vert et naturel, à partir du digestat solide issu de la méthanisation. Ce qui est remarquable? Ces systèmes, produisent de l’énergie verte, évitent l’enfouissement et les effluves de méthane dans l’air ambiant. Car ce digestat constitue la valeur marchande du processus. »
La chaleur récupérée permet de sécher le foin de luzerne, récolté en Corse toute l’année sauf janvier-février, via un partenariat prévu avec l’usine Corse-Bois-Energie d’Aghione, à des tarifs défiant toute concurrence. C’est circulaire social et solidaire. Ce projet citoyen le premier projet corse labellisé par le fonds citoyen « Energie Partagée ».
L’avenir de l’économie circulaire ? La fin du tout jetable, la prévention des déchets, la fin de la sur-consommation des ressources.