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Billet de blog 20 septembre 2014

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Après l’Ecosse, reconnaissance de l’autonomie territoriale des « Nations-sans-Etat » en Europe ? 4/5

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Edinburgh le jour d’après. Loin de se désoler, les partisans de l’autonomie des territoires, estiment avoir gagné des avancées politiques, dans les esprits comme dans les faits. « Demain en Écosse et dans le monde, là où la petite lueur s'est allumée, les chants reprendront... Quoiqu'on dise, quoiqu'on fasse pour jouer sur les peurs, Yes Scotland est une lame de fond » assure Fabiana Giovannini conseillère territoriale de Corse. Et François Alfonsi ( Pd de l’EFA) pro européen, anti nucléaire, fédéraliste réaffirme que « le droit à l’autodétermination est un droit universel ». Malgré la défaite, les partisans de l’autonomie des territoires ont-ils pris un nouvel élan pour dépasser les concepts obsolètes des Etats-Nations ? Gilles Simeoni, maire nationaliste de Bastia, commente la victoire du non : « le fait que ce référendum se soit tenu démontre que l'indépendance de l'Écosse va dans le sens de l'histoire". Au Royaume-Uni, de nouvelles compétences seront accordées aux parlements locaux, via plus de pouvoir administratif, politique, fiscal, législatif. Un pas de plus vers « l’élargissement intérieur de l’Union » avec selon les souverainistes « des statuts spécifiques, des collectivités uniques conformes aux territoires concernés, les droits des langues et cultures reconnus » ? Le Non l’emporte en Ecosse avec un score confortable (55,3 %) mais les avancées politiques encore plus décentralisatrices seront dévolues, plaçant le Royaume-Uni sur la voie d’un fédéralisme plus opérationnel. Une défaite exemplaire et digne pour Alex Salmond, une victoire pour la démocratie, une participation record de 86%. Prochaine étape ? On le sait, la longévité des personnalités politiques et la circulation des idées ne doivent rien aux versatiles scores électoraux. Pour soutenir la longue marche des « Nations-sans-Etat », François Alfonsi sera à Barcelone : « dans la perspective du référendum, nous espérons que le 9 novembre, les Catalans pourront eux-aussi voter librement. L'Espagne doit respecter la démocratie comme le Royaume-Uni l’a fait ».  Les Ecossais montrent l’exemple du civisme et de la démocratie. Quel avenir pour la Dévolution ? Fabiana Giovannini : « C'est irréversible. Les Écossais construiront leur indépendance. Patiemment. Le SNP réalise quelque chose d'énorme pour son peuple. Il est gagnant malgré le non, la Dévolution fait un bon en avant. De nouvelles compétences sont accordés au parlement d'Edinburgh. Les Ecossais démontrent leurs aptitudes à gérer. Londres, malgré ses volontés de quitter l'Union européenne, vient de s'y ancrer ! Comment imaginer obliger le peuple écossais à quitter l'Europe ? Londres devra tenir ses promesses et Paris doit en tirer les enseignements. Il y a un mouvement de fond en Europe pour la reconnaissance des Nations sans Etat. Good luck Scotland ! » Statuts spécifiques, collectivités uniques conformes aux territoires, droits des langues et cultures reconnus. Et pour l’autonomie de la Corse ? Fabiana Giovannini : « L’Ecosse, la Catalogne qui font vivre leur statut d'autonomie sont bloquées dans leur projet par les concepts dépassés du vieux modèle des Etats-Nation. Nous souhaitons une large autonomie en Europe, comme nous le voulons pour la Corse avec le pouvoir administratif, politique, fiscal, et législatif, avec des statuts spécifiques, une collectivité unique conforme au territoire concerné, et les droits des langues et cultures reconnus, comme le souhaitent les régions à forte identité en France.» 
Une autre Europe est-elle en gestation avec ses propres valeurs humaines et solidaires ? 
 Fabiana Giovannini :  « Oui. Le projet écossais, pose la question de l'élargissement intérieur de l'Union. Cela légitimise les luttes des nations sans Etat. Jusqu'ici c'était blasphème que de remettre en cause la toute puissance des capitales ! Parler une autre langue que celle de l'Etat-Nation ? Vouloir bâtir un autre avenir économique ? C'était impensable ! En France, on nous rétorque inlassablement "La République Une et Indivisible" ! Ces dogmes vacillent, sereinement. Le droit à décider est le leitmotiv de Barcelone d’Edimbourg et 80 M d’européens revendiquent. Ne serait-il pas temps qu'on les entende ? Le peuple corse dans sa large représentation démocratique à l'Assemblée de Corse réclame qu'on l’écoute. Pour la coofficialité de la langue, pour le foncier, pour la fiscalité, la résidence. Nous avons besoin de décider par nous-mêmes et Paris, inlassablement, répond non »  Le refus des armes nucléaires demeure un point très important du programme du Scottish National Party. Les Ecossais veulent développer les énergies renouvelables pour une Ecosse 100% EnR, sans centrales nucléaires et avec la volonté de rester européen.  Au micro de Thomas Sotto de Europe 1, Gilles Simeoni, maire nationaliste de Bastia, commente la victoire du non en Écosse et fait un parallèle avec la situation corse : « Le fait que ce référendum se soit tenu démontre que l'indépendance de l'Écosse va dans le sens de l'histoire. Je pense que ce qui n'a pas été possible aujourd'hui le sera probablement dans les années à venir. C’est important aussi de dire que les peuples se battent pour leur identité et pour le respect de leur droit. Notre nationalisme est un nationalisme d'ouverture, de tolérance, de démocratie. J’ai une démarche tout à fait pragmatique en Corse. Je pense que c'est naturel d'aller vers l'autonomie. Le peuple corse existe, personne ne le conteste. Il a sa langue, son territoire, son histoire, sa culture, ses intérêts propres. Cela dit, dans l'Europe qui est en train de se construire, il faut aussi penser à un modèle qui permette aux peuples et aux nations sans Etat de trouver leur chemin et leur forme institutionnelle adaptée à leur situation »

 http://www.europe1.fr/politique/la-corse-est-tres-loin-de-l-autonomie-ecossaise-2236195

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Liliane Vittori

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