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Billet de blog 20 novembre 2023

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A TOCCHISU Fête du cédrat

Foule et ferveur populaire à Tocchisu (Tox) pour « L’Alimea in Festa 21-22 oct.»: un évènement infiniment ruraliste, autour d’une possible renaissance du cédrat

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Foule et ferveur populaire à Tocchisu (Tox) pour « L’Alimea in Festa 21-22 oct.»: évènement infiniment ruraliste, autour d’une possible renaissance du cédrat. D'autant que en parallèle , il existe un programme ambitieux de l’intercommunalité de l’Oriente.

Illustration 1

, pour relancer en plaine et en piémont, les productions agricoles endémiques de la vallée de la Bravona. 

A Tox, aucun fatalisme, renoncement ou victimisation autour de la destinée du cédrat, cas d’école de l’histoire douloureuse de l’agriculture insulaire. Activité pourtant prospère, pénalisée par un régime douanier français, assassin pour les exportations du cédrat corse, tel qu’il fût imposé par la France (1768-1912 ).  

A Tocchisu sur la place du village, voici la joie du partage villageois, accompagnée par les jeunes violonistes et guitaristes de l’Archetti Biastiacci pour cette « prima edizione », magistralement organisée par l’association présidée par Brigitte Vangioni. Autour du bar pour le café, ils sont tous là, car ce qui se déroule à Tox, c’est leur scénario pour ressusciter les villages. C’est leur engagement et leur conviction de militants d’une ruralité dynamique, telle qu’elle est impulsée partout dans l’île par Paul-Joseph Caïtucoli (maire d'Argiusta-Moriccio), par Cristianu Andreani (Festivale di a Ruralita), par Jean-Charles Adami ( Sociabilité reconquête rurale et Cunfraterna di a Serra), par Francesca Desideri (L’Amore in Piattu), par Pierre-Jean Luccioni «Imbasciatore di i sapè fà et di i tradizione ». Le Sénateur Paulu-Santu Parigi a organisé son propre stand d'exposition avec SES cédrats géants et tous les produits dérivés confitures, cédrats confis, sirops etc...Et Francesca Desideri a réunit des groupes nombreux dans des ateliers de fabrication de "Suppa corsa" des soupes aux herbes qui ont ajouté une ambiance festive et gastronomique.

Illustration 2

« Artisgiani é spusitori », ateliers gastronomiques « Suppa corsa », dégustations de vin et de glace au cédrat (Sophie Mirande, Alessandro Capone) et conférences. Dans l’église pleine de Tocchisu, devant une assistance captivée, l’ingénieur de l’INRA Institut Nat. Recherche Agronomique François Luro et l’historien ruraliste Fabien Gaveau retracent l’histoire locale de l’Aliméa cultivé à Tox, en Balagne et dans le Cap Corse. L’île était premier producteur mondial de cédrat avec des exportations vers l’Europe (Amsterdam, Hambourg, Londres), jusqu’à New York et jusqu’en Californie et Porto Rico. Des Etats qui devinrent bientôt des concurrents sérieux en cultivant et en exportant eux-mêmes… via des plants de jeunes cédratiers importés depuis la Corse ! Le cédrat corse était commercialisé vers les communautés juives  d’avant la Shoah de 39-45, c’est un fruit consacré de la Fête des Tabernacles. Fabien Gaveau (CNRS-Univ. de Bourgogne): « le cédrat issu d’arbres non-greffés, les Corses l’ont préservé par leurs techniques de culture multi-millénaire depuis l’Antiquité. La communauté juive est encore intéressée par une certaine variété de cédrat corse, bouturée à partir de l’ADN de l’arbre père-mère. Dans le monde juif, cela renvoie à la « Pomme d’Or » biblique du Jardin des Hespérides, à tout cet imaginaire profond d’un fruit qui s’est multiplié ici sans changement, depuis son origine, ce qui confère à la Corse un éclairage sur ses nombreuses singularités. En réalité, le reflux de la production de cédrat insulaire doit beaucoup aux guerres, aux rapports de forces dans les sociétés, aux crises globales. Les exportations corses sont stoppées dans les années 30, sans aucun soutien de la France, sur le coût du sucre d’Italie. Tox, reste un site propice au fragile cédratier, qui nécessite des conditions climatiques particulières, avec ses terres blotties au fond de deux vallées adossées à la montagne avec belle ouverture sur la Tyrennienne »

——A l’écoute des citoyens de L’Oriente pour leur apporter des solutions d’avenir.——

Le futur? Jean-Claude Franceschi, président de la Communauté de Communes de L’Oriente, développe un projet unique en Corse, basé sur la réalité foncière existante en faveur de la relance agricole de la Vallée de la Bravona. Objectif ? Installer de jeunes agriculteurs sur des exploitations vastes, viables et rentables car elles auront bénéficié d’un remembrement. 

Jean-Claude Franceschi : « nous oeuvrons en faveur de futurs exploitants agricoles. Nous allons créer des unités foncières de surface suffisante, pour permettre aux jeunes de s’installer avec toutes les chances de réussir. Avant en Bravona il y avait  des oliviers, des vignes, du blé , du marâichage, de l’arboriculture fruitière. Ces jeunes agriculteurs, habiteront aussi dans les villages autour de la Bravona, re impulsant une activité économique ultra locale et une relance de la démographie. Je suis de Pianellu, je connais parfaitement les lieux, je suis rentré en 81 et déjà à l’époque, entendait qu’il fallait sauver les villages! Mais ça n’a pas bougé et aujourd’hui, je n’hésite pas à le dire, certains villages ont un pied dans la tombe et avec une population qui oscille autour de 20 habitant, cela commence à être inquiétant »

Les pistes de sortie de crise de l’Oriente qui déjà dispose d’un plan de tourisme éco-responsable?  Jean-Claude Franceschi : « la seule solution et elle est valable pour toute la rutalité corse, c’est la dynamique économique et l’emploi agricole pour permettre aux jeunes de vivre décemment. Pour cela il faut la volonté politique et dans l’Oriente c’est le foncier notre axe stratégique. Nous travaillons avec la Société société Aménagement Foncier Etablissement Rural (Safer) et Office Développement Agricole de Corse), nous sommes soutenu par les services compétents de la Collectivité de Corse, ils adhèrent, ils ont enfin compris, ici sur nos 22 villages, il y en a 20 dans le rural montagneux. Partout des gens s’accrochent à l’indivision sous prétexte d’un lopin de terre ici et là ou d’un vieux châtaignier dans le maquis. Pour convaincre les propriétaires, j’ai le discours de la franchise, c’est une aberration de s’arc bouter sur l’indivision, ce schéma mortifère qui condamne les villages. »

Dans l’Oriente, les militants visionnaires de la ruralité observent les fruits de leurs opérations exemplaires, qui toutes intègrent un scénario à reproduire pour ressusciter le rural : un village, son histoire locale, son architecture, son église patrimoniale, sa culture et sa musique, sa gastronomie et ses productions locales.  

Liliane VITTORI

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