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Billet de blog 20 décembre 2015

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CORSE. Les élus franciliens B.Debré, F.Fillon, J.Guedj adversaires ( illettrés) de la démocratie corse.

Les élus nationalistes aux commandes de la Région Corse. Ce choix des électeurs insulaires bouscule les certitudes des élus franciliens Bernard Debré, François Fillon, Jerôme Guedj. Plutôt que la boursoufflure et la caricature, ils devraient venir dans l'île, suivre les travaux de la Collectivité Territoriale de Corse.

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Cette victoire nationaliste en Corse

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bouscule les certitudes d’élus franciliens qui ne sortent jamais de Paris pour rencontrer le pays réel. Peut-on demander au professeur Bernard Debré, éminent cancérologue et député de Paris, d’être un as de l’histoire de France et de Corse ? Même question pour François Fillon (premier ministre de N. Sarkozy) qui tente de masquer son mépris de la Charte européenne des langues minoritaires ? Quant à Jérôme Guedj (député PS de l’Essone, énarque), il sombre dans la boursouflure et le ridicule concernant l’actualité des procès d’Yvan Colonna. Ces trois élus auraient dû réviser leurs leçons avant de lancer des excommunications ratées contre Jean-Guy Talamoni Président de l’Assemblée de Corse et Gilles Simoni Président du CE de Corse. On constate que la victoire nationaliste dans les urnes ne parvient pas à entâmer l’arrogance, le mépris, l’ignorance, l’élitisme d’une caste politicienne à qui l’on doit la désinformation et la décomposition actuelle de la France. Peut-on  leur demander de laisser les caricatures et le racisme anticorse aux humoristes ? Ces parlementaires franciliens devraient venir dans l’Ile de Corse suivre avec attention et respect les travaux de la Collectivité Territoriale. 

Sachez Mr Jérôme Guedj que la requête d’Yvan Colonna (condamné à perpétuité pour l'assassinat, en 1998, du préfet de Corse Claude Erignac) a

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été déclarée recevable « pour atteinte au procès équitable » par la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH.). Son avocat Me Patrick Spinosi : « la requête a passé le filtre de la recevabilité et a été transmise au gouvernement français. ». Les arguments (mises en cause à l’encontre d’Yvan Colonna et gardes-à-vue présumées non conformes), avaient déjà été soulevés, en vain, devant la Cour de Cassation. Une décision sur le fond de la CEDH pourrait être rendue en 2017, et permettre une révision du procès d’Yvan Colonna. Il aurait été honnête et apaisant, de ne pas amalgamer les demandes légitimes des élus nationalistes de Corse avec les « crimes de sang » que vous évoquez sur BFMTV.  

Sachez Mr F Fillon que la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires (1992 ) non ratifiée par le Sénat en octobre 2015 , « oblige les Etats signataires à reconnaître les langues régionales en tant qu'expression de la richesse culturelle ». Ainsi l’Allemagne qui admet en toute tranquillité la reconnaissance de ses langues minoritaires (Bas-allemand, Danois, Frison, Romani, Sorabe)

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a ratifiée ce texte. La totalité des pays européens ou membres du Conseil de l’Europe ont fait de même, exceptés l’Albanie, la Belgique, la Bulgarie, l’Estonie, la Géorgie, la Grèce, l’Irlande, la Lettonie, la Lituanie, le Portugal. Les Bretons, Corses, Alsaciens, Basques, Occitans attendent… que la France suive mais il faudrait en passer par une modification de la Constitution  par référendum ou adoption au 3/5 par le Congrès. La question est non résolue mais les élus de Corse bataillent depuis des années pour faire reconnaître le fait insulaire auprès d’une capitale parisienne souvent plus autiste que compassionnelle vis-à-vis de la Corse.

Quant à Bernard Debré  qui fut ministre de la Coopération et maire d’Amboise, il souffre! « Je suis très inquiet dit-il au micro de Sud Radio. Le repli identitaire prôné par le FN et le repli identitaire prôné par monsieur Talamoni

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sont de la même espèce ». Moi ce qui m’inquiète ce sont les graves lacunes de Bernard Debré qui ne connait absolument rien de la jeune République corse fondée en 1755 par Pasquale Paoli. Selon le Président de l’Assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni (Corse Net Infos) « elle inspirée du républicanisme classique italien auquel Paoli va ajouter des idées résolument modernes. Par exemple, la laïcité. Cette démarche de sécularisation est le respect du politique par rapport à l’église. Cette laïcité tranquille paolienne permet l’intégration des Juifs à l’Etat. Non seulement Paoli encourage, les Juifs à venir en

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Corse, mais leur donne le droit de vote. C’était quelque chose d’inimaginable en 1755 en Europe ! L’intégration des Juifs à l’Etat que Napoléon fera, quand il sera aux affaires en France, semble avoir un lien intellectuel avec l’attitude paolienne. ». Le concordat organise les rapports entre les différentes religions et l’État dans toute la France de 1801 à 1905, date de la séparation des Églises et de l'État. Sous le Premier Empire 1808 le Concordat est étendu au culte israélite. 

Constitutionaliste redoutable et respecté et auteur de nombreux ouvrages dont « Littérature et politique en Corse. Imaginaire national, société et action publique », Jean-Guy Talamoni rappelle qu’avant d’être général en France Napoléon Bonaparte « fût indépendantiste corse, paoliste et même violemment anti-français. ». La Constitution corse, votée en 1755 (Consulta generale di Corte)

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reste la première constitution démocratique de l'histoire moderne. Elle déclare la souveraineté du peuple et la séparation des pouvoirs législatif et exécutif et le suffrage universel. Elle fut en vigueur de 1755 à 1769 ( Ponte-Novo, défaite militaire face aux troupes françaises). C’est sur un commentaire de ce texte que les élus du Conseil Exécutif de Corse ont prêté serment lors de la session d’inauguration de la nouvelle Assemblée.

Gilles Simeoni a déclaré ce jour lors de l’émission Cunstrastu ( FR3 Corse Via Stella « "L'indépendance ne fait pas partie du contrat de mandature, n'est pas à l'ordre du jour pour les années à venir. Et je considère qu'il n'y a rien de choquant à ce qu'un élu de la Corse s'exprime en langue corse à l'Assemblée de Corse. Il y a des peurs ou des inquiétudes à dissiper. Au sein de Per a Corsica, il y a un mouvement qui est favorable à l'autonomie, il y en a un autre qui est favorable à l'indépendance. Ce sont des options qui seront débattues dans le cadre du débat public dans les années à venir et ce sont les Corses qui trancheront. Si les Corses veulent l'indépendance personne ne pourra les empêcher de la prendre. En sens inverse, si les Corses n'en veulent pas, personne n'a la prétention de leur imposer. »

LV

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