A bref délai et c’est une question de jours : la Corse et Paca sont menacés, en première ligne et directement, par la bactérie dévastatrice Xylella fastidiosa. Elle tue plus de 200 espèces végétales, alimentaires et ornementales, cultivées et sauvages. Alors Monsieur le Ministre de l’Agriculture Stephane Le Foll sait-il que la Corse est une île (entourée d’eau) ? Et qu’il serait urgent, principe vital de prévention, d’y interdire les entrées des végétaux contaminés, ou non encore détectés infectés mais potentiellement dangereux ? Contre l’arrivée de la bactérie tueuse Xylella fastidiosa : l’Etat français veut-il vraiment protéger l’écosystème insulaire, c’est à dire tout le couvert végétal ? Ou bien Paris va-t-il s’en tenir à des mesurettes « dérisoires »? Car des conséquences gravissimes s’annoncent, c’est à dire la disparition des oliviers, chènes, fruitiers, vigne, agrumes etc. Pour les experts mobilisés en Corse, selon les simulations biologiques et scientifiques, et vu l’étendue de la contamination en Italie : l’épidémie sera en Corse ces jours-ci ! Elle restera invisible jusqu’à la mort des premiers oliviers et ensuite le déssèchement irrémédiable de la majorité des végétaux avec un impact incalculable sur les activités humaines. Un scénario valable pour tout le continent européen. La bactérie est transmise et dispersée par des insectes vecteurs, cercopes et cicadelles, se nourrissant de la sève. La circulation en Europe, et la plantation de sujets contaminés, y compris de végétaux d’ornement, représentent un risque important de dissémination. Confinement total : un seul port en Corse pour les importations vitales et strictement contrôlées de végétaux. Alors, l’Etat et ses services en Corse vont-ils se contenter, comme actuellement, de préconisations et d’incantations à l’échelle du territoire français continental, lui-aussi gravement menacé, dont en première ligne les régions Paca et Midi-Pyrenées ? Et ce malgré les alertes et les délibérations de l’Assemblée de Corse ? Contre ce fléau Xylella n’existent que deux réponses : le confinement total et l’arrachage intégral. A ce jour les initiatives prises par la Préfecture de région Corse sont encore qualifiées de « dérisoires » face au risque de voir toute la verdure insulaire passer de vie à trépas. Procrastination, incompétence, manque de moyens pour de vrais contrôles phytosanitaires ? Les Corses, les élus territoriaux via une délibération datée de septembre (!), les socioprofessionnels et les agriculteurs exhortent le Préfet de la Région Corse pour qu’il prenne enfin la décision drastique qui s’impose pour empêcher toute contamination à la bactérie mortelle Xylella Fastidiosa. A savoir l’interdiction totale d’entrée de plantes, arbres, végétaux sur le territoire insulaire avec un contrôle strict pour les végétaux entrants liés aux activités agricoles et arboricole en Corse ( fourrage). Via une lettre ouverte au Préfet de Corse (20 avril) le Collectif Xylella Fastidiosa alerte sur la catastrophe écologique qui guette la Corse si aucune mesure significative n’est prise par l’Etat et ce sans aucun délai : « quelles mesures de protection comptez-vous prendre face à la menace gravissime que constitue cette bactérie dévastatrice ? La progression de la Xylella dans le Salento (Sud de l’Italie, Puglia) échappe à tout contrôle. Un nouveau foyer est apparu à Oria au-delà de la zone déclarée contaminée. De l’avis des scientifiques, les mesures prises par l’Etat italien sont dérisoires et inefficaces. » Le Culletivu Xylella Fastidiosa accuse. Et les initiatives du Ministère de l’Agriculture depuis Paris ? Tout aussi insignifiantes, faibles, incohérentes et sans aucune garantie de résultat selon un Culletivu Xylella désormais en alerte rouge : « des plants de caféier infectés trouvés à Rungis et une suspicion sérieuse plane dans le Haut-Var, des plants malades importés d’Italie. Le Ministre de l’Agriculture interdit l’importation de plants végétaux en provenance de la zone contaminée ainsi que des pays déjà touchés. Mais nous tenons vivement à vous rappeler que les Passeports phytosanitaires obligatoires (PPE) des végétaux n’apportent aucune garantie ! La bactérie est indétectable à l’œil nu, certaines plantes sont porteuses sans symptômes, un plant peut héberger durant son transport des insectes vecteurs dont un seul suffit à contaminer une région entière ! ». Suite de ce constat lamentable, les Corse accusent. Ils prouvent que les dispositions françaises sont inapplicables : « vous proposez aux professionnels d’interdire l’importation des espèces sensibles. Vous savez très bien que cette disposition est inapplicable, plus de 200 espèces étant contaminables ! Vos services ne peuvent assurer une traçabilité des plants, notamment italiens, dans la mesure où ceux-ci ont la possibilité de transiter par d’autres pays. » . Un séïsme environnemental sur des milliers d'hectares. La Corse, reste la seule région qui pourrait être réellement protégée efficacement et qui sinon, pourrait vivre un cataclysme phytosanitaire, un « seisme environemental » sur des milliers d’hectares, sans précédent dans l’histoire connue et donc de mémoire d’homme en Méditeranée. Il est vrai qu’assurer le confinement total et l’interdiction absolue d’importer des végétaux dans l’île serait du jamais vu… Pourtant c’est LA solution et l’île de la Réunion (TOM DOM Océan Indien) bénéficie d’une mesure similaire. Actuellement en Corse rien d’efficace hormis la bataille médiatique. Il n'y a aucune campagne d’information officielle publique des habitants et des voyageurs. La gouvernance de la France ( qui n’est pas une île) semble incapable de réagir à la hauteur du danger. Les pouvoirs publics manquent cruellement de moyens dit-on. Le Collectif préconise le confinement total : « Monsieur le Préfet, il y a urgence absolue à agir ! Il n’y a aucune mesure de protection possible hormis la suspension immédiate de l’entrée des plants en Corse. Nous vous demandons de prendre cette mesure, de votre ressort de votre entière compétence, dans les plus brefs délais. » Pour le collectif il est encore possible de sauver la situation. Soit une cellule de crise dès la semaine prochaine, des modalités d’importation de végétaux destinés aux agriculteurs, une zone de quarantaine déterminée dans un port unique de Corse, des mesures de compensation, le renforcement d’une filière de plants locaux, un plan de communication efficace pour les professionnels et le grand public. Saveriu Luciani élu territorial : « Les services de l’Etat ont de la difficulté à prendre en compte la situation géographique de la Corse, l’insularité comme les possibilités de coordination entre les socioprofessionnels corses et italiens ». Question survie des oliviers, oleïculture, production d’huile d’olive européenne : ces producteurs corses et italiens ont les mêmes intérets. Une donnée que Paris est loin de comprendre alors les Corses réclament une coordination et une reconnissance par l’Europe de la situation phytosanitaire des territoires insulaires en Méditerranée. Sur le danger mortel Xylella fastidiosa : l’Europe actuellement se défausse sur les Etats-membres, en attendant un éventuel plan européen.
LV
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