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Billet de blog 23 mai 2014

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Europe : pronostic vital engagé. Ses territoires, ses PME, sa créativité régionale, rongés par les multinationales.

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Europe : le pronostic vital est engagé. Et la paix y serait fragilisée selon Henri Malosse Président du Conseil Economique et Social Européen (CESE) qui s’exprimait à Bastia à l’invitation du maire autonomiste Gilles Simeoni sur le thème « L’entreprise, la Corse, l’Europe : les leviers de développement.»  Quel est le message de la Corse ? Pourquoi miser sur les territoires naturels européens, leurs filières identitaires, leurs PME in situ, leurs emplois solidaires ? Et ce, dans un esprit européen multimillénaire de coopération et d’innovation.  Une alchimie politique territoriale pour sauver l'Europe ?  Globalisation, finance omnipotente, impitoyables et invisibles lobbies, dumping fiscal et social : le tissu économique européen est menacé.  Cette alchimie politique « territoriale » est-elle l’ultime traitement, la dernière chance pour la gouvernance européenne ? « Oui, ces élections sont la dernière sommation, après, et si rien ne bouge, se sera la fin de l’Union Européenne. Et le changement ne viendra pas d’en haut ! ». Ces propos ne sont pas  ceux d'un dangereux gauchiste-souverainiste anti-Europe, ils sont d'Henri Malosse, qui préside la troisième assemblée européenne à Bruxelles !  Comment conjuguer, ensemble, justice sociale et conquête de nouveaux marchés ? Une équation primordiale,  posée aussi à Bastia par la nouvelle municipalité. Après la liesse du rassemblement politique et la victoire de Gilles Simeoni : cet élan se prolonge... là ou on ne l’attendait pas, avec un volet économique « basé sur la solidarité des habitants d’un même territoire » explique le maire.  Signal fort d’une parole qui se libère : étaient invités à la Mairie  (une première)  les entrepreneurs représentant les filières insulaire : le BTP, le numérique, les mutuelles, le Président National  des Pêches, l’agro-alimentaire ( Brasserie Pietra, viticulture,  agrumiculteurs, aquaculture), l’Ensam (Arts & Métiers), l’hôtellerie via sa fédération régionale, les fonds d’investissements.  Cette stratégie du vivre-ensemble, cette résilience,  sont-ils reproductible dans d’autres régions traumatisées et sinistrées ? Un territoire européen est une entité multidimensionnelle,  dont on ne soupçonne pas les potentiels humains et économiques. Il suffit d’éteindre le robinet publicitaire de la télévision, et de traverser les villes et départements du continent français et européen, pour constater de visu :  le déclin qui s'avance, les populations précarisées, la pauvreté, un certain délabrement urbain, les friches industrielles.  « Les difficultés de la Corse, on les retrouve largement en Europe avec un sentiment de rejet et de défiance qui va obliger l’Europe à se poser les bonnes questions. Quel est le message de la Corse ? Et son attente vis-vis de l’Europe ?  La survie de l’Europe est en jeu, il faut reconquérir des marchés, assurer l’emploi, la justice sociale et donner du sens » lance Gilles Siméoni. Un maire, et ce n’est pas anodin, dont le principal colistier est le bastiais Pierre-Noel Luiggi, Pdg fondateur du groupe européen OSCARO, et aussi vice-président de la Communauté d’Agglomération de Bastia en charge de l’économie et de l’innovation. Si les partis au pouvoir en Europe sont intoxiqués par le trafic d’influence de la finance : les territoires, eux, ont besoin plus que jamais de vrais entrepreneurs. Et sans, si possible, ce dumping social acharné qui tuent les territoires. Ainsi en Haute-Corse pour la centrale EDF de Lucciana, sur les 350M d’€ de travaux de rénovation, seulement 15Md’€ sont allés à des professionnels insulaires. Ce scénario, habituel dans la commande publique, favorise ( et c’est un scandale) le plus souvent les multinationale qui emploient des salariés surexploités sous payés. Sur ce point, inutile de se leurrer, sur ces questions salariales, c’est toujours la Chine qui gagne.  
L'euroscepticisme.
Henri Malosse, expose le bilan lamentable d’une UE moribonde. Il sait de quoi il parle : « L’Union Européenne continue de détruire des emplois, avec la concurrence déloyale des trusts multinationaux qui empêchent les TPE et PME européennes d’accéder aux marchés. L’emploi local n’est pas assez soutenu. L’Europe a vécu à Bruxelles, ces dix ans, dans une bulle que je connais bien, et qui va éclater le 25 mai . L’euroscepticisme sera partout. Il faut que le message soit compris, si on ne change rien dans les 5 ans qui viennent l’Europe court a sa perte. A moins d’un virage à 360 °, la construction européenne sera caduque et aussi la paix ! On voit comment les grecs parlent des allemands. » Pourquoi 
viser une « logique territoriale» ?  Henri Malosse sur le futur de l’Europe : « ici à Bastia, ville qui a subit des destructions et l’occupation italienne et allemande, on ne veut pas que cela revienne. Et malheureusement, il faut y faire attention car rien n’est exclu dans l’histoire. Les institutions européennes ont de lourdes responsabilités. Sur la destruction des emplois, les pays qui ont stoppé la descente aux enfers, Espagne, Italie, Grèce ne recréent d’emploi, ils assurent la survie. Et les taux de chômage grimpent aussi en France. Même si les finances publiques sont provisoirement sauvées mais pas assainies, la maladie a été tuée comme le malade. On n’a pas redressé les fondamentaux, les gens ne consommeront pas sans vrai redémarrage. Il ne faut pas espérer regagner de la croissance en exportant nos produits vers la Chine. Regardez le coût du travail entre l’Europe et la Chine, c’est facile de voir qui va gagner, l’Europe perd de sa puissance économique peu à peu ».  Que signifie « solidarité économique territoriale » pour  271 territoires incluent les agglomérations à forte densité urbaine ? Le Président du CESE : « pour faire fonctionner une démocratie, une économie il faut une cité comme celle de Platon, un espace pour soutenir les innovations, les mécanismes de solidarité, les mutuelles, les services publics. L’Europe s’est construite à partir des pays, mais idéologie folle, on a pensé ensuite que tout cela était dépassé par un monde globalisé, laissant de côté l’identitaire, le local. Le fait régional n’avait plus de sens. Mais la globalisation, ce sont les impérialismes, la Chine, la Russie de Poutine. »  
Un " statut de résident" esquissé en Belgique à  Zaventem ? Il se trouve que Mr Van Rompuy, député-bourgmestre flamand de Zaventem (aéroport international ) a décidé, par décret municipal, de limiter l’accès au logement social, en faveur de ses ressortissants travaillant sur place, Un premier pas vers un statut de résident  européen " ?

Toute logique territoriale protège à la fois, les habitants, les emplois locaux, les entreprises.  Ce sont les fondamentaux de l’économie solidaire auxquels adhèrent en grande majorité, les chefs d’entreprises de Corse.  Ceci offre, à tout territoire, la capacité de stabiliser des entreprises pérennes, non délocalisables, basées sur les richesses locales ( gastronomie, paysages, produits de la pêche, l’agriculture, la forêt) et assurant la survie des emplois locaux. Et ce, alors que de jeunes européens font le choix de l’exil vers les pays émergeants et que, à Bruxelles "15 000 lobbyistes se démènent à proximité des institutions européennes pour tenter d'en influencer la politique" ( lire dans Médiapart).  Reconquérir les marchés intérieurs et si possible extérieurs. Comment les patrons de TPE et de PME insulaires resistent-ils aux attaques de la technocratie européenne ? Dominique  Sialelli a fondé l'emblèmatique Brasserie Pietra: « Nous avons énormement de contraintes règlementations européennes et pas forcement les interlocuteurs en face de nous, contrairement aux lobbies installés à Bruxelles ! Des normes qui évoluent parfois heure par heure ! Nous avons un salarié à plein temps ( et des logiciels spécifiques) affecté à la veille règlementaire. Tous les jours, il nous annonce des nouveautés. Les directives européennes sont quasiment rédigées par les grands lobbies industriels, qui ainsi éjectent les PME. Alors qu'elles souhaitent , au- delà des petits marchés artisanaux, prospecter des zones géographiques d’ampleur. Les trusts ont les moyens de financer des lobbies qui portent leurs paroles. Pas nous. Il ne s’agit pas de la théorie du complot mais quand on parle de sécurité alimentaire, de traçabilité, on parle de bonnes intentions pour  protéger le consommateur. Cela signifie des équipements, des processus industriels en qualité, en laboratoire donc autant de coût induits. »  Les mastodontes de l’agro- alimentaire ont les moyens … mais pas les TPE et les PME européennes qui « au fil des discours et des réunions avec les autorités sont éjectées des marchés. "  L’extermination des petites entreprises européennes annonce-t-elle  la fin de l’Europe ? il faut absolument reconquérir des marchés, assurer l’emploi, la justice sociale. En Corse il y a un sentiment unique, remarquable parmi les entrepreneurs, un sentiment fort de l’identité « ce qu’ils veulent,  ajoute Henri Malosse,  ce n’est pas seulement développer leurs entreprises, mais aussi être reconnus par leurs pères, c’est le lien entre leur origine corse et l’entreprise qu’il créent. »

Liliane Vittori.

Parmi les présents à la Mairie de Bastia : Une vingtaine de chefs d’entreprises, de syndicalistes et d’acteurs économiques locaux ont répondu à l’invitation : Dominique Sialelli, PDG de la brasserie Pietra, Albert Fusella, PDG d’Entreprises Fusella Constructions, Philippe Pasqualini, président de CGPME 2B, Jean-Claude Venturini du groupe Mavela et Akuo Corse, Dominique Franceschi, Frédéric Franceschi et Pascale Salge, représentants du groupe PME CIF /COMEG, Gérard Romiti, président national des pêches, Jean-Marc Venturi de la chambre d’agriculture, André Cardosi de Kalikem et président des agrumicukteurs, Paul Miniconi d’E-School, Agathe Albertini, présidente de l’UMIH (Union des métiers de l’industrie hôtelière), Bernard Ottaviani, Directeur général de la MFC (Fondateur du groupe SOLIMUT), Marc Simeoni, cabinet conseil MS Consulting, Didier Libert, directeur de l’ENSAM de Corse, Patricia Guidoni de l’AGEP et Vincent Tremege d’Holding action 

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