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Billet de blog 24 juin 2016

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Syndrome de Florence… à Bastia où la peinture Renaissance italienne est splendide.

Un gag ce « syndrome de Florence » à Bastia ? Oui et non car si l’émotion peut submerger le visiteur face aux tableaux des églises de Bastia… il est certain que, contrairement à la cité toscane, la beauté du patrimoine insulaire n’a jamais occasionné d’hospitalisation. Rappelons simplement que ce « syndrome de Florence » n’est pas une légende.

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Direction du Patrimoine de Bastia Ville d’Art et d’Histoire. Lors d'une conférence sur la restauration d’un monumental tableau du peintre florentin Giovanni Bilivert, ce syndrome m'est revenu en mémoire. Alors un gag ce « syndrome de Florence » à Bastia ? Oui en non car si l’émotion peut troubler le visiteur face aux tableaux des églises de Bastia… il est certain que, contrairement à la cité toscane, la beauté du splendide patrimoine insulaire n'a jamais occasionné d’hospitalisation. Rappelons simplement que ce « syndrome de Florence » ou « de Stendhal » n’est pas une légende. C’est une curieuse et bien réelle dépression psychosomatique avec « troubles cardiaques, vertiges et suffocations qui atteint certains voyageurs exposés à une surcharge d’œuvres d’art », principalement les peintures et sculptures inspirées du récit biblique. Une confrontation avec la beauté et la foi dont les touristes les plus sensibles ne ressortent pas indemnes. Un éblouissement à vivre aussi sans modération, devant le monumental St-Roch (3,70 m de haut sur 2, 47 m de large) disposé sur le maître-autel à colonnes de marbre de l’Oratoire St-Roch rue Napoléon de Bastia. Oeuvre-phare de la peinture italienne de l’ancienne capitale de la Corse : ce spectaculaire tableau vient d’être restauré.

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Une initiative de Philippe Peretti Adjoint au maire de Bastia Chargé de la Culture et de Michel-Edouard Nigaglione Directeur du Patrimoine. Cette commande de la Confrèrie St Roch bastiaise, fût réalisée en 1626 par Giovanni Bilivert, le plus grand peintre florentin du début du XVIIe  siècle. Somptueusement vêtue en bleu de lapis-lazula la belle Sainte-Catherine d’Alexandrie y côtoient Saint-Roch, Saint Sébastien et Saint-Martin de Tours. Ils sont réunis aux pieds de la

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Vierge à l’Enfant. C’est splendide et on ressent la même indicible émotion pure que les visiteurs de Florence, Venise, Pise et Gènes… quelque part entre le mystère de la foi et la virtuosité quasi cinématographique de peintres capables de récréer le mouvement de la vie sur la toile. Les oeuvres Giovanni Bilivert, ce fils d’un orfèvre de Delft, sont dispersées dans tous les grands musées européens et Bastia en possède deux, classés au Monuments historiques. L’autre est l’Annonciation de 1630 visible à l’Eglise Ste-Croix Quartier de la Citadelle. A l’époque chaque tableau authentique et signé était souvent copié deux fois par le maître,

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et toujours accompagné d’un « ricordu », petite reproduction à l’huile sur cuivre. Celle du St Roch est la propriété du Musée du Louvre à Paris. Ces deux tableaux de Bilivert inspirèrent les peintres insulaires et il existe environ une vingtaine de reproductions dites « naïves », réalisées entre le XVIIe et le XIXe siècles en Corse, notamment dans les églises de Ficaja, Castineta, Lavasina, Scala, St-Jean de Moriani et Carcheto.La restauration plus le nettoyage des marbres et du rétable à colonnes ( avril à juin 2016) est de Renato Boi. C’est une série de 12 opérations délicates dont le « fixage des écailles », « l’enlèvement des vieux vernis oxydés, des repeints », « le masticage des lacunes » ainsi que la «  réintégration chromatique ».

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La déontologie internationale des restaurations a été respectée, elle suppose une série d’obligations parmi lesquelles la lisibilité, le respect de la création originale, la reversibilité ( des techniques et matérieux qui pourront être éliminés dans le futur selon les innovations technologies à venir…). San Roccu né à Montpellier, 

Comme l’écrit Fréderique Valery  dans l’excellent mensuel gratuit Kurnos Stampa ( dirigé par l’historien Ghiovan Filippu Antonlini) : «  la peur des maladies et des épidémies est telle que durant la période moderne, on attache une importance particulière aux saints intercesseurs et auxiliateurs ». St Roch, né à Montpellier est un ermite et un pélerin qui parcourre l’Europe. Réfugié dans une forêt, il aurait été guéri de la peste, par l’intervention d’un ange et d’un chien qui lui apporte du pain. Il est toujours représenté avec le bubon de la maladie sur la cuisse et un chien qui l’accompagne. Confirmé en 1629 par le pape Urbain VIII « le culte de San Roccu se diffuse largement en Corse  encouragé par la présence d’ermitages et de nombreuses confréries. Il est célébré le 16 août dans l’île. »  

 Cette peinture est une fenêtre via laquelle on peut deviner l’immense patrimoine culturel de la Corse. Outre son patrimoine naturel et son écosystème unique au monde, l’île dispose d’un ensemble patrimonial riche et diversifié absolument phénoménal avec les sites archéologiques, les chapelles romanes, les églises baroques, les villes fortifiées, la langue corse, la littérature, les festivals de cinéma et de théâtre, les célébrations et reconstitutions historiques, les musées dont le Parc Galea

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et bien sûr l’Histoire elle-même avec les destinées de Pascal Paoli et de Napoléon.  Outre le Palais Fesch et la Maison Bonaparte (à  Ajaccio) la Corse est un véritable « jardin archéologique » depuis 9000 ans avant J-C

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incluant le mesolithique , les Ages de Bronze et de Fer puis les sites romains  d’Aléria et de Mariana. Déjà l’égyptien Ptolémée avait réalisé une cartographie en l’an 125, qui dénombrait en Corse selon Corse-Matin « 33 villes, 2 colonies et 12 peuples des Licninoi au Subasonoi… » .

LV

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