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« Un éclaboussement de lieux, de sites à l’architecture baroque, qui nous content l’Hier, qui écrivent Demain, et nous imposent devoir de mémoire ». Par ces mots, Fanfan Griffi positionne le message de Fà in Campile. Ainsi, tout est dit sur l’immense patrimoine de l’île à re découvrir, à mémoriser, à valoriser. Ce passé extraordinaire est principalement situé, comme enfoui, dans le rural en montagne. Des chapelles romanes côtoient des vestiges de la préhistoire insulaire, des castelli en ruine, des églises baroques (très bien restaurées dans le Casacconi) le plus souvent rénovées par des municipalités actives soutenues par les services du Patrimoine de la Collectivité de Corse. Et on découvre aussi, ici et là, des villages abandonnés surgissant au détour des sentiers, comme des cités fantômes. A cet ensemble monumental dispersé s'ajoutent le patrimoine littéraire et historique, notamment par exemple la saga des Théologiens d’Orezza à l’origine des convictions politiques de Pasquale Paoli. Fanfan Griffi : « on a médité à Campile sur la mémoire comme chemin de l’avenir car on oublie trop facilement ce qu’on a été ».
Résistance, espoir, résilience. Dans le Casacconi (Hte-Corse) sur la place de l’église, Fà in Campile a déroulé le programme de sa deuxième édition. Le 21 août, une table ronde sur les risques incendie U Focu Pruduce per pillà a Suprana. Le 22 août, un marché des artisans et producteurs. Le 23 août, un moment d’intense signification avec U Locu une memoria per l’avvene. La conférence est animée par Pierre-Jean Campocasso (Directeur du Patrimoine) avec Pierre Comiti (archéologie médiévale), Charles-Antoine Pasqualini (Dir. del. Patrimoine), Jean-Marie Vecchioni maire de Campile, Jean-Emmanuel Vittori ( Dev. durable Management des PME et Territoires touristiques) et le poète Gilles Zerlini.
Fà in Campile on pourrait le chanter en randonnant à pied ou en circulant en voiture sur ces routes suspendue dans l’espace comme l'interminable et solitaire A gira di Casabianca. Outre son patrimoine bâti, la Corse renvoie immédiatement à la grandeur de la nature omnipotente, à sa beauté pure, aux chênes millénaires comme aux kilomètres de plages sublimes quasiment vides même en été ! A Campile ( et partout dans l’île en toutes saisons), on croise ici et là, des poètes, des musiciens, des artistes, des agriculteurs. Et aussi ici, les associés hyper actifs de la coopérative culturelle Orma Creazione qui organisent Fà in Campile avec le maire Jean-Marie Vecchioni. Et il ne s’agit pas d’inverser la tendance consumériste du développement du littoral mais tout simplement "d’être"…Tout un programme de résilience. Face à la « désertitude du rural », Fanfan Griffi est à l’origine de Fà in Campile, et de Orma Creazione une coopérative culturelle innovante et qui montre un chemin.

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Et il ne s’agit pas d'appeler le consumérisme au secours du rural. Fanfan Griffi : « cette histoire, qui consiste à construire une civilisation sur la quantité, sur le nombre, et non par l’esprit, est extrêmement préoccupante. Car un destin s’est mis en marche et il nous dit, je vais m’occuper de vous ! Les villes, la promiscuité, l’injustice, la misère, les grands centres de la consommation et de la réunion sociale on en voit les effets aujourd’hui . Alors, comment considérer encore que c’est le chemin idoine pour demain, ce n'est pas possible! Nous devons réajuster nos codes et ré inventer notre manière de regarder, de penser et d’agir le monde. Voilà pourquoi c’est à Campile, ce lieu presque en désespoir de résilience, que nous avons décidé de lancer Fà in Campile ». Les projets d’Orma Creazione? Lucide et conscient des freins, des conflits, des pesanteurs qui se multiplient dans l'île pour s'opposer à certains projets, Fanfan Griffi, voyageur et entrepreneur, reste engagé et confiant. Il ajoute : « il n’y pas de pire ennemi, quand on parle de colonisation , que le colonisé lui-même. On n'invente pas mieux en matière d’alliance objective entre le colonisé et la colonisation. Nous sommes dans cette situation, cela veut dire que, au bout de toute initiative, au bout de toute envie et au bout de cette histoire, moi je dis quand même, ils ne savaient pas que c’était impossible, c’est pour cela qu’ils l’on fait ! Pourtant ce pays extraordinaire, cette petite île et son charisme inouï, produit depuis 2 siècles, le plus fort taux d’assistés que l’on puisse imaginer…Cela a été voulu, accepté, encouragé et même militantisé ici, l’assistanat. Comment est-ce possible ? Ce pays qui aussi peu à perdre, pense qu’il a tout à perdre…Alors, nous créons un laboratoire qui donnera naissance à une fabrique de projets »
Relancer le rural, recréer des entreprises agricoles sur un territoire à haut potentiel ? Et même sauver de l’abandon, de l'oubli, de la déprise démographique des villages de l'intérieur, tous dotés d'églises et d'une histoire multimillénaire ? Beaucoup d’élus, de militants associatifs, d’agriculteurs oeuvrent dans ce sens, du nord au sud de la Corse, depuis des décennies. Et particulièrement dès qu'une récession montre ses effets et détruit les emplois. Toutes les recettes co-existent : les foyers ruraux dynamiques (et parfois hôteliers comme Pianellu), les associations de propriétaires (foncières pastorales, ASL dont l’Amichi di U Ruggione à Luri), les fieras (San Branca), les confréries, les associations humanitaires, le festival de la ruralité de Patrimoniu, les associations sportives, musicales, patrimoniales, historiques, les événementiels littéraires et vinicoles, les petits musées locaux etc… Ou encore le dispositif d'Hélène Teulon polytechnicienne et docteur en économie industrielle, fondatrice de Gingko21. Soit le vaste ( et incroyable!) réseau Ecologie économique territoriale de la Vallée de la Gravona en Corse-du-sud de Vivario à Ajaccio " le coeur de métier de Gingko21 c’est l’amorçage!. La démarche s’inspire de l’écologie territoriale, en l’élargissant à des activités non industrielles. Avec le constat que la vie s’est développée sur terre grâce à de multiples processus collaboratifs etc..."

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Fa in Campile est né de l’amitié entre le maire de Campile Jean-Marie Vecchioni et Fanfan Griffi. Ils ont choisi le levier culturel et coopératif, ce qui représente un très grand pas en avant, en comparaison des structures basées sur le strict bénévolat associatif. Lequel a montré ses limites

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dans le contexte social actuel d'une population vieillissante et d'une précarité qui souvent atteint les familles. ORMA CREAZIONE a été créee avec 17 associés, des locaux à Campile, un budget, des subventions de fonctionnement et d’investissement. Et dès septembre, deux salariées et des projets. Outre les rencontres Campi Libri prévues en octobre prochain et un atelier d’écriture : ORMA CREAZIONE proposera des prestations en production, en gestion, en communication et relationnel, en direction des collectivités locales, des municipalités, des associations souhaitant développer des projets culturels. Christine Juda, chargée de production ORMA CREAZIONE : « nous sommes inscrits dans le cadre de la politique culturelle de la Collectivité de Corse, nous avons créé un outil à Campile pour accompagner les élus, les associations, les territoires dans la mise en place de projets culturels. » Prochain rendez-vous ? CampiLibri en octobre une rencontre autour des livres, des auteurs, des éditeurs et des libraires.
LVittori
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