De Bastia à Marseille, des collèges aux universités, des Rectorats de Corse et d’Aix-Marseille jusqu’à Paris au Ministère de l’Education Nationale et au Sénat : les initiations à la nonviolence (nv) deviennent des outils indispensables du vivre-ensemble. Les formations concernent les enseignants et les élèves mais aussi les relations en famille, au travail, dans les quartiers. Notre quotidien toxique révèle un besoin vital et urgent d’éradiquer les comportements négatifs et les peurs tout comme la passivité et la résignation sociale. Avec IFMAN Méditerranée (ifman.med@no-log.org), Jean-François Bernardini Président de la Fondation de Corse Afc-Umani amplifie en Corse et dans les Bouches-du-Rhône ce qui est un mouvement mondial en devenir : le Mouvement pour une Alternative Nonviolente. A Marseille (Lycée Hôtelier Bonneveine 26 nov.) et le 7 décembre (9h à 17 h Hotel Ibis St Charles gratuit pour les étudiants et demandeurs d’emplois) : « Devenons artisans de la nonviolence. Diventimu artigiani di a noviulenza » avec Guillaume Tixier (IFMAN Méditerranée). Ecouter la colère et la souffrance, pour les transformer en énergie positive c’est possible et cela s’apprend.
Lycée Hôtelier de Marseille. Cela s’est passé lors d’une précédente conférence de Jean-François Bernardini leader de I Muvrini. André Borrato enseignant en Bac Pro raconte : « J’ai vu ici 80 lycéens fascinés par les paroles de Jean-François et comme écoutant un conte merveilleux ! ». Ensuite le Président de Afc-Umani (afc@afcumani.org) « a reçu des dizaines de textos de remerciements venus des étudiants, des retours d’une intensité fantastique ! » Un miracle ? Tout simplement une formule gagnante, un résultat quasi automatique qui advient inévitablement dès lors qu’on aborde la nonviolence et son « équipement » .
Intitulées « Initiations aux outils et ressources de la non-violence », les formations concernent « la régulation des conflits, la gestion des émotions, la mise en place de comportements nonviolents ». Autant dire une approche vitale, partout dans le monde et pas seulement à Marseille, pour réagir d’une manière constructive et solidaire, à la perte du lien social, à une société toxique.
La Corse, petite planète insulaire, île de vérité et de transcendance, réservoir de biodiversité et de socialisation à l’échelle humaine, creuset de nouveaux concepts politiques, est en pointe sur cette prise de conscience liée à la nonviolence. De nombreuses formations et journées de sensibilisation se multipliant dans l’île ( Aiacciu, Calenzana, Santa Maria Sicche, Isula-Rossa, PurtiVeccchju, Pruprià, Cervioni…) depuis 2011. La demande « est en hausse croissante » et Jean-François Bernardini amplifie sur place et dans les Bouches-du-Rhône ce qui est déjà un mouvement mondial en devenir. Des sessions et des journées d’informations avaient été organisés à Aubagne et à Marseille «ville soeur » au Lycée Hôtelier impulsés avec le concours de Andre Borrato: « difficile pour moi dit-il d’imaginer une Corse que j’adore où l’on continuerait à s’entretuer pour des conflits de trafic de drogue, de rêglements de comptes. Quand on joue avec le feu on se brûle ! Actuellement il est vrai que Marseille, a encore plus besoin de cette mise en route sur la non-violence. Ici des jeunes sont désocialisés ». Les impacts de ces conférences ? Ils sont exceptionnels. D’autres établissements scolaires des Bouches-du-Rhône, connaissant des situations graves d’incivilités, vont accueillir des journées d’initiations à la nonviolence de la Fondation AFC-Umani, en lien avec le Rectorat de Aix-Marseille. (Contact : boratto.andre@laposte.net). Quand on parle des « paceri faiseurs de paix» de Corse, il faut savoir cela ne s’arrête pas aux limites de l’île. Le Recteur d’Académie d’Aix-Marseille, qui a rencontré Jean-François Bernardini, met en place un programme d’action et de formation départemental en direction des enseignants. Et ce n’est pas tout ! S’annonce un plan d’action national pour la formation initiale et continue des enseignants et personnels de l’Education Nationale dans le cadre des ex IUFM (ÉSPÉ). Là il s’agit de pédagogie pure, qui s’apparente elle-même au dialogue non-violent. Un texte a été voté par le Sénat ( 25 juin 2013) pour diffuser « des formations à la prévention et à la résolution nonviolente des conflits » dans le cadre de la Loi de la Refondation de l’Ecole de la République. Selon Yvette Bailly porte-parole de MAN (Mouvement pour une Alternative Non-violente): « c’est le résultat d'un persévérant travail mené depuis 10 ans par la Coordination pour l’Éducation à la Non Violence et à la Paix. Ces formations permettent aux enseignants de développer ou d’acquérir les compétences nécessaires à la construction d’une école de la bienveillance et de la réussite humaine, pour améliorer le climat scolaire, favoriser les apprentissages.». Le message de la Fondation AFC-Umani une association basée à Bastia ? Jean-François Bernardini : « doit- on toujours faire des choses uniquement pour soi-même ? Non et la nonviolence est un appel universel, ce n’est pas pour rien que nous appelons Umani. Le lien que nous tissons en Corse est fraternel et la non violence est un trésor. » S’appuyant sur une déclaration de Nelson Mandela « dès que nous sommes libérés de nos peurs inévitablement nous libérons les autres » il a joute : « la criminalité est forte à Marseille pourtant la force d’intégration y est toute aussi puissante. Quand je lis que Marseille dévore ses enfants, c’est un mensonge ou plutôt ce n’est pas la vérité entière, 99,99% des Marseillais veulent vivre en paix. De plus, les enfants aujourd’hui où qu’ils naissent, respirent la violence dès le premier jour de leur vie. Il faut recréer du lien social c’est notre engagement. Pour que les gens comptent aussi sur eux-mêmes, la politique, la police, la justice ne règlent pas tout. Peut-on être heureux dans des quartiers où la police ne peut plus intervenir ? Le grand problème reste la passivité, la résignation, la peur. La démission des citoyens est orchestrée par la peur. » Peut-on être un non-violent actif et engagé ? La nonviolence n’est ni passivité, ni déni, ni démission devant les tensions. François Vaillant Rédacteur en Chef de la revue Alternatives Nonviolentes : « les peurs, ont à voir avec l’attitude non-violente. Éprouver et savoir reconnaître une peur, la comprendre en prenant du recul, la domestiquer, cela apporte une force quand il s’agit de réguler un conflit. Il est normal d’avoir peur d’un conflit, mais plus on y entre préparé , plus on est capable de le transformer de manière positive, c’est-à-dire de façon à ce que les antagonistes en sortent gagnant-gagnant. » Cela est exploré lors des formations à la nonviolence : « quand surgit une peur-signal-du-danger ou que réapparaît la toujours même peur d’avoir peur, il est bon d’avoir travaillé sur ses émotions, sur l’écoute de ses sensations corporelles, sur sa respiration, et de savoir prendre du recul pour réfléchir seul ou avec d’autres. » Liliane Vittori.