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Un monument néoclassique plus trois niveaux de verre et d’acier en surélévation : le pari des architectes de Huit et demi a séduit la municipalité de Bastia. Ce collectif marseillais a obtenu le 9 août la maîtrise d’oeuvre pour la rénovation du vaste ensemble Théâtre municipal plus Conservatoire de Musique, Danse, Art dramatique.
Le projet a été présenté le 21 septembre in situ dans le décor feutré de ce théâtre conçu en 1879 par le célèbre architecte italien Andria Scala et déjà restauré en 1981. Pour l’actuelle esquisse de rénovation globale, il y avait 52 candidatures dont celles de prestigieux architectes internationaux: Christian de Porzamparc qui a réalisé la Tour LVMH de New York, Dominique Perrault auteur du Pont monumental à Madrid, Wilmotte architecte de l’Hexagone Balard pour l’Armée Française et aussi Rudy Ricciotti qui signe le Mucem de Marseille.
Avec leur « méthode d’approche collective » les équipes de Huit et demi fédèrent des compétences multiples et se présentent comme « un laboratoire des pratiques de négociation dans la fabrique de la ville en phase avec les désirs des citoyens pour accompagner la métropolisation, les enjeux d’aménagement, les patrimoines anciens et récents, la transition écologique… »
Les grands principes du projet ? Concilier la restauration patrimoniale dans une approche néo classique tout en affirmant l’innovation spatiale de cette superposition sur 3 étages qui sera le Conservatoire de Corse Henri Tomasi. Avec cette surélévation, le Théâtre crée une nouvelle ligne d’horizon, il sera visible depuis les lieux emblématique, de la Place St Nicolas jusqu’à la Citadelle et le Port de commerce. Oser mixer une architecture monumentale patrimoniale avec des structures de verre et d’acier : il y a des précédents. Dont la pyramide transparente de Ming Pei, plantée au milieu de la Cour d’honneur du Louvre à Paris. Ou encore l’extension ultramoderne du Musée des Beaux-arts de Nancy
L’essentiel du propos architectural ? Les façades classiques sont restituées dans leur état d’origine dans un esprit de « sobriété de la volumétrie ». C’est à dire une sensation d’espace, de belle perspective classique, épurée et sans obstacle. La salle centrale sera magnifiée, associée à des espaces flexibles à usages multiples.
Quelle destination pour le péristyle à colonnes? Il devient un hall d’accueil, confortable et lumineux, menant à deux institutions, mais conçu pour dissocier les flux du théâtre et ceux du conservatoire. Sont prévus : un escalier d’honneur vers la salle du théâtre « fluide et enveloppante » (774 places), un patio à gradins (90 places), deux escaliers et deux ascenseurs vers cour et jardin, la restauration de l’auditorium polyvalent à gradins modulable (196 places), une cafetaria, une grande terrasse avec loggia donnant sur le quartier et la Méditerranée. Seront restructurés: le porche arrière, les cheminements autour du théâtre, les jardins et l’esplanade surplombant la rue César Campinchi.
De par sa situation, au coeur des échanges dans la Méditerranée, Bastia et plus particulièrement ce théâtre, ont toujours été au coeur d’un écosystème culturel unique en Corse et tout à fait exceptionnel, en comparaison même de métropoles régionales comme Toulouse, Lille ou Bordeaux. Il se pourrait que Bastia comme d’autres cités européennes, soutienne la comparaison avec San Francisco, Shanghaï ou Marrakech en terme d’effervescence culturelle. A Bastia, les publics ont toujours répondu présent pour cette immense, surprenante et résiliente offre artistique, plurielle, populaire, traditionnelle, savante qui se déploie sur tant de domaines différents: l’actualité de la littérature toutes époques ( on se souvient de Dantissimo), les fonds d’archives, l’édition, la controverse et la recherche historique, les conférences tous sujets dont l’environnement et la mer, le Musée du Palais des Gouverneurs et ses expositions temporaires uniques en Europe. S’ajoute l’exubérance de l’art baroque, les cérémonies traditionnelles religieuses incluant les Confréries, et les nombreux festivals internationaux de BD, de théâtre, de cinéma, d’art lyrique et de musique. Un concentré universaliste, qui reste introuvable ailleurs, avec cette densité et cette qualité.
Pierre Savelli Maire de Bastia: « La politique culturelle menée avec force et conviction durant ces huit dernières années a valorisé les multiples équipements culturels du territoire bastiais, municipaux, associatifs, privés. Salles de spectacle, centres culturels, médiathèques, lieux d’exposition, écoles de musique permettent des programmations foisonnantes et plurielles à destination de tous les Bastiais. Des espaces qui ont accueillis au fil des années les plus grands artistes français, européens et internationaux ».
Le Théâtre municipal qu’on appelait l’Opéra et qui est situé au bout de la rue éponyme est un carrefour culturel majeur qui sera un phare dans le cadre de la Candidature en cours Bastia-Corsica Capitale européenne de la culture 2028. Pierre Savelli: « Le Théâtre de Bastia se transforme en centre culturel avec un conservatoire de musique, de danse, d’art dramatique. Nous répondons de manière optimale à la pluralité des utilisations, objectif essentiel de ce projet, pour un espace clairement identifié et dédié à la diffusion et à l’apprentissage des arts du spectacle vivant. »
Il est financé sur 33 027 734€ par l’Etat (Plan Transformation Investissement pour la Corse), la ville de Bastia et la Collectivité de Corse. Le phasage des travaux? De sept 2022 à février 2024: les diagnostiques ( architectural, technique, stratigraphiques, amiante, géotechnique, caractérisations des ouvrages béton et maçonneries) et les marchés publics. De mars 2024 à septembre 2026 : sont programmés 29 mois de travaux dont la réception est prévue en septembre 2026.
Liliane Vittori ;